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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE Il expose ses œuvres à l’ESA à partir de ce soir et jusqu’au mercredi 12 avril L’appel du vide de Jean-Marc Dallanegra

On le surnomme le peintre reporter, le routard de la peinture. Car il est à la fois un véritable peintre et un grand voyageur qui ne se lasse pas de sillonner les routes au volant d’une automobile ordinaire qui devient extraordinaire. À l’occasion du 10e anniversaire de l’École supérieure des affaires, Jean-Marc Dallanegra a déposé ses bagages et ses souvenirs de voyages, images et émotions, pour présenter 40 toiles inspirées de ses dernières escapades au Liban, en Syrie et en Jordanie. Il est resté ce grand enfant indiscipliné, cet adolescent qui voit le monde avec une ivresse particulière. Le regard rêveur, ailleurs, encore suspendu à l’un de ses voyages, à l’une de ses toiles qui n’attend que d’exister… Jean-Marc Dallanegra, 42 ans, a gardé de ses années d’école et de ses années aux Beaux-Arts, dont il sera renvoyé, une impatience; on appelait cela de l’indiscipline… Peu bavard – «si je parlais, j’arrêterais de peindre!» – il préfère montrer plutôt que d’expliquer. Car ses toiles sont claires, presque mathématiques, ordonnées, reposées et reposantes. «J’ai commencé à voyager très jeune, avouera-t-il, alors que je vivais encore chez mes parents. C’était la seule façon d’avoir ma chambre à moi!» Sa chambre sera la rue, les rues d’Espagne, de Hollande, d’Italie et de France. Il en ramènera l’envie de repartir et des couleurs, des ocres et un bleu dont lui seul connaît les nuances. «J’ai appris à regarder le ciel en dormant dans la rue, en Espagne», confesse-t-il. L’Algérie sera son premier voyage initiatique. Le désert en voiture, des images qui défilent, des sensations, des paysages qu’il prend en photos, des moments qui s’impriment dans sa mémoire. «J’avais le projet d’installer des panneaux peints en bordure des routes, pour permettre aux gens de retrouver un sentiment d’appartenance.» Le projet n’aboutira pas, mais Jean-Marc va commencer à peindre des autoroutes, celles des États-Unis, du Liban, de Syrie et de Jordanie. Jamais les mêmes et quelque part toutes semblables, car à travers son regard. Le paysage libanais Dallanegra a découvert le Liban en 1999, avec une première exposition à l’École supérieure des affaires. Depuis, ses toiles hantent les murs de l’établissement, impressionnantes de sérénité et d’harmonie. «Ma peinture est méditative. Mes tableaux aident à la concentration, ils permettent de se poser des questions et peut-être d’avoir les bonnes réponses.» Ils décrivent l’instant, apparemment furtif, le passage, la rencontre entre un moment et un lieu, vidé de gens. «Un vide que l’on peut remplir soi-même, avec un point de fuite, l’aspiration de la vitesse.» Avec lui, même une simple cuiller devient une forme, un être humain, un immeuble. «Je ne peins pas les gens, ni les arbres, car ils sont parfaits. J’essaie, après ma petite intervention personnelle, de rendre un paysage plus efficace. Mais l’ambiance du lieu et le souvenir du moment, les discussions entre amis, durant ces voyages en voiture, restent le point de départ de mon travail…» Arrivé au Liban via Damas, au lendemain de l’attentat contre le président Hariri, l’artiste va vivre le 14 Mars de très près. «J’ai manifesté en me faisant passer pour un Russe!» De cette journée naîtra une superbe toile, sans doute le clou de cette exposition, et de ce dernier séjour, une familiarisation, une douce amitié avec la ville et le pays, avec un patrimoine qui se perd et qu’il aimerait immortaliser. «J’ai fait une série de photos et quelques toiles sur les taxis libanais. Ces voitures pleines de charme n’existeront sans doute plus dans quelques années.» Exposition-reportage Dans l’atelier que l’ESA a mis à sa disposition pour réaliser cette exposition, Jean-Marc Dallanegra est enfin dans son élément, entre sa palette de couleurs complice et ses cendriers pleins de toutes ces heures de travail. Même la porte garde le sceau, le souvenir du passage de l’artiste. Les immenses toiles, 2m x 1m, 1m75 x 1m75, et celles, plus timides, 35cm x 21, 40 x 50, attendent le moment de l’accrochage. L’itinéraire de ce peintre gâté est affiché dans toutes ses couleurs. Pétra, Jarash, Palmyre, Ras-Beyrouth, autoroute des Rois, autoroute de Beyrouth-Jounieh, Gemmayzé, la Békaa, Wadi Rum, les sujets sont traités à l’huile. La peinture lisse et fondue cède quelquefois la place à un traité plus agressif, presque en trois dimensions. La couleur à un blanc parfait où le paysage apparaît en relief, dans tous ses détails. Avant de quitter l’univers du peintre, un dernier coup d’œil sur l’œuvre plus secrète de Dallanegra: ses 100 cocottes-minutes peintes en quelques années, une recherche aboutie qui a été remplacée, aujourd’hui, par les yeux, ceux d’amis et les siens, fascinants. «Ce qui m’intéresse dans le regard, c’est que c’est là que l’on voit la vie.» Ses yeux bleu vert, voyageurs, témoins de moments privilégiés, yeux timides et bavards, dirigés vers un horizon imaginaire, ne sauraient le contredire… Carla HENOUD * Le vernissage aura lieu ce soir à 18h30. L’exposition sera ouverte au public demain, samedi 8 avril, de 11h à 18h ainsi que les lundi 10, mardi 11 et mercredi 12, de 16h à 21h.

On le surnomme le peintre reporter, le routard de la peinture. Car il est à la fois un véritable peintre et un grand voyageur qui ne se lasse pas de sillonner les routes au volant d’une automobile ordinaire qui devient extraordinaire. À l’occasion du 10e anniversaire de l’École supérieure des affaires, Jean-Marc Dallanegra a déposé ses bagages et ses souvenirs de...