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Musique - Le « voyageur-philosophe » aux pieds poussiéreux a séduit le « Printemps de Bourges » K’Naan, le petit prince somalien du hip-hop

Issu d’une famille de poètes renommée en Somalie, pays qu’il a quitté pour le Canada à cause de la guerre civile, le rappeur K’Naan mélange hip-hop, sons est-africains et messages humanistes dans sa musique, qu’il a fait découvrir au public du festival « le Printemps de Bourges », dans le centre de la France. La 30e édition du « Printemps de Bourges » s’est terminée lundi. « J’essaie de décrire la Somalie différemment de ce qu’on entend d’habitude », explique à l’AFP le jeune rappeur, qui sera en concert à Paris vendredi. « Malheureusement, l’Occident connaît peu ce pays, présenté comme un endroit peu civilisé. Pourtant, le talent des Somaliens pour la poésie est extraordinaire, il est reconnu depuis l’Antiquité. On a la guerre, mais on a aussi la beauté », ajoute-t-il. Lui connaît les deux. Il est issu d’une grande famille d’artistes : son grand-père, Mohammad Hagi, était le poète le plus fameux de Somalie et sa tante, Magool, une chanteuse renommée. La Somalie est livrée à l’anarchie depuis la chute du régime de Mohammad Siad Barre en 1991. Aujourd’hui âgé de 27 ans, K’Naan a quitté son pays à l’âge de 13 ans pour fuir la guerre et le chaos. Avec sa mère et ses frères et sœurs, il a quitté Mogadiscio en avion, juste avant la fermeture de l’aéroport, pour New York puis Toronto (Canada) où il s’est établi définitivement. Son père, parti avant eux, était devenu chauffeur de taxi à New York : de là-bas, il envoyait au petit K’Naan des cassettes de hip-hop. « J’ai été un des premiers à écouter du hip-hop à Mogadiscio. J’apprenais le rythme, le flow, alors que je ne savais même pas encore parler anglais », sourit-il. Grand et longiligne, les traits fins, K’Naan a un physique typique de la Corne de l’Afrique mais est vêtu comme un rappeur, t-shirt ample et large bob qui coiffe une épaisse touffe de cheveux. Cette double culture nourrit sa musique, mélange enthousiasmant de « groove » urbain (hip-hop, R’n’B) et de sons traditionnels, percussions ou instruments à cordes. Son album, paru l’été dernier au Canada, où il a été récompensé, devrait sortir en France en août. Son titre résume le message humaniste de K’Naan : « The dusty foot philosopher ». « Souvent, dans les documentaires sur l’Afrique, on filme les pieds des enfants. Ils sont pleins de poussière et c’est censé refléter une pauvreté extrême. Mais si on parle avec eux, on s’aperçoit qu’ils peuvent être plus sages qu’un professeur, bien que pauvres et pas éduqués », souligne-t-il. En 2001, il a chanté à l’ONU pour l’anniversaire du Haut-commissariat aux réfugiés, où il a été repéré par le Sénégalais Youssou N’Dour. Fin mars, il a participé au festival Paris-Bamako au Mali, où il a rencontré les chanteurs Amadou et Mariam, le rappeur français Oxmo Puccino et l’Ivoirien Tiken Jah Fakoly. Ils projettent d’enregistrer ensemble un single dont les bénéfices seraient reversés aux associations d’Amadou et Mariam. « La musique peut changer le monde, elle l’a toujours fait », assure K’Naan. Un credo qu’il transmet dans tous les pays. Ces derniers mois, il a joué aux États-Unis (avec des rappeurs comme Mos Def), en Australie et en première partie de Damian Marley, le fils de Bob Marley, lors de sa tournée européenne. Dans les semaines à venir, K’naan repart sur les routes d’Europe (dates sur www.thedustyfoot.com), poursuivant son périple. Rien d’étonnant puisqu’en somali, sa langue natale, « K’Naan » veut dire « voyageur ».
Issu d’une famille de poètes renommée en Somalie, pays qu’il a quitté pour le Canada à cause de la guerre civile, le rappeur K’Naan mélange hip-hop, sons est-africains et messages humanistes dans sa musique, qu’il a fait découvrir au public du festival « le Printemps de Bourges », dans le centre de la France. La 30e édition du « Printemps de Bourges » s’est terminée...