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Actualités - OPINION

ANALYSE - Le chef tribal a été tué samedi lors d’une opération militaire contre son repaire L’élimination d’Akbar Bugti risque d’enflammer le sud-ouest du Pakistan

La mort du principal chef tribal du Baloutchistan, tué samedi dans une opération militaire, risque d’enflammer cette province du sud-ouest du Pakistan, riche en gaz et frontalière de l’Iran et de l’Afghanistan, estimaient hier des analystes pakistanais. «C’est une erreur terrible et un désastre », a affirmé à l’AFP le général à la retraite Talat Masood, en ajoutant que la mort de Nawab Akbar Bugti « va créer plus de problèmes qu’elle n’en règle ». « Sa mort brutale va le transformer en martyr et la population va l’idôlatrer, particulièrement les jeunes qui vont y puiser une inspiration pour nourrir leur rébellion », a jugé Talat Masood, un des spécialistes en stratégie les plus respectés au Pakistan. Leader d’une rébellion limitée qui a fait plusieurs centaines de victimes depuis plus d’un an et demi au Baloutchistan, Nawab Akbar Bugti a été tué samedi lors d’une opération militaire contre son repaire où il avait gagné la clandestinité au début de l’année dans les montagnes proches de son fief de Dera Bugti. « Cela va nourrir le nationalisme baloutche et l’aggraver », a jugé le général Masood selon lequel « il n’y pas de solution militaire » aux problèmes du Baloutchistan, qui doivent être réglés « par la voie politique, et celle du développement et de l’intégration de la population dans le courant national ». L’élimination du chef tribal a d’ores et déjà provoqué des émeutes dimanche au Baloutchistan qui ont fait trois morts, dont un policier. Un couvre-feu a été imposé dans la capitale provinciale Quetta, alors que les partis politiques ont appelé à une grève générale de protestation. « Pour l’instant, les militaires gardent le contrôle de la situation, mais à long terme, cela va créer des problèmes pour le président (le général Pervez) Musharraf », a estimé de son côté l’ancien professeur de sciences politiques Hassan Askari. « Une des principales conséquences de l’élimination de Bugti va être la radicalisation des forces nationalistes et extrémistes » au Baloutchistan, a-t-il estimé en rappelant que le régime de Musharraf faisait déjà face à une situation difficile à l’ouest dans les zones tribales et à l’est avec l’Inde. Professeur d’études islamiques à l’Université américaine de Washington et ancien ambassadeur du Pakistan à Londres, Akbar Ahmad souligne quant à lui les dangers de l’insécurité au Baloutchistan, en raison de sa proximité avec l’Iran et l’Afghanistan. « La guerre contre le terrorisme se concentre dans cette région, et l’instabilité au Baloutchistan aura des répercussions à différents niveaux dans cette région », a-t-il affirmé à la télévision britannique BBC. Le quotidien libéral anglophone Daily Times qualifiait hier l’élimination de Nawab Bugti de « plus grosse bourde depuis l’exécution de (Zulfikar Ali) Bhutto », l’ancien Premier ministre renversé en 1977, puis condamné à mort et exécuté en 1979 par le dictateur militaire Zia-ul Haq. « Le Baloutchistan est prêt à s’enflammer à tout moment », affirme un éditorial du quotidien en soulignant que son élimination avait fait de Nawab Bugti « une icône de l’histoire de la résistance du Baloutchistan au pouvoir central ». « Perçu par ses partisans comme un défenseur des droits des Baloutches et par ses détracteurs comme un seigneur féodal faisant obstacle au développement de sa province, Nawab Bugti verra son héritage lourdement controversé », tempérait de son côté un éditorial du quotidien anglophone généraliste The News. « Le gouvernement espère que sa mort marquera le début de la fin des troubles dans la province. D’un autre côté, elle risque aussi de renforcer la forte défiance envers Islamabad d’une grande partie de la population du Baloutchistan », ajoutait le quotidien. « Sa mort va jeter une ombre durable sur les relations entre la province et le régime d’Islamabad », concluait The News. Masroor GILANI (AFP)
La mort du principal chef tribal du Baloutchistan, tué samedi dans une opération militaire, risque d’enflammer cette province du sud-ouest du Pakistan, riche en gaz et frontalière de l’Iran et de l’Afghanistan, estimaient hier des analystes pakistanais.
«C’est une erreur terrible et un désastre », a affirmé à l’AFP le général à la retraite Talat Masood, en ajoutant que la...