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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - À l’amphithéâtre Jean-Paul II de l’USEK – Kaslik Le « Requiem » de Mozart, pour une lumière éternelle…

Un événement faste pour une œuvre non moins faste à l’amphithéâtre Jean-Paul II de l’USEK, affichant, à raison, salle comble. Au programme, une des œuvres les plus « entendues » et les plus émouvantes du génie de Salzbourg : le Requiem. Le Requiem ou la messe des morts de Mozart, dans une version inédite, quoique le pays du Cèdre en a applaudi déjà plus d’une, notamment en cette année où les notes mozartiennes sont universellement célébrées. Œuvre d’une magistrale beauté sonore, écrite en 1791 et dont la commande, cernée par une zone d’ombre et de mystère, laisse planer d’inquiétantes interrogations… D’autant que la partition, inachevée, fut terminée par Franz-Xavier Sûssmayer. Mais jamais œuvre musicale religieuse, d’inspiration chrétienne, ne fut plus éblouissante, plus lumineuse, plus rayonnante, plus souveraine dans sa beauté et son sens de l’émotion. Ample fresque d’une vision «michelangeloesque», terrifiante comme une scène du Jugement dernier où l’homme, par-delà la musique qui traduit une riche palette de sentiments, est confronté à l’imposant regard et souffle de Dieu. S’attaquer à une œuvre aussi ambitieuse et grandiose est déjà une gageure édifiante, même si le pari n’est pas toujours à la hauteur de l’entreprise…Au menu du concert, une Ouverture des Noces de Figaro, ensuite le Requiem de Mozart, deux faces d’un même univers sonore et de l’inspiration d’un compositeur qui n’a pas fini de séduire et d’éblouir. Les rires et les larmes, les diableries et la gravité, la frivolité et la majesté, l’ombre et la lumière, le jour et la nuit, la chair et l’esprit, voilà les cheminements secrets d’un génie précoce dont la musique subjugue jusqu’à ce jour… Deux sources mozartiennes non incompatibles et où l’émotion reste délicieusement captive d’insaisissables mélodies… Par conséquent, menu délibérément « bicéphale », comme pour marquer les deux faces de Janus d’un musicien qui défie les siècles et soude son inspiration par une unité où la terre et le ciel se rejoignent… Sur scène, l’Orchestre symphonique du Conservatoire national supérieur de musique d’Amman (Jordanie), dirigé par Mohammad Uthman Siddiq, pour l’Ouverture des Noces de Figaro. Mesures un peu molles avec des violons larmoyants pour un opus dans le style opéra buffa, méritant plus de netteté, plus d’enlevé et de légèreté dans les sons, ici hélas, un peu gondolés. Belle prestation de la chorale À la trentaine de musiciens sous les feux de la rampe de l’orchestre sont venus se joindre les quarante-sept chanteurs de la Chorale de la faculté de musique de l’USEK, en ample robe lie-de-vin pour le chœur féminin et en noir rehaussé d’un liséré doré pour les hommes. Au premier plan, quatre solistes : Dima Bawab (soprane), Muriel Antoury (alto), Élias Francis (ténor) et Émile Karam (basse). Orchestre, chœur et solistes ont le regard vissé cette fois sur la houlette de Harout Fazlian qui dirige l’ensemble. Et se déverse ce flot de notes où la crainte de Dieu est saisissante. Jamais Mozart n’est si loin des plaisirs de la terre, du rire des femmes, de l’insouciance de l’enfance, des rêveries innocentes et coquines. Le génial compositeur est face à son destin, au jugement dernier, à la suprême déférence, à la plus grande des mansuétudes, à la plus haute des autorités, à ce que l’esprit a de plus élevé, de plus souverain, de plus divin… Le poids de la chair s’en va en fumées et les angoisses devant la comptabilité divine et les châtiments se font sentir…Recherche imminente de la lumière, source de paix et de rédemption. Douze mouvements, du Kyrie à l’Agnus Dei, en passant par le Dies irae, le Tuba mirum, les Lacrimosa dies et le Lux aeterna, pour évoquer en somptueuses et magnifiques images sonores les atmosphères où les préoccupations des humains, bien humblement mais avec la fièvre de l’angoisse et de la crainte, s’arrêtent aux portes du ciel où règne la gloire du Seigneur… Images terribles et sublimes à la fois qui laissent l’auditeur médusé, enchanté et saisi dans un espace touché par la grâce de Dieu… Fervente et ardente prière que ce Requiem, qui se termine par ces paroles de compassion absolue : « Que la lumière éternelle luise pour eux, Seigneur… » Le Requiem, enchâssé dans la puissance d’un chant inégalé, comme jailli du ventre de la terre, soutenu par une orchestration qui exclut les instruments de clarté, de tendre poésie et de « joliesse », charrie une foule d’intenses beautés sonores que l’on écoute inlassablement. Avec l’infini plaisir, à chaque fois, d’une merveilleuse et incroyable découverte. Edgar DAVIDIAN

Un événement faste pour une œuvre non moins faste à l’amphithéâtre Jean-Paul II de l’USEK, affichant, à raison, salle comble. Au programme, une des œuvres les plus « entendues » et les plus émouvantes du génie de Salzbourg : le Requiem. Le Requiem ou la messe des morts de Mozart, dans une version inédite, quoique le pays du Cèdre en a applaudi déjà plus d’une,...