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Des kilomètres à pied pour un vieux grand-père au secours des siens

Sami Messelmani, 75 ans, a parcouru à pied des dizaines de kilomètres entre la côte méditerranéenne et les montagnes escarpées pour ravitailler ses enfants et petits-enfants démunis après avoir fui l’offensive israélienne, rapporte Béatrice Khadige, de l’AFP. Grand, maigre, le visage émacié et le regard vif, ce pêcheur est parti dimanche de sa ville de Tyr jusqu’au village de Béqaata, dans le Chouf, pour en revenir hier déterminé à refaire la route avec davantage d’aide pour secourir les siens. « J’ai parcouru à pied l’essentiel de la route entre Tyr et Béqaata où mes quatre garçons et leurs huit enfants sont bloqués », raconte ce vieil homme édenté, le cheveu et la barbe blancs, les larmes aux yeux. « Mes quatre fils, leurs femmes, leurs huit enfants sont partis il y a trois semaines vers le nord pour plus de sécurité », raconte le pêcheur, qui travaillait avec eux à bord de deux barques dûment acquises en 60 ans de labeur. « Mes enfants m’ont fait savoir qu’ils n’avaient plus grand-chose après avoir dépensé en trois semaines chacun 800 000 livres » et partagé avec les autres déplacés les vivres dont ils disposaient. « Il y a 50 familles environ qui dorment dans cette école à même le sol, sur des chiffons et des tissus. Il n’y a pas de matelas, affirme Sami Messelmani. Et mes enfants ont tout dépensé, car il n’y a aucune aide de nulle part. » « Je n’aurais jamais imaginé vieillir pour vivre cela. Je suis parti avec douze paquets de nourriture qu’on nous avait distribués ici », raconte-t-il, en évoquant les colis apportés par le CICR aux habitants de Tyr. Son odyssée l’a mené à pied jusqu’à Saïda, distante d’une trentaine de kilomètres, où il a dormi, épuisé, sous un porche. Puis il a pris une voiture jusqu’à Baakline, non loin de Béqaata. « Cela m’a coûté 7 000 livres, dit-il, mais j’ai dû finir à pied mon voyage », soit environ cinq kilomètres. « Quand je suis arrivé, ils étaient affamés, les enfants quasiment nus pleuraient », dit-il de ses petits-enfants âgés de trois à dix ans. Le grand-père a passé la nuit avec eux sans fermer l’œil, buvant du café et se faisant raconter toutes les difficultés de ces déplacés « oubliés de tous ». Sa décision était prise: il lui fallait retourner à Tyr, puis refaire le voyage avec un peu d’argent et des vêtements pour les petits. « J’ai pris la route à 5h00 du matin mardi et je suis arrivé à Saïda à minuit », soit une trentaine de kilomètres à travers les montagnes. « J’ai trouvé une orange tombée de je ne sais où sur la route, et c’est tout ce que j’ai mangé », ajoute-t-il. « J’ai fini la route pieds nus, tellement j’avais d’ampoules et de blessures dans mes savates en plastique », raconte-t-il en montrant ses pieds calleux meurtris de petites plaies. Là encore, il passe la nuit à la belle étoile. Le lendemain matin, hier, des journalistes l’emmènent jusqu’au fleuve Litani qu’on ne franchit plus qu’à pied, les Israéliens ayant détruit les deux ponts qui l’enjambaient. Il passe donc sur le tronc d’arbre reliant les deux rives et parcourt « seul, sans un bruit autour, par un soleil torride », les 12 derniers kilomètres qui le séparent du centre de Tyr. « J’ai lavé et préparé leurs vêtements. J’en ai trois sacs maintenant et j’ai un peu d’argent. Il faut que je reparte demain, martèle le vieux pêcheur. Je ne peux pas laisser mes petits. Si les Israéliens devaient entrer dans Tyr, je les accueillerais, même s’ils devaient pour cela avoir détruit la Résistance. Je ne peux pas supporter l’idée de voir souffrir les enfants. Pourquoi devraient-ils mourir, eux ? »

Sami Messelmani, 75 ans, a parcouru à pied des dizaines de kilomètres entre la côte méditerranéenne et les montagnes escarpées pour ravitailler ses enfants et petits-enfants démunis après avoir fui l’offensive israélienne, rapporte Béatrice Khadige, de l’AFP. Grand, maigre, le visage émacié et le regard vif, ce pêcheur est parti dimanche de sa ville de Tyr jusqu’au village de...