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COMMÉMORATION - La catastrophe avait fait près de 250 000 morts Trente ans après Tangshan, la Chine n’est toujours pas prête à affronter un séisme majeur

Trente ans après le séisme de Tangshan qui fit mourir un quart de million de personnes, la Chine ne semble pas davantage prête aujourd’hui à affronter un tremblement de terre majeur, estiment les experts. Épargnée ces dernières décennies, au contraire de ses voisins pakistanais, japonais ou indonésien, la Chine n’en est pas moins située au croisement de trois plaques tectoniques. Alors « tôt au tard, nous aurons un nouveau séisme de magnitude 7, voire plus », a prédit cette semaine Mei Shirong, du Bureau de séismologie national, sur un site Internet. Une prédiction en forme d’avertissement alors que la Chine commémore la catastrophe de Tangshan – 7,8 puis 7,1 de magnitude sur l’échelle de Richter – qui fit au moins 240 000 morts le 28 juillet 1976 dans cette ville industrielle à 200 kilomètres à l’est de Pékin. Car pour nombre d’experts, la rapide urbanisation et industrialisation de la Chine n’a pas tenu compte des risques sismiques, se contentant de constructions de piètre qualité, en particulier celles antérieures à 1989 qui ne résisteraient pas à une secousse forte. « Les projets d’ingénierie, les grands projets de construction, les gratte-ciel ont soudain surgi massivement », relevait l’an dernier Liu Yuchen, directeur adjoint du Bureau de séismologie. « Les villes chinoises sont densément peuplées. Un tremblement de terre créera des dégâts graves et de grandes pertes économiques », ajoutait-il. Selon M. Liu, 35 % des constructions d’une ville comme Shenyang (nord-est) et 37 % de celles de Canton (sud) ne sont pas sûres. De plus, 50 % des villes chinoises et même 67 % des grandes villes chinoises sont situées dans des zones à hauts risques, souligne-t-il. Si les règles de construction ne sont pas toujours appliquées dans les villes, elles sont pratiquement inexistantes dans les campagnes. La plupart des maisons rurales ne supporteraient pas même une secousse modérée, explique dans les colonnes du China Daily Du Wei, un responsable du Bureau de la prévention des risques sismiques. En 1997, un tremblement d’une magnitude de 4,2 dans la région de Sanshui (province du Guangdong) avait ainsi détruit plus de 1 600 maisons, a-t-il cité en exemple. Aux risques naturels, se superposent ceux créés par l’homme : la déforestation, la surexploitation minière qui fragilisent encore davantage les sols. « Au Pakistan, on a constaté que les collines boisées ont assez bien tenu, mais qu’ailleurs il y avait eu des glissements de terrain et d’énormes pertes en vies humaines », a relevé Paul Harris, spécialiste en environnement de la Lingnan University à Hong Kong. « La même chose peut arriver en Chine. » Or pour M. Harris et d’autres experts, bien que les autorités chinoises « soient conscientes du problème », elles n’en sont pas à l’attaquer de front. Ce qui signifierait notamment exiger des gouvernements locaux qu’ils prennent des mesures et se préparent. « Les morts engendrées par un tremblement de terre ne sont pas imputables qu’à la “nature”. C’est aussi souvent la conséquence de l’action du gouvernement, ou plutôt de l’inaction, en matière de code de la construction ou d’utilisation des terres agricoles », estime Paul Harris. « Les lois existent peut-être. Encore faut-il les appliquer », conclut l’universitaire.
Trente ans après le séisme de Tangshan qui fit mourir un quart de million de personnes, la Chine ne semble pas davantage prête aujourd’hui à affronter un tremblement de terre majeur, estiment les experts.
Épargnée ces dernières décennies, au contraire de ses voisins pakistanais, japonais ou indonésien, la Chine n’en est pas moins située au croisement de trois plaques...