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SPECTACLE La Revue Takarazuka, une compagnie théâtrale de femmes pour les femmes

La Revue Takarazuka, dont le plus grand succès est l’adaptation d’un célèbre manga japonais (La Rose de Versailles) qui a pour héroïne Marie-Antoinette, est une compagnie théâtrale exclusivement constituée de femmes. De la même façon que les acteurs du théâtre traditionnel Kabuki interprètent les rôles féminins, les actrices de la Takarazuka assument les rôles masculins. «Au Japon, nous avons la culture Kabuki dans laquelle des hommes jouent des rôles de femmes. La Takarazuka est le contraire. Les actrices y jouent des hommes idéalisés dont rêvent les femmes. Le public est fasciné», témoigne Yuri Shirahane, une des stars de la revue, qui vient de jouer Marie-Antoinette dans La Rose de Versailles à Tokyo. «Les actrices spécialisées dans les rôles masculins offrent une séduction autre que celle des hommes en chair et en os », confirme Hisako Fujimatsu, une fan de la Takarazuka, qu’elle a vue sur scène quand elle avait trois ans avec sa grand-mère. «Elles sont gentilles, ont de la classe, sont belles et intelligentes », confie cette employée de 35 ans qui sait bien que « ce sont des créatures de rêve fabriquées pour la scène ». «Ces actrices qui jouent des hommes ont du charme car elles sont sexuellement neutres», renchérit Kayoko Uchida, une mère de famille quinquagénaire. D’une loyauté indéfectible, les fans sont en majorité des femmes au foyer aisées, souvent accompagnées de leur fille. La Takarazuka – dont la devise est «grâce, beauté et modestie» – est une véritable institution au Japon. Elle a été créée en 1914 à Takarazuka, station thermale du Kansai (ouest du Japon), par Ichizo Kobayashi, fondateur de la compagnie privée de chemin de fer Hankyu et d’une société de production et de distribution de films, Toho. Phénomène culturel unique, elle rassemble plus de 400 actrices, danseuses et chanteuses, la plupart réparties entre cinq troupes («Fleur», «Lune», «Neige», «Étoile» et «Cosmos»). Pour intégrer la revue, il faut être passée par l’École de musique de la Takarazuka, centre de formation qui accueille pendant deux ans des élèves de 15 à 18 ans sortant du collège ou du lycée. La sélection est très stricte. Chaque année, une cinquantaine de postulantes sont admises. Elles doivent décider avant la fin des études si elles veulent se spécialiser dans les rôles féminins ou masculins. Beaucoup de membres de la Takarazuka sont devenues des stars du cinéma, de la scène et de la TV. « Les membres de la Takarazuka ont changé considérablement avec les époques. Les changements s’accélèrent. Il y a 10, 20 ans, elles se contentaient de travailler dur et de pratiquer leur art. Aujourd’hui, elles savent parfaitement ce qui se passe ailleurs et si tel rôle est bon ou mauvais pour leur carrière», affirme Shinji Ueda, 73 ans, directeur de la Takarazuka. La compagnie se produit tout au long de l’année à Takarazuka et à Tokyo, où elle affiche des taux de remplissage de près de 100 %. Elle présente les grands succès de Broadway, mais également des classiques de la littérature mondiale comme Autant en emporte le vent, Guerre et paix ou Le Rouge et le noir. Mais c’est la reine Marie-Antoinette qui a changé à jamais le destin de la revue. Créée sur scène en 1974, La Rose de Versailles a été un tournant dans l’histoire de la Takarazuka car la pièce a pour la première fois mis en avant les rôles masculins, selon le critique Atsuro Kawauchi. « La Takarazuka avait l’habitude de jouer des histoires d’amour classiques qui attiraient à la fois hommes et femmes. Mais les thèmes de ses pièces ont changé depuis La Rose de Versailles qui propose au public non seulement une romance mais aussi de la camaraderie et un certain féminisme », souligne le critique. Depuis 32 ans, Takarazuka a joué La Rose de Versailles à 1700 reprises devant plus de quatre millions de Japonaises. Toutes productions comprises, elle attire en moyenne 2,5 millions de spectateurs par an. Kaori KANEKO (AFP)

La Revue Takarazuka, dont le plus grand succès est l’adaptation d’un célèbre manga japonais (La Rose de Versailles) qui a pour héroïne Marie-Antoinette, est une compagnie théâtrale exclusivement constituée de femmes.
De la même façon que les acteurs du théâtre traditionnel Kabuki interprètent les rôles féminins, les actrices de la Takarazuka assument les rôles...