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Turquie - Des découvertes essentielles ont été faites Chasse aux trésors archéologiques dans les sous-sols d’Istanbul

Les archéologues en ont rêvé, le projet Marmaray l’a fait : en plein cœur de la populeuse et trépidante Istanbul, 12 millions d’habitants, le gigantesque chantier ferroviaire a creusé de vastes trouées dégorgeant sans répit les trésors jusque-là inaccessibles de Byzance. Le cahier des charges de ce projet de ligne de chemin de fer devant passer sous le Bosphore pour relier Europe et Asie était impératif : les travaux ne pourraient débuter qu’après examen des sites d’excavation par des équipes de chercheurs et le feu vert des comités de protection du patrimoine. C’est ainsi qu’une vingtaine d’archéologues ont hérité d’une zone de prospection inespérée de 26 000 m2 à Yenikapi, en plein cœur de la rive occidentale de la première métropole turque, où ils s’affairent depuis novembre 2004 avec 150 ouvriers sur les vestiges du port byzantin d’Eleuthérion, fondé au IVe siècle. « Nous avons fait ici des découvertes essentielles qui apportent de nouveaux éclairages sur l’histoire de la ville », a annoncé fin juin lors d’une visite du site Ismail Karamut, directeur des musées archéologiques d’Istanbul et responsable des fouilles, avant de se lancer, l’œil brillant, dans l’inventaire de ces trouvailles. Parmi elles figure un pan d’une vingtaine de mètres de la muraille – jusque-là connue uniquement par les textes – du mythique empereur Constantin, qui fit en 330 de Byzance la capitale de l’empire romain et la renomma Constantinople. On y trouve aussi « un quai, plusieurs hypogées, des entrepôts, une nécropole, une poterne et un tunnel passant sous le port et donnant sur la mer », selon M. Karamut – soit tout un quartier autour du port d’Eleuthérion, qui a joué un rôle crucial dans l’approvisionnement de la ville en blé égyptien avant que son ensablement progressif ne scelle son destin. Autre découverte majeure, les chercheurs ont mis à jour au cours des derniers mois les vestiges de deux embarcations byzantines, portant à huit le nombre de navires exhumés dans le port. Ces bateaux, qui ont coulé dans l’Eleuthérion au XIe siècle avec toute leur cargaison – amphores, marbres... – et dont les coques, maintenues dans un bain perpétuel sur le site pour éviter leur effritement, apportent de riches enseignements aux spécialistes de l’histoire navale. « Ils associent des techniques anciennes de construction, qui commencent par le revêtement puis continuent par la coque, et la technique moderne, encore en cours aujourd’hui, qui débute par l’ossature puis cloue la coque dessus », a expliqué l’expert Cemal Pulak, de l’université américaine A&M du Texas. Parmi eux, « un des navires retrouvés est un exemple unique au monde d’embarcation (byzantine) guerrière à rame », a ajouté M. Pulak. Outre le site de Yenikapi, dont une partie sera préservée et une autre convertie en gare-musée, les chercheurs ont débuté leurs travaux sur l’autre rive du Bosphore, à Usküdar, où ils ont notamment mis à jour « un bâtiment à abside du XIe ou XIIe siècle, avec des sépultures très spectaculaires », selon l’archéologue Aksel Tibet. Pour le chercheur, membre de l’Institut français d’études anatoliennes et de l’Association des archéologues de Turquie, Marmaray a remédié aux frustrations des archéologues. « Comme Istanbul est une ville historique de première importance, nous disposions d’abondantes sources écrites, mais paradoxalement, comme elle est aussi une ville vivante, nous n’avions pas la possibilité de fouiller », a-t-il expliqué. « Marmaray est une opportunité formidable, a-t-il poursuivi. Sans lui, personne n’aurait par exemple osé fermer la place d’Usküdar et empoisonner la vie de milliers de riverains. »

Les archéologues en ont rêvé, le projet Marmaray l’a fait : en plein cœur de la populeuse et trépidante Istanbul, 12 millions d’habitants, le gigantesque chantier ferroviaire a creusé de vastes trouées dégorgeant sans répit les trésors jusque-là inaccessibles de Byzance.
Le cahier des charges de ce projet de ligne de chemin de fer devant passer sous le Bosphore pour...