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Actualités - OPINION

Arrivederci

Berlin, 9 juillet, 23h25, Grosso vient de réussir son tir au but : la France ne sera pas championne du monde. Au vu du premier tour, l’accession de la France à la finale constitue un miracle en soi. Entrés par la petite porte dans cette Coupe du monde après des qualifications poussives, les Tricolores ont eu besoin de trois rencontres pour se mettre dans le bain Au vu de la rencontre finale, les Bleus peuvent, par contre, nourrir de sérieux regrets. Pendant une bonne cinquantaine de minutes, ils ont eu le match largement à leur portée. Cinquante minutes au cours desquelles on a eu l’impression qu’ils n’avaient qu’à se baisser pour cueillir le résultat. Avant d’arriver à ce dénouement tragique, le premier tour et les huitièmes avaient livré un verdict somme toute logique. Seule l’Espagne, qui avait fait forte impression lors du premier tour, a été stoppée en pleine ascension. Certains de renvoyer Zidane à la maison, les Ibériques ont été renvoyés à casa par le même Zizou. L’Espagne a joué comme jamais et perdu comme toujours. Question de principe, sans doute. La logique ayant été respectée, huit pays, parmi lesquels six champions du monde, se sont donc hissés à des quarts de finale aux allures d’hécatombe. Rarement, en effet, les quarts de finale auront autant servi de cimetière des favoris. Personne n’a versé une larme à l’enterrement de l’Angleterre éliminée par le Portugal aux penalties. Le jeu proposé par les hommes de Sven- Goran Eriksson était tout simplement médiocre, bien en dessous, en tout cas, des capacités annoncées. Idem pour les Brésiliens. Lente, empruntée, très en dessous de l’évènement et du grand Brésil d’autrefois, la Seleçao de Parreira n’a rien prouvé. Pire, elle a déçu. Épuisé par une saison harassante avec le FC Barcelone, Ronaldinho était l’ombre de lui-même, une pâle copie en quelque sorte. Les fans de l’Argentine, eux, sont allés le cœur lourd à l’enterrement, tant cette équipe paraissait apte à élever son football au-dessus de tous. Mais elle a eu droit à deux fossoyeurs de taille. L’Allemagne, bien sûr, qui l’a dévorée toute crue dans l’épreuve de tirs aux buts. Son entraîneur, ensuite. Sinon, comment expliquer la décision de Pekerman de laisser sur la touche des joueurs aussi talentueux que Messi et de Saviola ? Le sélectionneur argentin aurait souhaité l’élimination de son équipe qu’il ne se serait pas pris autrement. Quatre pays abordaient alors le denier carré, l’Allemagne, l’Italie, la France et l’invité-surprise de ce tour, le Portugal. Après avoir battu les Pays-Bas aux poings, le Portugal a longtemps cru qu’il pouvait s’imposer avec les points récoltés lors des « simulations » de son joueur vedette, Cristiano Ronaldo. En effet, ce dernier, en dépit de son talent réel, a gaspillé le plus clair de son temps dans la pratique de son exercice favori : les plongeons dans les surfaces de réparation adverses. Le joueur de Manchester United s’est attiré au passage l’ire de la foule pour son rôle dans l’expulsion de Rooney. Les Lusitaniens se sont inclinés face aux Gaulois en demi et face aux Teutons dans la petite finale. Mais la quatrième place du Portugal a confirmé la montée en puissance de ce petit pays. L’Allemagne de Klinsmann a trébuché dans la dernière ligne droite contre la Squadra Azzura. Les Italiens ont, par deux fois, crucifié les Allemands dans les ultimes secondes de la rencontre, brisant le rêve de toute une nation. L’Allemagne termine tout de même sur le podium de ce Mondial qui lui était si cher. Certes, les Allemands garderont un goût d’inachevé, mais, par cette troisième place, ils sont au moins récompensés de leur excellent tournoi. La jeune équipe du sélectionneur Jürgen Klinsmann a pris rendez-vous pour la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Son jeu rapide et séduisant aura également permis à toute une nation de se retrouver derrière sa sélection. L’Allemagne a séduit tout un chacun, même les puristes qui prenaient, dans le passé, un plaisir évident à décrier son jeu rigoureux. On a hurlé à la réussite de Klose. On a vibré devant les victoires de la Mannschaft. On a regardé avec envie le bonheur dont elle a inondé les rues, les places et les gens. La France accédait donc à la finale de la Coupe du monde où l’attendait de pied ferme l’Italie. Cette confrontation au sommet entre les deux pays était annoncée comme le match de Zidane, dans la mesure où le capitaine de l’équipe de France avait annoncé sa retraite définitive du football à l’issue de ce Mondial. Pour son dernier match, Zinedine Zidane rêvait de brandir la Coupe du monde. Mais le capitaine des Bleus, après avoir posé un pied au paradis, a finalement terminé sa carrière dans l’enfer de l’expulsion. Son acte insensé sur la personne de Materazzi restera comme son dernier geste sur un terrain de football, alors que les 69 000 spectateurs de l’Olympiastadion de Berlin croyaient garder à jamais en mémoire la magnifique « Panenka » effectuée lors du penalty ayant permis aux Français de mener à la marque dès la 7e minute de cette finale. Zinedine Zidane a donné un coup de tête à une Coupe du monde qui lui tendait pourtant les bras. Pour avoir confondu le plexus solaire de Materazzi avec le ballon, le capitaine français a porté le coup de grâce aux espoirs de son équipe, laissant ses frères d’armes à la dérive sans lui. Deux coups de têtes gagnants en 1998, un « coup de boule » perdant en 2006. Il n’en demeure pas moins que le défenseur italien a certainement provoqué l’impulsif Zidane. Un drôle de coup d’arrêt pour une carrière d’une richesse infinie. Une sorte de symphonie inachevée, alors même que le Maestro jouait son ultime partition. Venu pourtant à la rescousse de la France, véritable âme des Bleus, Zidane est reparti le bleu à l’âme. De leur côté, les Italiens n’ont pas livré un spectacle inoubliable. Massés en fin de match devant leur gardien comme s’ils avaient peur qu’on vienne le kidnapper, ils ont tout repoussé, attendant la loterie, et essuyant une bronca d’enfer. L’Italie a raflé, aux nerfs, le morceau d’or, d’un souffle. Il a suffi que le tir au but de Trezeguet heurte la barre, retombe pile sur la ligne, et que personne ne rate les autres tirs. Jusqu’à dimanche, l’Italie n’avait jamais remporté une séance de tirs au but, mais leur persévérance a fini par payer. Au football, on appelle ça le réalisme, en Italie, on appelle ça le football. Arrivederci. Makram HADDAD

Berlin, 9 juillet, 23h25, Grosso vient de réussir son tir au but : la France ne sera pas championne du monde. Au vu du premier tour, l’accession de la France à la finale constitue un miracle en soi. Entrés par la petite porte dans cette Coupe du monde après des qualifications poussives, les Tricolores ont eu besoin de trois rencontres pour se mettre dans le bain
Au vu de la rencontre...