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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRESPONDANCE - Au palmarès du Smithsonian, « grenier » culturel des États-Unis Création d’un musée afro-américain à Washington

WASHINGTON- Irène MOSALLI Aux États-Unis, le «grenier de la nation» se trouve à Washington DC. Il se nomme l’institut Smithsonian et il engrange toutes les cultures du monde dans les dix-neuf musées qu’il chapeaute et qui se trouvent dans la capitale fédérale: notamment le Musée de l’espace, le musée Hirshhorn pour les sculptures, les Sackler et les Freer Galleries pour les arts asiatiques, les Musées de l’histoire américaine et de l’histoire naturelle, la Renwick Gallery pour l’art artisanal et le Musée d’art africain. Seul le musée du design, Cooper Hewitt, se trouve à New York. Manquait à cette réserve une denrée, devenue partie intégrante du patrimoine américain: un musée national de l’histoire et de la culture afro-américaines. Tout récemment, le Smithsonian a officiellement lancé ce projet qui sera achevé dans une décade. Coût de l’opération, environ 500 millions de dollars. La moitié de cette somme sera octroyée par le gouvernement fédéral et l’autre moitié sera assurée par des sources privées. On a voulu avant tout qu’il soit au centre du périmètre englobant les autres musées, afin que soit reconnue l’importance de l’expérience afro-américaine dans le développement du pays. Il s’élèvera donc dans l’immense espace situé non loin de la Maison-Blanche, où sont regroupés les musées du Smithsonian Institution. Un comité (formé notamment d’Oprah Winfrey, du PDG de Merrill Lynch, du fondateur de la télévision Black Entertainment) a fait pencher la balance en faveur de ce site. Le musée s’étendra sur environ 32000 mètres carrés, la même superficie que celle occupée par le Musée amérindien inauguré il y a deux ans. La construction de ce musée afro-américain a été sujette à des débats et à des controverses politiques depuis plus de 60 ans. En 1994, le très conservateur sénateur de la Caroline du Nord, Jesse Helms, avait tout fait pour bloquer le vote d’une loi en faveur de ce projet. Il avait notamment dit: «Le Congrès n’a pas à perdre ainsi son énergie!» Il aura fallu attendre le mois de décembre 2003 pour que cette loi soit endossée par le président Georges W. Bush, qui avait dit en signant: «Nous avons la chance d’élever ce fantastique musée au cœur même de Washington.» Persévérance, talent et victoire C’est Lonnie Bunch, qui occupe jusqu’à présent le poste de président de la Chicago Historical Society, qui a été chargé de mener à bien ce projet. Pour sa part, le secrétaire du Smithsonian Institution, Lawrence Small, pense «que ce remarquable musée pourra familiariser des générations de visiteurs, venus des quatre coins du monde, avec les véritables histoires américaines de persévérance, de talent et de victoire». Et cela, à travers de précieuses collections d’objets et de documents qui donnent vie à la vibrante diversité culturelle afro-américaine faite de 400 ans de lutte et de progrès. Telle, entre autres, l’irrésistible ascension de Benjamin Bannaker (1731-1806), le premier homme de sciences noir des États-Unis. Fils d’esclaves, il avait pu accéder à la renommée en sa qualité d’astronome, de mathématicien, d’innovateur du système horloger et d’éditeur. Il avait notamment pu reconstituer par mémoire certains plans de la ville de Washington, après que leur auteur, l’architecte français Pierre Lenfant, eut abandonné ce projet avant son achèvement. Les femmes noires ont aussi mené avec succès leur bataille de libération sur le double plan social et sexiste. Ainsi, en 1922, l’une d’entre elles, Bessie Colemann, a été la première Noire à obtenir un permis de pilotage d’avion et à prendre les commandes d’un appareil. Ils étaient d’abord ces «nègres» ramenés vers le Nouveau Monde pour travailler sur les champs de coton. Refusant cette condition, au bout d’un certain temps, ils ont commencé à se tailler une place au soleil au pays de l’Oncle Sam. En grimpant l’échelle sociale, ils sont devenus des «Noirs-Américains» et enfin des «Afro-Américains». Ce n’est pas là une appellation politiquement correct, mais le synonyme d’une citoyenneté à part entière. Qui mérite donc bien son musée.
WASHINGTON- Irène MOSALLI

Aux États-Unis, le «grenier de la nation» se trouve à Washington DC. Il se nomme l’institut Smithsonian et il engrange toutes les cultures du monde dans les dix-neuf musées qu’il chapeaute et qui se trouvent dans la capitale fédérale: notamment le Musée de l’espace, le musée Hirshhorn pour les sculptures, les Sackler et les Freer Galleries pour les...