Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Fable libanaise L’armée, le maire et le député

Européen et parisien, j’aime le Liban. Je l’ai découvert il y a cinq ans et j’y reviens chaque fois avec le même plaisir. Certes, il a toujours flotté dans ce pays un certain esprit dilettante et une rigueur approximative que les Européens ne comprennent pas mais qui, pour moi, au contraire, font le charme de ce pays. Il est clair que le Liban a une mauvaise image auprès du «vulgum pecus» français qui croit toujours que c’est un pays en guerre, en proie à une violence intercommunautaire endémique. J’ai beau expliquer que la guerre est finie depuis quinze ans et leur demander de se rappeler de la France en 1960, rien n’y fait, l’image est là, d’autant plus forte que les médias se chargent d’amplifier les moindres soubresauts de cette région. Ajoutez un sens de la géographie très approximatif chez les Français et vous comprendrez pourquoi la guerre en Irak n’a rien arrangé ! C’est pourquoi, pour être pédagogique, je viens chaque année avec un groupe d’intrépides visiter, marcher et faire du parapente éventuellement, car c’est ma passion. Vous possédez des sites magnifiques qui nous font rêver. Les alpinistes ont l’Everest, les surfeurs Hawaï et nous, nous avons les Cèdres. Cette année nous étions six, pendant la semaine de l’Ascension, à vouloir assouvir notre passion aux Cèdres. Notre accompagnateur libanais avait pris ses précautions et avait contacté l’armée libanaise, histoire pour nous de respecter l’espace aérien libanais, cela étant le triste privilège d’un certain voisin du Sud avec des machines autrement plus rapides. Bref, nous avions l’onction de ce que nous croyons être l’autorité légitime.Que nenni ! Nous arrivons donc aux Cèdres avec nos AVNI (ailes volantes non identifiées) et là nous sommes arrêtés dans notre élan par un personnage, certes sympathique, mais qui fait barrage fermement à notre désir de voler. Renseignement pris, il s’agirait de l’homme de renseignement d’un dirigeant politique local. Aussitôt le maire, averti on ne sait comment (le téléphone arabe ?), nous interdit de prendre l’air car nous sommes menaçants avec nos drôles d’engins. Dépités, nous remballons nos parapentes de destruction massive, pour repartir d’où nous étions venus, afin de ne pas troubler la quiétude de notre homme. Ouf ! Grâce à son service de renseignements, il l’avait échappé belle cette fois-ci ! Quant aux habitants des Cèdres qui vivent du tourisme, qu’ils se rassurent : d’autres, moins menaçants que les Français, nous remplaceront. Mais au fait, qui a autorité sur les règles de l’air au Liban, l’armée, le maire ou le député ? Nous ne le saurons peut-être jamais. Par contre, ce qui est sûr, c’est que cela n’améliore pas l’image du Liban auprès de nos compatriotes qui sont repartis dépités. Selon La Fontaine, la raison du plus fort est toujours la meilleure. Nous ne contestons pas l’autorité, mais nous aimerions savoir qui détient l’autorité. L’État c’est moi, disait Louis XIV, mais qui est « moi » au pays du Cèdre? Allons messieurs, quelques petits efforts d’organisation et nous viendrons avec le plus grand plaisir, car j’aime le Liban et je me charge de transmettre cette passion. Yves PEYTAVIN Paris
Européen et parisien, j’aime le Liban. Je l’ai découvert il y a cinq ans et j’y reviens chaque fois avec le même plaisir. Certes, il a toujours flotté dans ce pays un certain esprit dilettante et une rigueur approximative que les Européens ne comprennent pas mais qui, pour moi, au contraire, font le charme de ce pays.
Il est clair que le Liban a une mauvaise image auprès du «vulgum...