INITIATIVE – Une première commande de 75 000 dollars a été exportée en France Le Liban fait ses premiers pas dans le commerce équitable

Une quinzaine de produits libanais issus du commerce équitable seront disponibles en France dès la fin du mois. De l’huile d’olive de Kawzah, des pois-chiches de Terbol, des câpres du Hermel, des tisanes de Bécharré et autres produits artisanaux seront ainsi commercialisés en France sous les labels « Terroirs du Liban », et « Fair Trade Lebanon », importés par l’association Artisanat Sel, spécialiste du commerce équitable depuis 1983. Le commerce équitable est un concept encore peu connu au Liban alors qu’il connaît depuis quelques années un essor rapide dans les pays industrialisés. Né dans les années 50, sous l’impulsion d’ONG européennes et américaines, ce nouveau mode de commerce vise à instaurer des échanges économiques plus équitables dans un système mondialisé. En réduisant les intermédiaires entre le producteur et le consommateur, il assure une meilleure rémunération des petits producteurs des pays en développement. Hormis le versement de salaires justes, le commerce équitable doit répondre aussi aux critères suivants : de bonnes conditions et horaires de travail, le respect de l’environnement, un échange commercial à long terme, la non-discrimination, le respect des cultures et un projet de développement social. Les produits issus du commerce équitable, qu’on trouve dans les réseaux spécialisés et de plus en plus dans les supermarchés, s’établissent à des prix supérieurs aux autres produits. Mais les consommateurs avertis sont de plus en plus nombreux à accepter de payer la différence sachant qu’elle permet le développement des communautés locales et non un accroissement des bénéfices des supermarchés ou des multinationales. Ainsi, les initiateurs du projet au Liban, Fair Trade Lebanon, une ONG créée en janvier 2006, partis du constat de la misère qui sévit dans les régions rurales libanaises, sont allés à la recherche des agriculteurs pour leur offrir des débouchés économiques. En collaboration avec l’association Saint-Vincent-de-Paul, ils ont identifié une cinquantaine de producteurs à qui ils ont proposé de commercialiser leurs produits en échange d’une rémunération décente. Ils ont ensuite fait appel à une dizaine de femmes chargées d’assurer l’emballage des produits. L’emballage s’est effectué dans des unités de production, créées par des ONG étrangères dans les régions défavorisées mais laissées à l’abandon faute de débouchés et de suivi des programmes instaurés. Enfin ils ont contacté des associations étrangères spécialisées dans le commerce équitable. L’association française à but non lucratif Artisanat Sel est ainsi la première à avoir effectuée une commande de 75 000 dollars. Sur ce montant, les producteurs touchent 60 % du prix de revient et les femmes chargées de l’emballage 5 %. Saint-Vincent-de-Paul récolte également 5 %. Le reste représente les coûts de distribution, 5 % du prix de revient, et les charges opérationnelles. Les membres de Fair Trade Lebanon espèrent que d’autres commandes suivront. Une commercialisation sur le marché libanais est également prévue, mais avant cela une sensibilisation du consommateur libanais sur la notion de commerce équitable s’impose, ont-ils souligné. S. A.