L’agression israélienne et ses retombées

Victoire à la Pyrrhus Oui, le Hezbollah a tenu le coup contre la machine infernale israélienne. Oui, la résistance de ses combattants face à une armée qui se blottit derrière son vaste arsenal de chars, d’avions supersoniques, de missiles, d’artillerie lourde est héroïque. Oui, le fait que la Résistance libanaise ait pu tenir si longtemps contre l’une des plus puissantes armées du monde, bien mieux que toutes les armées arabes réunies, est en soi admirable. En somme, une résistance aussi acharnée, avec des armes bien inférieures à celles de l’ennemi sioniste, est déjà perçue comme une victoire. Cette résistance tiendra sans doute lieu de victoire, nourrira les mythes et fantasmes arabes, et prendra une place de premier rang dans le panthéon arabe si assoiffé de héros. Toutefois, que vaudra cette victoire « de prestige », surtout au vu des résultats obtenus et des dommages modestes subis par l’ennemi, quand une grande partie du territoire libanais et de son infrastructure est réduites en ruines; quand des centaines de milliers de déplacés seront pratiquement des sans-abri à la fin des hostilités, en attendant que leurs maisons soient reconstruites ; quand des milliers de Libanais, dans le secteur touristique et ailleurs, seront réduits au chômage ; quand les Libanais ont une fois de plus sacrifié le plus pour défendre la cause des Syriens, Iraniens et autres tyrans du coin, alors que ceux-ci récolteront tranquillement les fruits de ces sacrifices et de l’héroïsme des résistants. Oui, il s’agit bien d’une victoire à la Pyrrhus. Dr Jacques SALEH New York, USA La voix des jeunes Je voudrais répondre à tous ceux qui se lamentent sur la jeunesse. Que pouvons-nous faire, que devons-nous faire ? Chaque jour, nous n’entendons que lamentations sur ce pays, qu’une certaine version de la guerre. Nous entendons nos parents parler de l’étranger comme d’un eldorado. Un eldorado plein de défauts, certes, mais toujours meilleur. Nous sommes élevés avec un grand sens de la famille, et la cellule familiale est l’un des piliers de notre société qu’il faut vénérer à tout prix. Mais c’est justement cette cellule familiale qui nous apprend l’intolérance envers les autres communautés religieuses, et ne me dites pas le contraire. Je les entends bien, moi ! Cette même cellule familiale qui nous indique quel homme politique est pourri et quel autre non (la plupart au Liban le sont). D’ailleurs sur le plan politique, les jeunes n’ont le droit de vote qu’à 21 ans. Et certains essaient de bien faire. Certains, comme moi, aiment et adorent leur pays. Mais le voilà à nouveau détruit. Nous vivions sur les ruines de notre passé, et maintenant sur celle de notre présent. D’ailleurs, la jeunesse a été élevée par la génération qui se plaint d’elle maintenant ! En fait, pas seulement, je me plains d’elle aussi. Effectivement, nous sommes trop inactifs. Exprimons-nous, et faisons valoir nos exigences, celle d’un pays plus démocratique, plus libéral, plus tolérant, plus laïque et libanais. Marie Nour HÉCHAIMÉ À propos d’unité retrouvée Certains parlent de guerre pour les autres ; d’autres disent que le Liban est victime des ambitions et projets des grandes puissances. Mais peut-on reprocher à un pays de faire ce qui lui semble bon pour la prospérité de son peuple ? C’est nous qui devons nous protéger de ce genre de projets, et arrêter de compter sur les autres et d’accuser les autres. Il est temps que le Liban compte sur lui-même, il est temps d’assumer nos responsabilités. Nous avons oublié les valeurs qui font la noblesse du peuple libanais, nous nous sommes enlisés dans des luttes intérieures, des luttes d’intérêt qui nous ont menés là où nous sommes. L’unité nationale qui semble se créer aujourd’hui n’aurait-elle pas dû être effective dès la fin de la guerre civile ? Ce qui m’inquiète le plus, c’est le désespoir qui touche les jeunes, la tristesse qui les consume, le sentiment que le Liban est perdu. Aux dirigeants du monde entier : laissez cette terre bénie, ce peuple vivre en paix, ou laissez-le mourir en paix, mais par pitié, laissez-le. Anthony SARKIS « Faire » l’avenir L’exemple du Liban prouve une nouvelle fois l’hégémonie mondiale de l’argent. Ceux qui ont le pouvoir sont très forts, mais n’est-il pas temps pour les peuples de recouvrer leur dignité ? N’est-il pas temps de les attaquer à notre tour ? Pour cela, il faut de l’argent, et aujourd’hui, seule la science peut apporter les milliards nécessaires à une telle entreprise. Pourquoi des citoyens ne formeraient-ils pas un centre de recherches sur les énergies nouvelles ? Un centre de recherches indépendant d’un État ou d’un lobby industriel (avec une bonne propagande) serait plus efficace que bien des manifestations. Avec Internet, et les moyens de déplacement et de cryptographie actuels, même avec des moyens financiers limités, rien de plus facile que de faire travailler des savants et des ingénieurs à l’autre bout du monde. Ce n’est pas le montant du salaire, la notoriété des chercheurs ou de l’université qui font avancer la science, mais les idées qui, par essence, sont universelles et accessibles à tous. Pourquoi faudrait-il penser que seuls ceux qui gouvernent sont capables de « faire » l’avenir ? Si demain, par exemple, des citoyens découvrent une alternative crédible au pétrole, cela vaudra beaucoup plus en termes financiers, mais aussi en terme de pression politique, que beaucoup de manifestations ou d’actions d’éclat contre les États et les multinationales . La science est une arme aux mains des citoyens, au même titre que la presse, les manifestations, le droit de vote ou une armée. Ne serait-il pas temps de mettre en place une telle structure ? Philippe TAHMAZIAN France Pour mon Liban Pour le Liban de la tolérance et de la paix, le Liban innovateur et créatif. Notre nation souffre. On la saigne, on lui vole sa jeunesse, son enfance et tout son avenir. Libanais, mon frère, Nos querelles intestines ne profitent qu’à celui qui guette notre chute. Le Liban sera la lumière du monde, une nation sur une montagne et une montagne sur la mer ne pouvant être cachées. Unissons nos cœurs pour bâtir le Liban de demain. Soyons les doigts d’une même main, du même poing qui perce le mur des tabous et qui nous pousse hors des méandres confessionnels et égoïstes pour nous encrer à nos principes, à ceux de nos aïeux, tel un Cèdre qui de ses racines enlace l’histoire et le passé. Pour Tyr cité d’Astarté, Tyr la rebelle depuis les temps d’Alexandre le Grand, pour Saydoun et son histoire pour tout le Liban, en mémoire des innocents lâchement assassinés sur notre sainte terre, Libanais, soyons un. Karim HONEIN Dommages de guerre Israël mène une guerre au Liban provoquant d’énormes dommages de guerre et une pollution de la Méditerranée. La facture doit être honorée par Israël et non par l’Europe. Les casseurs doivent être les payeurs. Rappelons qu’Israël a touché des réparations de l’Allemagne lors de sa création. Michel MEYNIER France La nouvelle Shoah Je suis de père algérien berbère et de mère française ; je ne suis pas arabophone. Je suis, comme des milliers de gens, originaire d’un pays arabe, attachée à l’Europe. Aujourd’hui en Occident, nous sommes des millions sensibles à la cause palestinienne et à la cause libanaise. Je n’accepte pas les thèses antisémites et j’ai, comme beaucoup, des amis juifs. Mais je sais que dorénavant, le peuple juif ne pourra plus se lamenter sur la Shoah, car les victimes d’hier sont aujourd’hui les bourreaux. Cette destruction du Liban et de la Palestine est à mes yeux une nouvelle Shoah. Enfin, je sais au fond de moi, qui suis mère d’un garçon égyptien, que j’ai engendré un homme, oui, mais qu’il devra se comporter comme un bon Arabe, et s’il doit défendre la cause de sa race et mourir, il le fera, et j’en serai fière. Pour terminer, je ne comprends pas que les autres pays du Moyen-Orient ne fassent absolument rien, sauf parler. Faouzia BARACHE France En rouge et blanc Des drapeaux libanais suspendus sur les balcons, les terrasses, les voitures. Des banderoles rouge et blanc fièrement brandies par vous, par moi. Ca ne vous rappelle rien ? Où sont-ils ? Où êtes-vous ? Ressortez votre matériel du printemps de Beyrouth, accrochez vos drapeaux, vos banderoles, et remplacez vos autocollants rouges « Independence 05 » par « Freedom 06 ». Où sont passés votre créativité, votre patriotisme ? Vous me direz :« Ce n’est pas notre guerre, on n’a rien demandé, nous ! », mais c’est votre pays, notre Liban qu’on voulait libre, démocratique et souverain, qui se meurtrit. N’ayez pas honte de passer vos foulards rouge et blanc autour du cou comme le faisaient si bien Samir et Gebran. C’est pour ce Liban-là qu’hier en Conseil des ministres, notre cgef du gouvernement a tapé du poing. Ce Liban a besoin de vous. En rouge et blanc. Je finirai en joignant mon verre a celui de Zeina Hayek qui, dans le courrier du vendredi 28 juillet, trinquait « à notre pays, notre amour, à sa santé pour le meilleur et pour le pire ». Shérif AOUN Cette arrogance... Cette arrogance contre un peuple sans armes et sans le moindre instrument de guerre, battu avec l’armement le plus moderne et le plus sophistiqué du monde... Israël parle de justice, de son droit de vivre en paix, mais ce n’est pas en tuant les autres qu’on trouve la paix. Les Arabes ont des droits, eux aussi, ils sont humains, eux aussi. Mais pour les Israéliens, personne d’autre qu’eux ne compte. Ils veulent la paix, mais ils ne veulent pas parler avec les Arabes. Ce ne sont pas les Arabes qui ont fait l’Holocauste, mais je pense que dans leur cœur, les Israéliens savent qu’ils ont pris la terre des Arabes, et ils ont cela sur la conscience. Remarquez qu’Israël ne cherche qu’à massacrer plus faibles qu’eux. Ils détruisent les maisons à Gaza et en Cisjordanie – c’est le même modus operandi au Liban, n’est-ce pas ? Ils savent que Washington ne va pas les châtier, alors ils font ce qu’ils veulent. Oui, ils savent très bien ce qu’ils font. J’espère qu’à la fin de cette guerre, le Liban va demander des dédommagements comme les juifs l’ont fait . Et l’Allemagne continue de payer... Sandra SEYMOUR Larme de sang Bonjour, mon pays, ce poème est écrit avec une larme de sang. Le vent du Sud tourne et virevolte L’histoire des hommes est ainsi faite Vin y coula les jours de fête Le sang aussi pour la révolte. Prof. Jean-Claude DAVIDIAN École nationale supérieure agronomique Montpellier FRANCE Un pied de nez au monde Encore une nouvelle guerre, cruelle et impitoyable. C’est notre destin, c’est la croix que nous portons de génération en génération, inlassablement, en pliant l’échine sans se casser, pour pouvoir se relever plus forts, plus déterminés et surtout plus tenaces. Cette guerre ne sera pas la dernière, mais elle nous réapprendra que rien n’est acquis, que la vie est souvent plus précieuse que la mort. Nous vivons ces moments difficiles chacun à sa façon ; nous percevons le danger selon notre propre sensibilité, mais nous ne devons surtout pas oublier la cause pour laquelle nous luttons aujourd’hui. Notre pays violé, meurtri, massacré, assassiné, détruit, pulvérisé et broyé, nous le soutiendrons jusqu’au bout pour qu’il survive. Nous le soignerons et nous repartirons de bon pied, comme d’habitude. Nous prouverons au monde notre volonté de vivre, notre foi dans notre terre et la force de nos racines. Et nous ferons un pied de nez au monde qui nous a encore lâchés. Nadine Le Liban, pays martyr Le gouvernement israélien oublie le génocide que son peuple a subi de la part de l’Allemagne nazie. À l’issue de ce génocide, l’ONU lui a octroyé une terre. À son tour, prétextant son droit à la sécurité, Israël entame un génocide du peuple libanais, ne tuant pratiquement que des civils (majoritairement des enfants). L’ONU, aujourd’hui, doit intervenir radicalement et non plus condamner cet État, fondé de toutes pièces au détriment des populations locales. Si rien n’est fait, l’histoire retiendra la lâcheté de la communauté internationale et Israël se sera mis au niveau de l’Allemagne hitlérienne dans l’innommable. Samir SEKLAOUI