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Histoire de Nesrine et Fady

Nisrine et Fady sont nés en 1975. Ils ont 31 ans et ont connu vingt ans de guerre. Depuis dix ans, donc, ils reconstruisent leur vie avec d’autres autour d’eux. Difficilement oui, tant il est vrai que dans leur pays, encore tout récemment occupé par l’armée syrienne, il existe des dissensions. Mais depuis un an, un vrai mouvement de démocratie et de liberté est né. Nisrine et Fady écrivent des thèses, elle sur la littérature française, lui sur une lecture du Coran. Ils enseignent à Beyrouth, ont des amis partout dans le monde, qu’ils reçoivent avec la générosité immense de leur culture. La semaine dernière, le mercredi, nous dînions ensemble dans le quartier de Kfarchima où Fady vit avec sa mère. Une belle maison libanaise qui a été épargnée par les guerres précédentes. Le jeudi matin très tôt, les murs et les vitres ont tremblé. La voix de Fady s’est élevée, appelant sa mère. Nisrine ne disait rien : quels mots ? Sur le balcon, Fady m’a montré les avions israéliens dans le ciel, les bombes, les explosions. Cela a commencé à notre gauche et cela a continué jusque sur la droite : l’aéroport, tout le long. Fady a demandé : tu as peur ? Mais je ne comprenais pas ce que je voyais. Française de 47 ans, ayant toujours vécu en France, je ne connais de la guerre que les récits de mes parents. Maintenant Fady et Nisrine m’écrivent par mail, par « texto » : Kfarchima, vous l’avez vu à la télévision, a été bombardé. Fady écrit qu’en 20 ans de guerre déjà, il n’a jamais connu cela : cette destruction totale et à ce point. Il écrit : c’est l’enfer. Nisrine a peur : un bruit court à Beyrouth. Une fois que tous les ressortissants étrangers seront partis, le pays sera entièrement détruit. Massacré. La population livrée à la tuerie. Nous n’en pouvons plus de ces puissances qui, pour faire tomber un dictateur, anéantissent un pays, qui, pour libérer deux prisonniers, assassinent un peuple. Nous n’en pouvons plus des populations broyées au nom du profit : qui va se précipiter pour reconstruire le Liban ? Quelles puissances financières ? Nous n’en pouvons plus que nos travaux d’amour et de dialogue soient sans cesse brisés par ceux qui adorent le veau d’or. J’aime Nisrine et Fady, je vais vous dire : je ne veux pas qu’ils meurent dans notre indifférence et notre complicité. Je veux aller dîner avec eux à Kfarchima. Véronique PETETIN Docteur ès lettres Consultante internationale, Europe, Afrique, Moyen-Orient
Nisrine et Fady sont nés en 1975. Ils ont 31 ans et ont connu vingt ans de guerre. Depuis dix ans, donc, ils reconstruisent leur vie avec d’autres autour d’eux. Difficilement oui, tant il est vrai que dans leur pays, encore tout récemment occupé par l’armée syrienne, il existe des dissensions. Mais depuis un an, un vrai mouvement de démocratie et de liberté est né.
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