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Actualités - CHRONOLOGIE

PALÉONTOLOGIE - Trois publications récentes témoignent du désaccord des scientifiques Toumaï, petit homme ou grand singe disparu?

Sept millions d’années après avoir vécu et 5 ans après avoir été « redécouvert » sous forme de crâne fossile dans le désert tchadien, Toumaï, alias Sahelanthropus tchadensis, continue d’alimenter une polémique autour de son identité de « doyen » de l’humanité pour les uns et de grand singe disparu pour les autres. Trois publications récentes en témoignent. Dans un livre intitulé D’Abel à Toumaï. Nomade, chercheur d’os, le « père » scientifique de Toumaï, Michel Brunet, professeur à l’Université de Poitiers, raconte ses aventures à travers le monde, qui ont fini par le conduire vers sa terre promise, le Tchad. C’est dans ce pays que 2 pièces maîtresses ont été mises au jour sous son autorité : l’australopithèque Abel, de 3 à 3,5 millions d’années, trouvé en 1995, et surtout Toumaï, de 6 à 7 millions d’années, découvert en 2001. De par leur origine géographique, à l’ouest de la vallée du Rift, ces 2 fossiles ont porté un coup mortel aux hypothèses selon lesquelles nos ancêtres vivaient exclusivement dans les savanes à l’est de cette grande cassure de l’Afrique, l’ouest ayant été, avec ses jungles, une « planète des singes ». Lorsqu’il annonce, en juillet 2002, dans la revue Nature, l’existence de Toumaï en tant que plus vieil hominidé, le professeur sait déjà que certains de ses pairs, Brigitte Senut, du Muséum national d’histoire naturelle à Paris, et Martin Pickford, du Collège de France, notamment, voient le fossile plutôt comme celui d’un singe. La polémique assaisonnée de pics d’ironie autour des forces et des faiblesses des arguments et des méthodes des uns et des autres commence. Dans son livre, Michel Brunet se demande si ses détracteurs n’ont pas agi ainsi parce que Toumaï avait « osé jeter une ombre sur la gloire naissante d’Orrorin » (un hominidé du Kenya de 6 millions d’années), très opportunément porté aux nues en janvier 2001 et surnommé par ses parents (Senut et Pickford) « l’ancêtre du millénaire ». Et il persiste et signe : le petit bonhomme (1,3 mètre) que fut Toumaï partage « des caractères dérivés avec tous les hominidés bipèdes plus récents (...), mais inconnus chez les gorilles et les chimpanzés ». Ce livre coïncide avec la publication d’une nouvelle étude dans la revue américaine PaleoAntropology, dans laquelle Milford Wolpoff, de l’Université du Michigan, et ses collègues, dont les « parents » d’Orrorin, persistent et signent aussi : Toumaï est apparenté soit aux gorilles ou aux chimpanzés, soit à l’ancêtre commun homme-chimpanzé et plus probablement encore à un rameau de primates éteint. Enfin, le crâne de Toumaï trône sur la jaquette d’un ouvrage paru aux États-Unis, The First Human, dans lequel une journaliste scientifique, Anne Gibbons, raconte la découverte des principaux fossiles d’hominidés primitifs depuis celle du premier australopithèque, en 1924. C’est dans ce livre que les lecteurs apprennent les circonstances de la trouvaille de Toumaï par une équipe dirigée par un géographe français, Alain Beauvilain, de l’Université de Paris X-Nanterre. Le Pr Brunet ne cite pas une fois le nom de son ancien collaborateur qui s’est attiré ses foudres pour avoir revendiqué la reconnaissance de sa contribution à cette découverte. L’histoire de l’homme est d’abord une histoire d’hommes. Lui-même auteur d’un livre paru en 2003, Toumaï, l’aventure humaine, Alain Beauvilain n’en figure pas moins, dans l’ouvrage américain, parmi les principaux « chasseurs de fossiles », placé par l’ordre alphabétique juste au-dessus de Michel Brunet.
Sept millions d’années après avoir vécu et 5 ans après avoir été « redécouvert » sous forme de crâne fossile dans le désert tchadien, Toumaï, alias Sahelanthropus tchadensis, continue d’alimenter une polémique autour de son identité de « doyen » de l’humanité pour les uns et de grand singe disparu pour les autres. Trois publications récentes en...