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Le Beyrouth aigre-doux de Zena el-Khalil, jusqu’au 27 mai

Des œuvres sur toiles, cartons et bois ainsi qu’une installation squattent l’Espace SD jusqu’au 27 mai. Plus qu’une exposition, ce travail signé Zena el-Khalil, intitulé « I Love You », est une présentation de sa vision personnelle de la capitale libanaise avec, en exergue et à sa manière, une étrange déclaration d’amour. De retour au Liban, après avoir grandi en Afrique et étudié aux États-Unis, « en quête de mes racines, de mon identité et pour ne plus me sentir étrangère» dit-elle, Zena el-Khalil avoue avoir effectué un revirement dans son expression artistique. Beyrouth devient alors le sujet central de ses travaux, qui vont s’articuler sur des photographies prises au fil des années, des documentations et un assemblage visuel représentant son langage personnel. Rose sirupeux comme la barbe à papa ; rose-Barbie, léger et vaporeux. Enfin rose comme la vie en rose. C’est la couleur choisie par l’artiste pour décrire la ville chère à son cœur. Un rose qui finit par donner un haut-le-cœur, car si tout semble baigner dans le rose, les taches disparates de noir et les photos de violence et de destruction témoignent que la vie n’est pas si belle que çà. Archiviste et documentaliste Zena el-Khalil n’émet pas de jugement et ne critique pas. Elle relate un vécu, un ressenti. « Bien que n’ayant pas vécu la guerre, j’en ai vu les conséquences. À mon arrivée, le pays n’était pas encore reconstruit et les graffitis décoraient encore les murs de la capitale. » Sillonnant les rues de la ville, l’artiste fige les instants. Son œil s’attarde parfois sur des écriteaux anachroniques, hétéroclites. Des images surréalistes qui font tantôt pleurer, tantôt sourire. « À partir de coupures de journaux, de photocopies, je me suis constituée mes propres archives, » confie-t-elle. Des archives vivantes où l’artiste parvient à reconstituer le Beyrouth qu’elle voit. Ce sont parfois des boîtes en bois, où les collages ramènent à la mémoire des visions enfouies, ou encore des toiles effilochées, suspendues, sans cadre ni limites représentant des personnages de tarot, qu’elle a puisés de l’imaginaire de la ville. Enfin, dans le cadre d’une installation active qui baigne dans le rose et dans une ambiance festive, el-Khalil s’est appropriée l’espace pour décrire, à sa façon, le rôle déterminant qu’a joué la religion dans la guerre du Liban, et probablement dans d’autres guerres. Des ex-voto où se côtoient des images de la Vierge et de figurines de soldats ; des autels, d’une part, en hommage à la mère de Jésus qui représente la maternité, mais également la force de caractère et, de l’autre, à tous ceux qui sont morts durant la guerre. «Pour ne pas oublier, dit-elle, et parce que l’image a plus d’impact que la parole. » Et au centre de cet espace qui ressemble à une piste de danse, sous un éclairage diffus, on retrouve inscrit le nom de Dieu. « On pourrait danser et non se battre en son nom, conclut l’artiste. En polystyrène, en coton, en paillettes, en produits « kitsch » (mais pas au sens péjoratif),« mon art est à consommer, digérer et non à exposer et enterrer », dit-elle. Zena el-Khalil a ainsi su reproduire son propre « Peace and Love ». Colette KHALAF
Des œuvres sur toiles, cartons et bois ainsi qu’une installation squattent l’Espace SD jusqu’au 27 mai. Plus qu’une exposition, ce travail signé Zena el-Khalil, intitulé « I Love You », est une présentation de sa vision personnelle de la capitale libanaise avec, en exergue et à sa manière, une étrange déclaration d’amour.
De retour au Liban, après avoir grandi...