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Actualités - OPINION

Les larmes contre les armes

Un de mes bons amis qui partage avec moi le goût pour les calembours et les jeux de mots m’a dit l’autre jour : «À l’ombre de Rafic Hariri, Fouad Siniora. Maintenant, il ne s’ignore plus.» C’est si vrai. Car depuis qu’il a été nommé au poste de président du Conseil des ministres, M. Fouad Siniora a offert aux Libanais, à tous les Libanais, l’image d’un véritable homme d’État, à la hauteur de la considérable épreuve qu’il a assumée, pour concilier les points de vue les plus inconciliables et mener le char de l’État de façon exceptionnelle. Et depuis le 12 juillet, le voilà confronté à une guerre que ni lui, ni son gouvernement, ni la très grande majorité de la population, n’ont voulue. Une guerre qui nous a été imposée et qui ne devait durer que quelques jours et qui approche le mois – sans doute plus encore. Impuissant sur le terrain de la guerre, M Siniora s’est tourné vers le terrain diplomatique pour obtenir un cessez-le-feu immédiat. On lui a offert un cessez-le-feu «dans l’immédiat». Alors, il a appelé à l’aide nos frères arabes, qui ont immédiatement répondu à l’appel. Dans l’ambiance dramatique de la réunion des ministres des Affaires étrangères arabes, l’intermède Moallem a fait sourire plus d’un. Mais l’ambiance n’était pas aux sourires. Elle était aux larmes et aux sanglots. Car tous les Libanais, et à travers les satellites l’univers en entier, ont vu M. Fouad Siniora fondre en larmes en lisant son discours. Sans doute à ce moment-là a-t-il vu défiler sous ses yeux les images de ces bébés morts à Cana, de ces femmes emportées par les obus, de ces immeubles entiers détruits sur leurs occupants. Sans doute a-t-il compté, lui qui a suivi la reconstruction pas à pas, ce qu’il fallait comme efforts pour tout reconstruire: l’aéroport, les ports, les ponts (le même ami me dit qu’il ne ferait pas le... pont de l’Assomption de peur d’être bombardé), les autoroutes, les stations de communications. Sans doute a-t-il mesuré son impuissance à arrêter cette guerre entre une milice plus armée que l’armée libanaise et une des plus puissantes armées du monde. Et de subir ce nouveau calvaire après tant d’autres. Et M. Siniora a pleuré. Avant de continuer son discours d’une voix brisée par l’émotion. Un discours qui lui a valu à la fin une «standing ovation» de la part des ministres arabes. En honneur de son talent d’homme d’État. Des larmes. Voilà tout ce que M. Siniora a pu utiliser contre les bombes, les raids aériens, les salves navales et la volonté de détruire. Les larmes contre les armes. Quelle équation injuste. Entre les deux mots, il y a une différence : la lettre «L» L, comme Liban détruit par les armes. ... Larmes. Jean-Claude BOULOS
Un de mes bons amis qui partage avec moi le goût pour les calembours et les jeux de mots m’a dit l’autre jour : «À l’ombre de Rafic Hariri, Fouad Siniora.
Maintenant, il ne s’ignore plus.»
C’est si vrai. Car depuis qu’il a été nommé au poste de président du Conseil des ministres, M. Fouad Siniora a offert aux Libanais, à tous les Libanais, l’image d’un...