Rechercher
Rechercher

Actualités

SOCIÉTÉ - Une croyance largement répandue au Japon et en Corée «Dis-moi ton groupe sanguin et je te dirai qui tu es!»

Le groupe sanguin détermine-t-il la personnalité d’un individu ? Si cette croyance populaire est largement répandue au Japon et en Corée, elle n’en est pas moins décriée par certains qui dénoncent un phénomène de discrimination par le sang. «Si je croise quelqu’un pour la première fois, de nouveaux collègues par exemple, je leur demande souvent leur groupe sanguin pour avoir des indications sur leur personnalité», explique Makiko Ishikawa, employée dans un hôpital. «Vous seriez étonné de savoir tout ce qu’on peut connaître d’une personne rien qu’à partir de son groupe sanguin», assure cette trentenaire. Depuis les années 1920 au Japon, ce type de déterminisme lié aux groupes sanguins a fait l’objet de débats virulents entre ceux qui la présentent comme une science et leurs détracteurs. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les soldats du Japon impérial étaient eux-mêmes assignés à des tâches déterminées en fonction de leur groupe sanguin. Un temps décriée par les scientifiques, la pratique s’est de nouveau répandue dans les années 1970 lorsque le chercheur Masahiko Nomi a publié des ouvrages sur les groupes sanguins de gens célèbres. Mais le revers de la médaille ne s’est pas fait attendre avec la multiplication de harcèlements d’élèves, moqués par leurs condisciples en raison de leur groupe sanguin. La croyance populaire a en effet établi une hiérarchie qualitative des bons et mauvais groupes sanguins. Les chanceux sont du groupe A, car ils sont considérés comme ordonnés, perfectionnistes, ou du groupe O (donneur universel), dotés de qualités de leaders. En revanche, les porteurs du groupe B, réputés comme des individus plaçant leur goût de liberté au-dessus des valeurs collectives, un tabou dans la civilisation asiatique, font l’objet de vexations. Alerté par des parents d’élèves et des professeurs, l’équivalent du Conseil supérieur de l’audiovisuel japonais a dû intervenir pour demander aux chaînes de télévision de cesser de faire l’apologie de cette croyance. «Les adultes peuvent toujours prendre le sujet à la légère, mais ce n’est pas forcément le cas des enfants», a argué le comité d’éthique pour l’audiovisuel. Malgré les critiques, Toshikata Nomi, fils de Masahiko, affirme que la société japonaise gagnerait à faire usage de ce qu’il considère comme une science. «Si nous réussissons à développer la recherche sur le sujet, nous pourrons améliorer nos résultats dans des domaines aussi divers que le marketing, la gestion des ressources humaines et même l’éducation», plaide M. Nomi, ancien journaliste, aujourd’hui président de l’ONG Human Science ABO Center à Tokyo. Selon Toshikata Nomi, Ronald Reagan était du groupe O, comme plus du tiers des dirigeants des grandes entreprises japonaises qui ont participé au phénoménal miracle économique de l’après-guerre. Ses opposants, parmi lesquels de nombreux universitaires japonais, dénoncent l’impact néfaste de cette pratique empirique. «Ceux qui croient au déterminisme du groupe sanguin pensent tout savoir de l’être humain. Il est dangereux d’adhérer naïvement à cette croyance», tranche Daisuke Nakanishi, professeur en psychologie sociale à Hiroshima (sud). Pour nombre de Japonais, le sujet suscite la même curiosité amusée que l’astrologie et la lecture des horoscopes. «Je pense que c’est en partie vrai, mais sûrement pas totalement, déclare Hidefumi Akashio, un homme d’affaires de 32 ans. Moi qui appartient au groupe A, je suis censé être ordonné et méticuleux, ce qui n’est pas le cas.»
Le groupe sanguin détermine-t-il la personnalité d’un individu ? Si cette croyance populaire est largement répandue au Japon et en Corée, elle n’en est pas moins décriée par certains qui dénoncent un phénomène de discrimination par le sang.
«Si je croise quelqu’un pour la première fois, de nouveaux collègues par exemple, je leur demande souvent leur groupe sanguin...