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Concert Au Liban pour un soir, elle enflamme la salle du Music-Hall (Starco) Camille, la fille élastique

Au cours d’une soirée unique donnée au Music-Hall (Starco), la jeune étoile montante du paysage musical français a emmailloté l’audience. De « groove » en « slow motion » et de fil en aiguille, Camille a, petit à petit, tissé sa toile autour d’un public pris délicieusement en captivité. Le public, très nombreux ce soir-là, s’attendait à voir une star un peu capricieuse (« Pas de flashs, pas de cigarettes et une climatisation modérée », avait-elle exigé). Contre toute attente, il a été surpris de voir une comète toute brillante, une jeune fille simple, aux pieds nus et entièrement vêtue de blanc, qui leur offrira une heure et demie de pur bonheur. Dès la première chanson, sur fond de projections vidéo (est-ce une toile d’araignée, des tentacules ?), le ton est très vite donné, la note aussi. « En chacun de nous, dira-t-elle plus tard, il y a une note. Pour moi, c’est celle du fil (titre de son second album et Victoire de la musique 2006). Ce fil qui me poursuit tout le temps. » En enchaînant les chansons, à la fois cabaret et pseudo-tribales, mais toujours physiques, voire même charnelles, Camille tricote une trame conforme à la musique dans sa tête. Elle va tordre, distordre, tirer et lâcher ce fil tendu qui la sépare de l’audience. Une sorte de jeu musical qu’elle engage en toute fantaisie et auquel se prêtera docilement la salle. La scène devient tout d’un coup son univers et la musicienne, dont la voix à elle seule est instrument de percussions, s’amuse à tirer dessus comme un élastique. Une funambule de la musique Tout comme une pelote de laine, Camille déroule ses fils l’un après l’autre. Tour à tour mutine et farceuse quand il s’agira de descendre parmi le public et chiper le sac de ces dames pour interpréter Le sac des filles ; douce et tendre en parlant de Mon petit vieux qui, sans la toucher, la touche avec ses rides autour des yeux ; jeune femme bouleversante de courage dans Je marche, ou même boudeuse et revêche lorsqu’elle trépigne en refusant de chanter si un de ses « ex » ne monte pas sur scène, elle s’invente des rôles, s’improvise des saynètes. Avec ses facéties et ses grimaces de gamine, ses bleus à l’âme et ses blessures enfouies ainsi que ses mots simples à la Prévert ou à la Jean-Louis Murat (qu’elle admire et dont elle a assuré le chœur pour la plupart de ses albums), Camille réinvente la poésie. Semant la discorde entre les mots et faisant des croche-pieds aux phrases, elle bouscule, bascule, triture la langue française, renverse toutes les «conventions» musicales pour s’échapper loin, très loin, tout en gardant la note, vers la ligne d’horizon, là où est l’âme des poètes. Et qu’importe si, au fil des chansons, on ne saisit pas tout. Chez elle, textes et mots forment un tout indissociable, une atmosphère envoûtant une audience qui la suit dans ses délires. Camille a inventé un nouveau langage, celui des sons gutturaux, qui provient de la poitrine, de la tête et du cœur. Et celui des battements des mains auxquels se joint frénétiquement l’assistance. En anglais, on aurait appelé cela « clap », ce qui aurait été plus suggestif puisque ce terme évoque le clap qui donne le coup d’envoi au tournage d’un film. En effet, accompagnée de ses deux musiciens et aux sons de quelques instruments musicaux (guitare et piano, remplacés parfois par l’accordéon et la flûte), Camille a su entraîner le public dans un film aussi visuel que sonore. Au bout d’une performance scénique époustouflante et après avoir accordé à l’audience un bis à Ta douleur et dansé aux sons de Bent al-Chalabiah, Camille coupe d’un geste brusque le fil et court. Dans sa course folle, elle aura transformé la douleur en pur bonheur. Colette KHALAF

Au cours d’une soirée unique donnée au Music-Hall (Starco), la jeune étoile montante du paysage musical français a emmailloté l’audience. De « groove » en « slow motion » et de fil en aiguille, Camille a, petit à petit, tissé sa toile autour d’un public pris délicieusement en captivité.

Le public, très nombreux ce soir-là, s’attendait à voir une star un peu...