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La guerre au Moyen-Orient ne fait que commencer

Des décombres de Beyrouth aux plaines syriennes. De l’apparente tranquillité de Amman au désordre du Caire, échapper à la folie meurtrière israélienne ne fut pas un pèlerinage estival pour ma femme et moi. Le Liban est en ruines, les populations civiles traumatisées et le paysage politique libanais plus sombre que jamais. L’avenir du pays du cèdre revêt la robe sombre de ses plages désormais irréparablement souillées par les soins d’Israël et de son armée de «défense». Sans doute le Hezbollah préparait-il une invasion massive des côtes de Tel-Aviv à l’aide de poissons-chats truffés de TNT. Un pays assassiné sous nos yeux et grâce à notre silence. Pourquoi? Des enfants pulvérisés aux armes chimiques interdites. Pourquoi? Des villages entiers rasés au phosphore. Pourquoi? Du personnel humanitaire décapité intentionnellement en toute impunité. Pourquoi? Un cessez-le-feu qui n’apporte à Ehud Olmert que la honte du retrait. Pourquoi? Au Liban, plus personne ne croit à l’ONU désormais poignardée dans le dos par John Bolton. Plus personne ne croit ni à l’Europe ni aux États-Unis d’Amérique. «Ils sont tous à la botte d’Israël», nous dit-on. Qui pourrait bien leur donner tort? Nous pensons tous que ce «cessez-le-feu» n’est en réalité qu’un banal retrait stratégique destiné à discréditer Ehud Olmert devenue la risée de tous les faucons de guerre israéliens, tout en préparant le retour de B. Netanyahu aux affaires. Connaissant les aspirations pacifiques du bonhomme, la suite des événements aura, je vous le promets, un arrière-goût de déjà-vu; la démolition programmée du Liban n’est qu’un pas de plus vers l’isolement total de la Syrie. Israël et Bush vont nous trouver n’importe quel prétexte pour justifier une attaque massive sur Damas en réponse à une soi-disant provocation gratuite du régime d’Assad. Le Liban n’était-il qu’une sorte de répétition générale avant l’ouverture de cette symphonie de destruction composée ces dix dernières années par nos géniaux maestros toujours plus épris de démocratisation? Il ne faut pas s’appeler Michel Hayek (le Nostradamus libanais) pour comprendre que le prochain mouvement de cette symphonie n’aura malheureusement pas la douceur d’un adagio: une attaque délibérée sur la Syrie provoquerait une réponse brutale de l’Iran sur Israël. Il est donc clair que l’axe US-Israël frappera le premier, plus que probablement à l’aide de leur technologie d’armement «micronucléaire» ne souffrant même plus du qualificatif d’«armement atomique» grâce aux distorsions interminables du vocabulaire commun, désormais politique maison au même Pentagone. Tout cela en prétextant l’existence d’un invérifiable arsenal nucléaire en Iran. Nous savons tous que la seule et unique doctrine d’actualité chez notre ami Donald Rumsfeld demeure celle de la guerre préventive. Les Afghans et les Irakiens ont déjà eu un aperçu des ravages de cette politique dont les grandes lignes ont été écrites il y a dix ans, à Jérusalem, par Richard Perle, Benjamin Netanyahu et consorts («A Clean Break – A New Strategy for Securing the Realm»). Ce n’est qu’en parfaite compréhension de ces documents – disponibles librement sur le Net – que nous pouvons clairement interpréter le génocide se déroulant sous nos yeux. Le calendrier international impose en effet un tel retrait stratégique : d’ici peu, Bush et Blair devront à nouveau affronter leurs électorats respectifs. Ils ne peuvent se permettre qu’un débat public sur le désordre irakien n’entrave leur agenda militaire. Il est urgent de renverser la vapeur et de tenir l’opinion européenne informée de ce qui se trame en coulisses. Il est urgent de retourner ces formidables outils démocratiques que sont la presse écrite, la presse télévisée et Internet contre ces criminels qui s’en servent pour asseoir leur politique suicidaire. D’ouvrir un débat clair, ouvert et constructif sur les conséquences de leur guerre contre le «terrorisme», de l’implantation de sites nucléaires offensifs en Europe sous le couvert des accords passés à l’OTAN (en Belgique, en Italie, aux Pays-Bas, en Allemagne.), de remettre sur la table les tractations militaires entre Israël, la Turquie et l’OTAN; tractations qui se sont déroulées chez nous, en Europe, grâce à l’accord tacite de nos dirigeants. Il est urgent de remettre sans cesse en question le bien-fondé de la doctrine dévastatrice des guerres préventives désormais adoptées par bon nombre de leaders européens dont Chirac n’est pas le moindre des exemples récents. Il est urgent d’informer le public du rôle de plus en plus important pris par le Pentagone au détriment de la CIA, qu’il ne juge même plus bon d’informer de ses actes et de ses décisions. Des visites de plus en plus fréquentes des experts militaires américains en Israël, des exercices militaires à caractère nucléaire entrepris en mer Méditerranée par la Turquie, Israël et l’OTAN, de la construction du pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan censé relier la mer Caspienne au port israélien d’Eilat, en passant par le littoral syro-libanais au nez et à la barbe de ces deux pays supposés être anéantis d’ici peu par les attaques programmées de l’Administration Bush, du rôle malsain joué par la Turquie au Moyen-Orient de par ses accords militaires avec Israël. De cette même Turquie censée rejoindre bientôt les 25 et dont nous ne pouvons nous permettre qu’elle ternisse notre image au Moyen-Orient, sous peine d’en avoir à subir les affres dans toutes nos capitales. Il est urgent de rouvrir les colonnes d’investigations dans nos journaux et de documenter ces dernières des rapports facilement disponibles sur le Net, suite à la «déclassification» de ces comptes rendus militaires bien plus qu’inquiétants. Il est urgentissime d’entreprendre ce que nos gouvernements ont abandonné, à savoir une information honnête, directe et appuyée de nos citoyens. Information qu’ils ont vite fait de remplacer par des alertes terroristes à tout vent. Alertes soigneusement orchestrées dans le seul et unique but de maintenir le niveau minimum de peur nécessaire aux discours belliqueux et aux aventures militaires les plus délirantes. Seule une réaction d’envergure dans l’opinion européenne pourrait nous éviter d’avoir à penser à l’impensable ; une agression non provoquée sur l’Iran, agression approuvée par un public rendu abruti par de nouveaux actes terroristes aux origines aussi douteuses qu’invérifiables et par des accusations du même acabit que les mensonges sur les armes de destruction massive de Saddam Hussein. Le compte à rebours a déjà commencé avec le «cessez-le-feu» de lundi matin. D’ici peu, MM. Blair et Bush feront de nouveau face à leur électorat. Tout porte à croire qu’une offensive sur l’Iran aura lieu avant ces échéances clairement défavorables à ces hommes de plus en plus contestés. Les conséquences d’une telle guerre au Moyen-Orient seront incalculables pour nous tous. Il ne s’agira pas seulement de s’accommoder d’un baril de pétrole échangé à plus de 150$. Il nous faudra à tous payer le prix d’une explosion intercommunautaire à l’envergure incontrôlable, d’une insécurité grandissante et d’un mode de vie qui risque d’être sérieusement compromis dans les années qui viennent. À nous de choisir le dialogue et l’information, en lieu et place de l’agression et de l’aveuglement. À nous de choisir la vie et non pas la mort, surtout s’il s’agit de celle des autres. À nous de nous retrousser les manches dès aujourd’hui et de demander des comptes à nos dirigeants. À nous de prendre le temps de les harceler par e-mail, téléphones, courrier, jusqu’à ce qu’ils nous répondent. Notre liberté et notre avenir ont un prix. À nous d’en déterminer la valeur. Dominique WARREYN LE CAIRE
Des décombres de Beyrouth aux plaines syriennes. De l’apparente tranquillité de Amman au désordre du Caire, échapper à la folie meurtrière israélienne ne fut pas un pèlerinage estival pour ma femme et moi.
Le Liban est en ruines, les populations civiles traumatisées et le paysage politique libanais plus sombre que jamais. L’avenir du pays du cèdre revêt la robe sombre...