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Les sorties de la semaine Quand le mariage entre la fiction et la réalité mène au divorce

Valley of the Wolves-Iraq, de Serdar Akar Avec un coût de production de dix millions de dollars, Valley of the Wolves-Iraq (tiré de la série télévisée éponyme) représente le plus cher long-métrage jamais réalisé en Turquie. L’explosion du budget a été d’ailleurs suivie par une explosion d’entrées dans le pays: 700000 spectateurs après deux mois d’exploitation en salles. Des scores d’autant plus hallucinants que ce film semble bizarrement inconnu ou absent de la planète presse. À prime abord, rien de bien exceptionnel: l’histoire se déroule en 2003 et, plus précisément, en Irak. Il s’agirait donc logiquement d’un film sur la guerre. Alors pourquoi la presse, généralement avide de brûlots politiques, a-t-elle employé une censure douce vis-à-vis de cette œuvre lors de sa sortie? Une fois immergé dans le vif du sujet, tout devient plus clair. Explication: le film évoque un événement réel, l’arrestation, le 4 juillet 2003, de onze membres des forces spéciales turques par l’armée américaine à Souleimanieh, dans le nord de l’Irak. Les onze hommes furent menottés et couverts d’un sac de jute sur la tête avant d’être interrogés durant plusieurs jours puis relâchés sans aucune explication. Selon l’armée américaine, ils étaient soupçonnés de préparer un attentat contre le gouverneur kurde de Kirkouk. L’humiliation fut douloureuse pour les Turcs, peuple foncièrement nationaliste. Cet incident marque ainsi le point de départ du récit. À partir de là commence une succession d’événements fictifs et réels: avant de se suicider, un officier turc traumatisé par ce qu’il a subi envoie une lettre d’adieu à son ami, agent des services secrets, qui part immédiatement pour l’Irak dans le but de venger toute la nation turque. Commencent alors les prises de position du cinéaste turque Serdar Akar. Cette fois, les rôles sont inversés et les idées reçues ébranlées. Les méchants ne sont pas arabes mais américains et la religion assassine n’est pas l’islam, mais le christianisme et le judaïsme. Pas étonnant alors que la presse occidentale se soit décidée à plus ou moins étouffer la sortie du film. Mais voilà, bien que nous ne pouvons que saluer les critiques violentes sur ces «guerres-préventives», sur les massacres et les bavures qu’elles entraînent (une scène du film reconstitue d’ailleurs les tortures infligées à des détenus par une femme soldat, une référence directe au soldat Lynndie England), le tout se veut, assez ironiquement, hollywoodien. Le cinéaste utilise en effet tous les codes d’un cinéma et d’une politique qu’il dénonce, à savoir le danger de la caricature, du manichéisme, de la violence des images, etc. Nous voilà en plein dans l’arroseur arrosé… Concorde, Abraj, Zouk l Get Rich or Die Tryin’, de Jim Sheridan Eminem avait lancé la tendance avec 8 Mile, c’est maintenant au tour de 50 Cent (Curtis Jackson) de s’y coller. L’un des rappeurs les plus populaires du moment s’attaque en effet à la planète Hollywood. Et pour son premier pas en tant qu’acteur, il ne se refuse rien. Présent dans quasi tous les plans du film, le novice tourne effectivement derrière la caméra de l’excellent Jim Sheridan, Irlandais qui a notamment signé In the Name of the Father, My Left Foot et In America. Le réalisateur opère donc ici un virage à 180 degrés pour raconter la vie et la musique d’un artiste gangster qui a connu la rue, la drogue, la prison et qui a miraculeusement survécu à neuf balles tirées à bout portant. Tout cela représente donc un fatras d’événements assez singuliers capables de donner poids et densité à une histoire. Reste à voir si ce nouveau genre réussit ou non à Sheridan. Commençons par comparer 8 Mile à Get Rich and Die Tryin’. L’exercice est certes facile mais trop tentant pour passer à côté. Alors que le premier avait intelligemment marié la musique et la narration, rendant ainsi le film énergique, vivant et intéressant, le second reste avare question musique, préférant plutôt se focaliser sur les événements dramatiques vécus par l’artiste. Résultat, le film nage inévitablement dans un mélo sirupeux dont le but est finalement de montrer qu’un gros dur tatoué et musclé peut cacher un cœur tendre, un homme qui va de l’avant, qui poursuit ses rêves et qui n’a pas peur même, au passage, de verser sa petite larme. Dur, très dur de pardonner à un cinéaste de talent qui a osé coller à un des personnages (en l’occurrence un chef de gang) la voix singulière du «padrino» de Scorsese. Dur, très dur de passer outre une multitude de clichés qui caractérisent un film d’une mièvrerie absolue. L’acteur principal, quant à lui, ne parvient pas à tirer son épingle du jeu. Il donne effectivement une prestation limitée, se contentant d’afficher, de la première à la dernière minute, la même expression. Il ne lui reste plus qu’à remercier son allure massive et charismatique qui lui permet de remplir l’écran et de ne pas perdre totalement notre attention. Reste également l’apparition un peu trop furtive mais néanmoins jouissive du talentueux Terrence Williams, qu’on a dernièrement pu voir dans Crash. CinemaCity, Kaslik, Freeway, Empire ABC/Dunes/Galaxy Sorties prévues pour le jeudi 8/06/2006 (sous réserves) : – The Omen, de John Moore, avec Liev Schreiber, Julia Stiles et Mia Farrow. – The Last Holiday, de Wayne Wang, avec Queen Latifah, LL Cool J et Gérard Depardieu.
Valley of the Wolves-Iraq,

de Serdar Akar

Avec un coût de production de dix millions de dollars, Valley of the Wolves-Iraq (tiré de la série télévisée éponyme) représente le plus cher long-métrage jamais réalisé en Turquie. L’explosion du budget a été d’ailleurs suivie par une explosion d’entrées dans le pays: 700000 spectateurs après deux mois...