Campagne des Frères musulmans contre la prolongation de l’état d’urgence

Les Frères musulmans, principale force de l’opposition en Égypte, ont lancé hier une campagne contre la prolongation de l’état d’urgence, en vigueur depuis 1981 et qui devrait être reconduit fin mai. « L’absence de libertés est la raison de tous les malheurs (en Égypte). Et l’état d’urgence a augmenté la tension dans le pays au lieu d’y remédier », a déclaré le chef spirituel de la confrérie Mohammad Mehdi Akef, lors d’une conférence de presse. Il faisait référence aux heurts entre coptes et musulmans samedi à Alexandrie (Nord), qui ont fait un mort et une vingtaine de blessés. M. Akef a accusé indirectement les autorités de « semer la discorde à des fins politiques » et a dénoncé l’arrestation d’étudiants islamistes qui rejettent l’état d’urgence. Près d’une centaine d’étudiants qui manifestaient contre l’état d’urgence ont été arrêtés dimanche notamment au sud du Caire. Le porte-parole des Frères musulmans, Issam al-Aryane, a cependant indiqué à l’AFP que la majorité d’entre eux avaient été libérés. Georges Ishak, le porte-parole du mouvement Kefaya, qui avait organisé plusieurs manifestations contre le régime en 2005, a estimé de son côté, lors de la même conférence de presse, que l’état d’urgence « n’a pas empêché des attentats terroristes » en Égypte. Le président Hosni Moubarak avait promis, pendant la campagne électorale pour la présidentielle de septembre 2005, de lever l’état d’urgence, imposé en 1967, puis levé pendant 18 mois, avant d’être rétabli après l’assassinat du chef de l’État Anouar el-Sadate par des islamistes en octobre 1981. Depuis, cette mesure, critiquée par l’opposition, a été reconduite systématiquement tous les trois ans. Mardi, 114 députés, dont trois du Parti national démocrate (PND, au pouvoir), ont annoncé la formation du groupe des « députés contre l’état d’urgence » et appelé les organisations civiles à se joindre à eux.