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Automobile - 56e édition de la compétition de beauté et d’élégance pour les voitures de collection À Pebble Beach, les milliardaires concourent... les millionnaires regardent

«Ne pensez même pas à toucher une des voitures, on vous tuerait », prévient un responsable de l’organisation du concours d’élégance automobile de Pebble Beach, où seuls les nababs s’alignent et où les riches ont juste le droit d’admirer. Alors que les entrées d’air maritime sur la péninsule de Monterey ont étouffé l’été californien et donné au panorama de la baie de Carmel un air de Nouvelle-Angleterre, le parcours du 18e trou du golf de Pebble Beach est envahi en ce dimanche après-midi par une foule élégante, blazer bleu sur pantalon clair pour les hommes, robe d’été à fleurs et chapeau pour les femmes. Chiens de race en laisse, coupe de champagne à la main, cette communauté d’où s’exhalent des effluves de cigares et de parfums coûteux butine autour de quelque 170 voitures, pour la plupart des exemplaires uniques. « C’est le plus prestigieux concours automobile du monde, point barre », souligne Michael Hollander, responsable de la communication de cet événement qui a attiré lors de sa 56e édition des concurrents de 13 pays et 27 États américains, pour un plateau évalué à 200 millions de dollars. Parmi ces automobiles exceptionnelles, des coupés et cabriolets aux lignes extravagantes des années 30 et 40, à l’époque où les têtes couronnées et les stars de Hollywood roulaient français grâce à des marques comme Bugatti, Delahaye ou Delage. Aime ta Voisin... Mais pour rafler le « Best of Show », le prix le plus prestigieux de Pebble Beach, il faut d’abord passer le redoutable examen des juges. « Chaque boulon compte, c’est à ce point-là », indique M. Hollander. « C’est comme un contrôle technique », explique pour sa part Phillip Moch, un collectionneur français de voitures Voisin, marque honorée cette année. Trois juges examinent sous toutes les coutures son coupé C 27 Aérosport de 1934, un modèle à la ligne époustouflante doté d’une planche de bord digne d’un avion. Il a mis trois ans à reconstruire ce véhicule à partir de pièces éparses et l’a fait transporter en Californie depuis la France, spécialement pour l’événement. Tandis que les haut-parleurs susurrent de la musique Grand Siècle et que le public sirote des martinis sur le gazon, les juges, très concentrés, évaluent trois critères : état mécanique – les voitures doivent démarrer et rouler –, élégance et respect de l’origine. Dans ce monde où le mieux est rarement l’ennemi du bien, quelques entorses sont pourtant tolérées, comme ce cabriolet Voisin, au même châssis que la voiture de M. Moch et où le propriétaire a installé une sellerie en cuir... d’autruche. Et tout cela pour la beauté du geste et le prestige de s’aligner à Pebble Beach, où les vainqueurs ne touchent pas d’argent. Pas même pour le « Best of Show » attribué pour cette édition à une « Daimler Double-Six 50 Corsica Drophead Coupé » de 1931, propriété d’un collectionneur du Nevada. « Ce n’est pas vraiment un problème, les gens ici n’ont pas besoin de plus d’argent, ils sont déjà en haut de la chaîne alimentaire », commente Gary Schroeder, un entrepreneur californien qui a aligné la voiture de course construite par son père et classée parmi les 10 premières lors des 500 miles d’Indianapolis en 1950. Mais la décontraction des « happy few » qui ont déboursé 150 dollars pour leur billet d’entrée contraste avec la tension visible chez les propriétaires lorsque l’heure de l’examen arrive. « Celle-là a seulement un feu de stop qui marche », remarque un juge en détaillant la voiture du Britannique Malcolm Welford. La sublime Talbot Lago T26 de 1951, un modèle ayant couru aux 24 Heures du Mans et pour lequel bien des collectionneurs se damneraient, est impitoyablement recalée.
«Ne pensez même pas à toucher une des voitures, on vous tuerait », prévient un responsable de l’organisation du concours d’élégance automobile de Pebble Beach, où seuls les nababs s’alignent et où les riches ont juste le droit d’admirer.
Alors que les entrées d’air maritime sur la péninsule de Monterey ont étouffé l’été californien et donné au panorama de...