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Actualités

Mariage forcé

Vous êtes architecte libanais, inscrit à l’Ordre des ingénieurs et architectes de Beyrouth. Si, par hasard, la chance vous sourit et que le propriétaire d’une parcelle de terrain située au cœur de votre ville, à l’intérieur du périmètre Solidere, mieux connu sous l’appellation «Down Town» (prononcez à l’américaine, en tordant la bouche), croit en votre talent et vous confie le projet de son futur immeuble, que croyez-vous qu’il puisse vous arriver? C’est simple, vous allez à l’Ordre, comme il se doit, pour enregistrer le permis de construire dont vous avez établi les plans et payer les taxes professionnelles y afférentes. Soudain, il y a un os. L’employé de cette vénérable institution vous annonce la bouche en cœur que votre parcelle est marquée d’un point rouge. «Ça veut dire quoi, exactement?» lui demandez-vous. «Eh bien, “istez”, ça veut dire qu’il ne vous est pas accordé de permis si vous n’êtes pas associé à l’un des architectes internationaux dont voici la liste.» On croit rêver; l’Ordre n’est-il pas la forme supérieure du syndicat, censé défendre votre métier? Eh bien, non! Chez nous, même les institutions professionnelles sont «solidere» de nos oligarques maisons. Et dire que, de par le monde, il y a des De Bakey, des Ghosn et autres Hayek dont on s’arrache les compétences. Ici, le rêve vous est permis, bien sûr, mais seulement celui de devenir laquais. On se demande encore pourquoi les jeunes émigrent. Grégoire SÉROF
Vous êtes architecte libanais, inscrit à l’Ordre des ingénieurs et architectes de Beyrouth. Si, par hasard, la chance vous sourit et que le propriétaire d’une parcelle de terrain située au cœur de votre ville, à l’intérieur du périmètre Solidere, mieux connu sous l’appellation «Down Town» (prononcez à l’américaine, en tordant la bouche), croit en votre talent et...