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Actualités - OPINION

ÉCLAIRAGE La corruption gangrène l’Irak, ses auteurs sont intouchables

La corruption a atteint en Irak un niveau sans précédent, et ses auteurs sont quasiment intouchables du fait de l’inadéquation des moyens de lutte, avoue le chef du comité chargé de juguler ce phénomène. «La corruption a explosé » depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, a déclaré à l’AFP le président du Comité de la probité publique, un organisme indépendant mis en place en juin 2004. « La faiblesse des institutions de l’État pendant la période de transition qui a vu se succéder en peu de temps de nombreux gouvernements » explique la recrudescence de ce phénomène, a estimé le juge Radi Hamza Radi. « En outre, l’absence de châtiments exemplaires n’aide pas à maîtriser ce fléau », a constaté le juge Radi, reconnaissant implicitement l’impuissance de son organisme à sévir contre les auteurs de fraudes et autres abus. La lutte contre la corruption a été au programme des administrations et gouvernements qui se sont succédé en Irak depuis l’invasion du pays, sans jamais produire de résultats significatifs. Elle figure en bonne place dans le programme du Premier ministre Nouri al-Maliki, en charge du pays depuis le 20 mai. Et son équipe pense qu’au-delà des dégâts économiques qu’elle occasionne, la corruption peut avoir des répercussions sur la sécurité du pays, déjà secoué par la violence. L’argent détourné est susceptible d’alimenter des groupes impliqués dans la violence ou aider à avoir accès à des informations sensibles. Le juge Radi aligne les informations pour souligner l’ampleur du phénomène. Huit anciens ministres poursuivis, dont celui de la Défense Hazem Chaalane, accusé d’« avoir dilapidé » 1,3 milliard de dollars, 1 400 dossiers présentés à la justice en deux ans, dont 42 concernant de hauts fonctionnaires. « Hazem Chaalane a fui le pays et se trouve actuellement en Grande-Bretagne, et la plupart des autres anciens responsables n’ont pas été inquiétés par la justice, soit parce qu’ils ont quitté le pays ou qu’ils bénéficient de l’immunité », a toutefois relevé le chef du Comité de probité publique pour souligner les maigres résultats de l’action de son organisme. « Seuls 23 suspects, pour la plupart à l’étranger, ont été inculpés et des demandes d’extradition ont été présentées par le biais d’Interpol, a-t-il dit. Des dizaines d’officiers de la police et de l’armée sont toutefois en détention et attendent d’être traduits en justice ainsi que des fonctionnaires du ministère de l’Éducation accusés d’avoir falsifié des diplômes. » La corruption touche tous les niveaux de l’administration et il est plus difficile de poursuivre, selon le juge Radi, ceux qui sont en haut de la hiérarchie. « Il est impossible de traduire en justice un haut fonctionnaire sans l’accord de son ministre, et si celui-ci est impliqué il ne donne pas son accord », a-t-il indiqué. « La loi prévoit aussi une enquête administrative préalable et certains hauts responsables ne l’autorisent pas. » En plus, quand une enquête administrative est diligentée, le responsable visé est vite informé et il en profite pour quitter le pays, relève encore le juge Radi. Cela n’a pas empêché le Comité de probité publique de continuer à travailler. « Nous avons ouvert il y a six mois un bureau à Bassora (la deuxième ville d’Irak à 550 km au sud de Bagdad), qui connaît une contrebande de produits pétroliers dont le montant est estimé à plusieurs milliards de dollars », a indiqué le juge Radi. « Nos enquêteurs ont commencé à s’y intéresser », a-t-il ajouté, indiquant que douze officiers de la police des frontières et fonctionnaires des ministères des Finances, du Pétrole et de l’Intérieur étaient interrogés après le démantèlement en mai d’un vaste trafic de produits pétroliers avec la Syrie. Selon lui, 1 200 camions chargés de ces produits pour une valeur de plusieurs millions de dollars ont été saisis à Rabia, poste-frontière avec la Syrie, dans le nord-ouest de l’Irak. Mona SALEM (AFP)
La corruption a atteint en Irak un niveau sans précédent, et ses auteurs sont quasiment intouchables du fait de l’inadéquation des moyens de lutte, avoue le chef du comité chargé de juguler ce phénomène.
«La corruption a explosé » depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, a déclaré à l’AFP le président du Comité de la probité publique, un organisme...