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Actualités - CHRONOLOGIE

Basket-ball - Les championnats du monde commencent samedi Les Libanais ont la tête ailleurs

«Dans sa chambre d’hôtel à Ankara, Fadi el-Khatib, la star du basket libanais, a la mine sombre, écrit Guillaume Perrin, de Reuters. Ce grand gaillard au torse tatoué, crâne rasé, qui porte autour du cou un chapelet de pèlerin, essaye de se concentrer. “ Mais nous souffrons. On ne sait pas qui va prendre la prochaine bombe. Peut-être cela va-t-il tomber sur notre maison ”, dit-il. À l’entraînement, les 12 joueurs écoutent d’une oreille distraite les consignes du coach américain, Paul Coughter. Et entre deux séances de tirs ou de double-pas, ils parlent du Hezbollah plus que du Venezuela, leur premier adversaire aux championnats du monde de basket qui débutent au Japon le 19 août. Au terme d’une préparation chaotique, l’équipe nationale du Liban n’aura pour ambition que de porter un message de paix, plus que de briller sportivement. Placé dans le groupe A, en compagnie de la France, de la Serbie, championne du monde, de l’Argentine, championne olympique, du Nigeria et du Venezuela, le Liban aura fort à faire. Vice-championne d’Asie 2005, défaite en finale par la Chine (77-61), l’équipe se présente totalement hors de forme, perturbée par le conflit qui fait rage dans son pays depuis le 12 juillet. Jean Abdelnour, jeune chrétien de 22 ans et ailier des Blue Stars de Beyrouth, constate qu’il est “vraiment dur de jouer au basket dans ces conditions. C’est impossible d’être concentré à 100% quand nos familles sont sous les bombes ”. Résister « “ Mais c’est un championnat du monde, et pour les Libanais, c’est important que nous jouions. ” Réunis en stage de préparation, les joueurs libanais se trouvaient à Bikfaya, paisible village sur les hauteurs de Beyrouth, lorsque le conflit a éclaté. “Nous étions à l’hôtel, raconte Bassem Balaa, un ailier de 24 ans qui évolue au club La Sagesse. Nous pensions que cela n’allait pas durer, mais après une semaine de bombardements, nous sommes partis rejoindre nos familles. Je pensais que les championnats du monde étaient finis pour nous. ” Le Liban devait partir disputer la Stankovic Cup puis achever sa préparation en France. Tout a été annulé, et la fédération a tenté de remobiliser les joueurs. “Il fallait prendre une décision : se retirer de la compétition ou y participer pour délivrer un message de paix”, explique Georges Kilzi, directeur de la délégation libanaise. Le 18 juillet, la décision est prise. Les joueurs sont regroupés et emmenés à Amman, en Jordanie, en bus pour reprendre leur préparation. “Tout le monde a un peu craqué psychologiquement, raconte Khalil Nassar, le kiné de la sélection. Mais il faut résister. ” À chaque occasion, les joueurs s’arrêtent devant un écran de télévision pour regarder les dernières nouvelles de leur pays. Le soir, ils s’éclipsent du dîner pour aller passer des heures au téléphone avec leur famille. De Amman, les joueurs du pays du Cèdre ont pris la direction d’Ankara pour y disputer un tournoi du 28 au 30 juillet. Deux défaites contre la Turquie (90-61) puis la Slovénie (88-66), et un match nul contre le Qatar (75-75) ont mis en évidence les lacunes physiques de l’équipe. Le basket est le sport le plus populaire au Liban, loin devant le football. L’équipe nationale de ce pays de quatre millions d’habitants participera pour la deuxième fois aux championnats du monde. En 2002, à Indianapolis, le Liban avait disputé trois matchs, pour trois défaites. »
«Dans sa chambre d’hôtel à Ankara, Fadi el-Khatib, la star du basket libanais, a la mine sombre, écrit Guillaume Perrin, de Reuters.
Ce grand gaillard au torse tatoué, crâne rasé, qui porte autour du cou un chapelet de pèlerin, essaye de se concentrer.
“ Mais nous souffrons. On ne sait pas qui va prendre la prochaine bombe. Peut-être cela va-t-il tomber sur notre maison...