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Actualités - CHRONOLOGIE

Médecins sans frontières : cinq équipes au chevet du Liban

Présente à Beyrouth depuis le 18 juillet, l’organisation internationale Médecins sans frontières s’active sur plus d’un front pour apporter à la population libanaise, en particulier les déplacés, un support tant médical que social, psychologique et humain. Le 7 août, alors qu’un convoi de camions transportant des aides envoyées par Médecins sans frontières (MSF) vers les villages frontaliers du Sud s’apprête à traverser le pont de Qassmieh qui enjambe le Litani, celui-ci est bombardé ! Les quatre tonnes de matériel médical et d’aide de première nécessité qu’apportait le convoi seront acheminées d’une rive à l’autre à bout de bras, sur un tronc d’arbre faisant office de pont de fortune ! Un exemple parmi d’autres des difficultés auxquelles se heurte l’organisation internationale humanitaire non gouvernementale dans son action au Liban. Sauf que ces médecins, infirmières et logisticiens qui accourent partout dans le monde au chevet des victimes de conflits armés ou de catastrophes naturelles en ont vu d’autres. Certes, l’absence de corridors humanitaires rend leur mission encore plus difficile, notamment pour ce qui est de l’accès des aides d’urgence aux populations isolées du Liban-Sud, mais leur grande expérience des situations de catastrophe apporte une assistance précieuse aux organisations locales et internationales avec lesquelles ils collaborent. Car, pour les cinq équipes de MSF en activité au Liban, il s’agit surtout de coopérer avec les associations libanaises, qui, selon Stephan Grosse-Rueschkamp, attaché de presse de MSF à Beyrouth, « effectuent presque tout le travail dans les zones de combat ». En l’absence de garanties de sécurité et en raison de la destruction des infrastructures, il est très difficile de se déplacer dans les villages du Sud. Ce sont surtout les autorités médicales, les associations locales et les populations qui assument l’essentiel des soins et des secours sur place. C’est pourquoi, hormis des opérations ponctuelles d’envoi de médicaments et de biens de première nécessité aux populations assiégées, MSF a concentré, dans un premier temps, son action sur l’aide aux réfugiés. Cela se traduit par une assistance apportée aux plus démunis par le biais de cliniques mobiles. Composées d’un médecin, d’un ou d’une infirmière, et incluant parfois des bénévoles locaux, ces cliniques, qui se déplacent dans Beyrouth, dans la région de Aley et du Chouf, à Jezzine, Tyr, et Saïda, se chargent essentiellement des consultations médicales et de l’approvisionnement en médicaments, notamment pour le traitement de maladies chroniques. Par ailleurs, des équipes de logisticiens s’occupent, quant à elles, du recensement des besoins et de leur fourniture : distribution de kits d’hygiène, de batteries de cuisine, de matelas, de couvertures et de produits alimentaires (en particulier le lait pour enfants) dans les écoles et les jardins publics occupés par les familles déplacées... « Une aide matérielle apportée, à ce jour, à plus de vingt-cinq mille personnes», estime Stephan Grosse-Rueschkamp, qui souligne que « l’action de MSF comble les demandes non couvertes par d’autres organismes. Ainsi, à Aley par exemple, on a identifié un besoin au niveau des médicaments pour les maladies qui frappent les personnes vulnérables (vieillards et enfants). À Tyr, Saïda, Nabatiyeh, Jezzine et Jebb Jennine, on a envoyé du matériel chirurgical, des anesthésiants et des perfusions intraveineuses aux hôpitaux de la région qui, à part le problème du fuel, montrent de solides capacités au niveau du personnel médical et soignant. » « Cependant, vu l’intensité des bombardements à Tyr, nous y avons également installé un bloc opératoire qui suppléera en cas d’urgence et de surcharge des hôpitaux. De plus, nous avons ouvert un dispensaire près de l’hôpital Bachour, qui effectue près de 100 consultations par jour », signale Sergio Cecchini, en mission à Tyr. Cliniques mobiles et matériel de première nécessité À Beyrouth, où avec l’augmentation constante de nouveaux arrivants, les conditions – déjà très précaires – de vie des réfugiés se détériorent de plus en plus, certains ne trouvant refuge que dans les parkings en sous-sol, deux cliniques mobiles ont été mises à disposition pour apporter un soutien accru, notamment dans le domaine des soins médicaux et des problèmes mentaux. « 20 à 30 % des consultations sont en effet psychologiques et sont prises en charge par notre psychologue », assure l’attaché de presse. Un besoin en eau potable se fait également sentir dans ces sous-sols surbondés, et là encore ce sont les opérateurs de MSF qui vont rapidement agir pour assurer les réservoirs et distributeurs d’eau nécessaires. Si certains produits vitaux (comme l’eau, les matelas...) sont achetés sur place, l’approvisionnement en équipement médical et de première nécessité se fait via Larnaca. Environ 250 tonnes de matériel de secours ont été envoyées vers le Liban. Sauf qu’à cause du blocus quasi hermétique, l’acheminement du matériel se fait au compte-gouttes. Responsable du fret international, Marc Shakal assure attendre la livraison dans les 24 heures d’une cargaison de 12 000 kits d’hygiène. Ce Libanais de 32 ans, engagé auprès de Médecins sans frontières depuis cinq ans, se sent particulièrement concerné par cette mission dans son pays d’origine. « On essaye de couvrir tous les besoins principaux des premières semaines de crise. J’espère que ce que l’on fait apporte quelque chose, et en même temps le problème est beaucoup plus global. On se sent un peu petit par rapport à l’ampleur de ce qui arrive », dit-il désemparé. Un sentiment d’impuissance qui concerne en particulier les régions soumises à un blocus accablant, où les produits vitaux s’épuisent. L’escalade de la violence empêchant l’aide humanitaire d’accéder aux populations, celles-ci sont menacées de mort. C’est pourquoi MSF a décidé de braver l’interdiction de se déplacer faite par Israël. Lequel, jusque-là, n’a pas épargné les convois, pourtant facilement identifiables, de MSF (des véhicules tout-terrain blancs, frappés du logo rouge de l’organisation internationale), qui ont échappé de peu, ces derniers jours, à ses frappes aériennes. Néanmoins, et en dépit du risque à prendre, Rowan Gillies, porte-parole de MSF internationale, a déclaré que l’organisation « refuse d’accepter cette paralysie de l’aide humanitaire. Nous continuerons malgré l’interdiction de se déplacer d’apporter par tous les moyens possibles une aide médicale et vitale à celles et ceux qui en ont besoin ». Une déclaration de guerre à la barbarie. Pour ces engagés dans le combat en faveur de l’humain, qui rejettent toute classification héroïque – « Nous ne sommes ni des héros, ni des aventuriers, ni non plus des chevaliers des temps modernes. Nous sommes uniquement des techniciens qui tendons à apporter une aide aux populations souffrantes, sans distinction aucune entre races, ethnies, idéologies ou religions... » –, il s’agit là véritablement d’un dévouement... sans frontières. Zéna ZALZAL
Présente à Beyrouth depuis le 18 juillet, l’organisation internationale Médecins sans frontières s’active sur plus d’un front pour apporter à la population libanaise, en particulier les déplacés, un support tant médical que social, psychologique et humain. Le 7 août, alors qu’un convoi de camions transportant des aides envoyées par Médecins sans frontières (MSF)...