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Actualités - CHRONOLOGIE

L’Office pour la coordination des affaires humanitaires de l’ONU désormais présent au Liban « Les organismes étatiques effectuent un énorme travail sur le terrain », souligne le responsable de l’OCHA à Beyrouth

Le Liban est désormais un pays sinistré et sa population a besoin de l’aide humanitaire internationale. Un tel énoncé relève d’une lapalissade, mais il pourrait aider à comprendre pourquoi l’Office pour la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) est désormais présent à Beyrouth, à l’hôtel « Mövenpick ». Comme son nom l’indique, l’organisme contrôle et coordonne les activités des nombreuses agences onusiennes qui opèrent sur le terrain. Pour David Shearer, responsable de l’OCHA au Liban, « l’aide humanitaire n’est pas une solution », car elle est comparable à des béquilles qu’on utilise pour aller mieux. M. Shearer dénonce le blocus israélien, déclarant à ce propos : « Pour que le pays survive économiquement, l’état de siège imposé par Israël doit être levé. » Dans un entretien avec « L’Orient-Le Jour », il a voulu mettre l’accent sur « les particularités positives du Liban », rappelant cependant que malgré le cessez-le-feu et le retour de 90 % des déplacés dans leurs villages, la situation demeure fragile. Il reste que, selon M. Shearer, l’État effectue déjà un « énorme travail sur le terrain ». L’OCHA œuvre dans l’urgence dans les zones en conflit ou dans les régions théâtre de catastrophes naturelles. L’organisme onusien est actuellement présent dans plusieurs pays, notamment au Soudan, au Congo et dans d’autres pays d’Afrique. Il a également un siège au Pakistan (tremblement de terre), en Thaïlande (tsunami)... Jusqu’en juillet dernier, l’OCHA n’avait jamais été représenté au Liban. Mais beaucoup de choses ont changé depuis... Sur les principales routes de Beyrouth et ses alentours, on croise au quotidien des convois de camions ou de simples véhicules portant les drapeaux ou les sigles d’organismes onusiens qui opèrent généralement dans des pays extrêmement pauvres. Et en plein mois d’août à Beyrouth, le Mövenpick n’est plus un hôtel qui grouille de touristes, et qui propose loisirs et activités sportives. L’établissement s’est transformé en une ruche abritant les locaux d’organismes de l’ONU opérant sous la houlette de l’OCHA. Cet office chapeaute actuellement au Liban le travail de huit agences et organisations onusiennes, dont notamment le Programme alimentaire mondial (PAM) – organisme qui distribue des aides alimentaires et qui n’a jamais opéré au Liban avant le conflit entre Israël et le Hezbollah – le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) – qui avait un bureau au Liban avant la guerre mais dont les effectifs ont augmenté après l’opération du 12 juillet –, l’Unicef, l’OMS, le Fnuap et le PNUD. Départs et retours extrêmement rapides Au début du conflit, en juillet dernier, ces agences onusiennes ont organisé rapidement leur travail humanitaire. Le rythme accéléré qui a marqué cette guerre, le responsable de l’OCHA le met en évidence, mais dans un autre contexte : « Au Liban, tout s’est passé trop vite », dit-il. Ainsi, citant les particularités libanaises, M. Shearer met l’accent sur « le déplacement extrêmement rapide et hors du commun d’un quart de la population du pays, que ce soit sur les plans du départ des villages ou du retour au Sud ». « Aujourd’hui, 90 % des déplacés du Liban-Sud sont rentrés chez eux. Certains n’ont plus de maison, mais ils sont accueillis sur place par des proches ou de amis », indique-t-il. Toujours dans le cadre des particularités libanaises, le responsable de l’OCHA évoque « l’ampleur des dégâts occasionnés à l’infrastructure » et « les énormes pertes humaines dans les rangs des civils. Ces derniers étaient les grandes victimes de cette guerre ». « Je pensais que le fait de prendre pour cible les infrastructures civiles n’était plus de mise au XXIe siècle. Je croyais que cela appartenait désormais au siècle dernier », lance ce Néo-Zélandais à la poignée de main chaleureuse. M. Shearer dénonce également le blocus qu’Israël continue d’imposer au Liban, expliquant que ce dossier n’est pas uniquement politique, mais aussi humanitaire : « Si l’état de siège se poursuit, la situation économique continuera de se détériorer et la population s’appauvrira. Le Liban ne pourra pas survivre économiquement. L’aide humanitaire n’est pas une solution, elle est plutôt comparable à des béquilles qu’on utilise pour aller mieux. La levée de ce blocus constitue le plus important défi à relever actuellement », ajoute-t-il. Évoquant la différence qui existe entre le Conseil de sécurité et les autres organisations onusiennes, le responsable de l’OCHA souligne que l’organisme qu’il représente peut sensibiliser la communauté internationale à la nécessité de lever le blocus et que cette dernière pourrait faire pression à son tour sur Israël. M. Shearer note également qu’après le cessez-le-feu, c’est l’OCHA qui s’est chargé d’assurer le feu vert, pour le compte du gouvernement libanais, afin que les Israéliens permettent à certains cargos chargés de carburants d’accoster sur le littoral libanais. Depuis le début des événements, l’ONU a affrété deux bateaux faisant régulièrement la navette entre Chypre et Beyrouth, afin d’assurer et d’acheminer des aides au Liban et qui ont atteint 3 500 tonnes réparties sur une multitude de produits, dont certains ne pèsent pas trop lourd, notamment les médicaments, les couches-culottes ou encore les matelas en éponge, généreusement distribués aux déplacés. Pour l’achat de ces produits et l’organisation de l’aide humanitaire, l’ONU avait appelé la communauté internationale à consacrer 150 millions de dollars au Liban. Environ 80 millions de dollars ont pu être rassemblés. Les efforts de l’État Concernant les activités des organismes onusiens opérant actuellement au Liban dans le cadre humanitaire, M. Shearer indique qu’elles parent au plus urgent. Ainsi, les déplacés qui rentrent dans leurs villages ont surtout besoin de carburant pour faire fonctionner les pompes à eau et les générateurs d’électricité. Ils ont également besoin d’eau propre et potable. Le responsable de l’OCHA tient à mettre l’accent sur le travail effectué par l’État libanais, soulignant l’importance « de le soutenir dans la phase de redressement et de l’aider dans les actions qu’il entreprend ». « Déjà, indique-t-il, l’État, ses ministères et ses municipalités sont en train d’effectuer un énorme travail sur le terrain, surtout en ce qui concerne le remblayage des routes, la restauration du réseau électrique... » Interrogé sur la phase de redressement, le coordinateur de l’aide humanitaire de l’ONU au Liban indique qu’elle a commencé avec le retour des déplacés, et concerne notamment la réhabilitation des infrastructures et le soutien à la population. Il cite en exemple dans ce cadre des programmes destinés aux enfants traumatisés par le déplacement, la mort et la guerre. Il évoque également la construction, à l’avenir, d’abris temporaires aux populations qui ont perdu leurs maisons. M. Shearer s’inquiète aussi de la fragilité du cessez-le-feu. « Alors que nous allons très rapidement vers le redressement, nous sommes préoccupés par la situation des semaines et des mois à venir, dit-il. Dans ce cadre, la planification devient très difficile. Dans d’autres conflits, les choses ne commencent pas et ne s’arrêtent pas d’une manière aussi soudaine, mais elles changent progressivement », indique-t-il, toujours surpris d’avoir vu « un cessez-le-feu programmé pour le 14 août à 8 heures du matin » changer complètement la donne et, bien sûr, la manière de travailler sur le terrain. Avant le cessez-le-feu, l’acheminement de l’aide vers le Sud – qui ne bénéficiait pas souvent du feu vert israélien – posait problème. De plus, malgré la notification du passage du convoi humanitaire, des obus tombaient parfois à proximité des véhicules arborant les couleurs onusiennes. Depuis le 14 août, les aides de l’ONU sont acheminées au quotidien dans divers villages du Liban-Sud. Le travail s’effectue tous les jours, selon les besoins de la population. Patricia KHODER
Le Liban est désormais un pays sinistré et sa population a besoin de l’aide humanitaire internationale. Un tel énoncé relève d’une lapalissade, mais il pourrait aider à comprendre pourquoi l’Office pour la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) est désormais présent à Beyrouth, à l’hôtel « Mövenpick ». Comme son nom l’indique, l’organisme...