Forum du dialogue euro-arabe - Sept cents participants et absence remarquée de Javier Solana Une « déclaration de Paris » a été adoptée, la prochaine réunion se tiendra à Ryad

PARIS, d’Élie MASBOUNGI Le dialogue euro-arabe, organisé sous l’égide de la Ligue arabe et de l’UE par la Chambre de commerce franco-arabe, s’est tenu mercredi et jeudi au siège de l’Institut du monde arabe à Paris en présence du ministre des Affaires étrangères, M. Philippe Douste-Blazy, du secrétaire général de la Ligue arabe, M. Amr Moussa, du président de l’IMA, M. Yves Guéna, du président de l’Union générale des Chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture des pays arabes, M. Adnane Kassar, et du secrétaire général de la CCFA, le Dr Saleh Bakr al-Tayar. Ces derniers ont pris la parole à la séance inaugurale de mercredi matin devant plus de sept cents personnalités arabes et européennes représentant des dirigeants d’organismes publics et privés d’entreprises et de représentants de la partie civile. Les dirigeants de Bruxelles ont brillé par leur absence alors que M. Javier Solana avait confirmé sa participation à ces assises arabo-européennes. Selon les organisateurs du « forum », le dirigeant européen a prétexté « un déplacement » et n’a même pas voulu déléguer un représentant, ce qui a suscité un vif mécontentement à la tribune, notamment chez M. Amr Moussa qui a déclaré que « ce comportement inamical ne se passera pas comme cela »... Les discours qui ont été prononcés, notamment celui de M. Philippe Douste-Blazy, étaient d’une haute portée et ont permis aux travaux du « forum » de se dérouler dans une ambiance des plus cordiales, et de très importants sujets ont été abordés lors des douze ateliers et tables rondes qui ont eu lieu durant deux jours. Le chef de la diplomatie française a souligné l’importance de ce dialogue « qui se situe à la hauteur des défis qui se posent ». Il a ajouté que le monde arabe est une priorité stratégique dans la politique étrangère de la France qui soutient, a-t-il dit, le principe des réformes dans le monde arabe, celles-ci devant être conduites conformément à sa souveraineté et au respect de son identité. De son côté, M. Amr Moussa a souligné la globalité de l’approche du « forum » le fait qu’il prend en compte, a-t-il dit, toutes les dimensions stratégiques des relations euro-arabes. Après avoir dénoncé la « bataille contre l’islam », et évoqué les problèmes politiques et de sécurité qui se posent au Moyen-Orient (Irak, Palestine, Syrie, Liban), le secrétaire général de la Ligue a souligné l’urgence de lutter contre la prolifération des armes nucléaires au Moyen-Orient par le respect des résolutions et des lois internationales. M. Adnane Kassar a estimé pour sa part que le « forum » est un nouveau mode de réflexion dans les relations euro-arabes et que le partenariat entre les deux régions s’inscrit dans la nature des choses. L’ancien ministre libanais de l’Économie et du Commerce a invité les investisseurs européens à s’orienter davantage vers les pays arabes et les industriels arabes à diversifier leurs exportations vers l’UE. La concrétisation du marché arabe commun, en pleine effervescence, a encore dit le président de l’UGCCIA, doit permettre d’assurer la complémentarité des économies arabe et européenne. Il a salué par ailleurs le dynamisme des réformes récemment entreprises dans le monde arabe. Enfin, le Dr Saleh al-Tayar a indiqué que la CCFA a su dépasser sa mission première de soutien aux opérations d’exportation de la France vers les pays arabes pour devenir le lieu incontournable où se concrétisent les partenariats euro-arabes les plus réussis. Il a également souligné l’importance du monde des affaires dans la redynamisation du dialogue euro-arabe établi au niveau des gouvernements et maintes fois interrompu. Cette séance inaugurale a été suivie par la tenue de six ateliers de travail dont les principaux thèmes étaient les mutations mondiales, et leurs répercussions sur l’Europe et le monde arabe, l’image de l’autre dans les médias arabes et européens, les mécanismes de la coopération euro-arabe dans l’économie du savoir, l’avenir des relations euro-arabes et la coopération euro-arabe dans le domaine énergétique. Hier, les ateliers ont porté principalement sur le thème : « Jeunesse, éducation et politique de développement », ainsi que sur l’économie et le partenariat euro-arabes, la consolidation de la coopération euro-arabe et le rôle des Européens d’origine arabe dans la consolidation de la coopération entre les deux parties. Un déjeuner a été offert hier aux participants par M. Adnane Kassar, président de l’UGCCIA, mais en sa qualité de PDG de Fransabank. Dans une allocution de bienvenue, M. Kassar a souligné l’importance des établissements bancaires dans le renforcement du dialogue euro-arabe par le moyen des opportunités qu’offrent les partenariats euro-arabes aux investisseurs des deux parties. Au terme des réunions et au cours de la séance de clôture qui a eu lieu dans l’auditorium de l’IMA, a été adoptée une « déclaration de Paris », document qui souligne la pérennisation de ce forum qui se tiendra l’année prochaine à la même période à Ryad, et ce, à la demande des autorités saoudiennes. Les autres points de la déclaration concernent l’autodétermination des peuples, la lutte contre l’occupation étrangère et le choix par ces peuples de leurs propres formules de gouvernement. La « déclaration de Paris » prône la dénucléarisation de l’ensemble du Moyen-Orient et la poursuite de la lutte contre le terrorisme, la nécessité d’accélérer les réformes dans les pays arabes à tous les niveaux et, enfin, l’encouragement des projets complémentaires et des investissements réciproques, la libéralisation des échanges, et la réduction du fossé nord-sud par le développement de l’économie du savoir et une politique euro-arabe claire et nette en matière de transfert de technologies.