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La station Volen, à 50 kilomètres de la capitale russe, ses pistes et son dénivelé de… 80 mètres Les paradis artificiels des skieurs moscovites

Sur une neige immaculée, les skieurs en anorak fluo font la course avec les adeptes du snowboard, des secouristes veillent perchés sur leur motoneige derrière un sapin, de vieux hits de Boney-M giclent des haut-parleurs montés sur les pylônes des remontées mécaniques. Mais il n’y a pas de montagne : la plus proche est à 1000 kilomètres. Et pourtant, dans la «station de ski alpin Volen», à une cinquantaine de kilomètres de Moscou, rien ne manque. Canons à neige, magasins de location de matériel, hôtel et chalets à louer, restaurants «d’altitude», discothèques, pistes de «tubing» (luges en forme de grosses cuvettes en plastique) et même promenades en hélicoptère... tout est disponible pour les adeptes des pistes enneigées. Sauf que le dénivelé maximal est de 80 mètres et la piste la plus longue de 400 mètres. En ce qui concerne les prix, ils ne sont pourtant pas très différents de ceux de la station russe la plus à la mode, celle de Krasnaïa Polana, près de Sotchi, fréquentée par le président Vladimir Poutine. «M’en fiche, explique Igor, un comptable de 40 ans venu de Moscou pour skier un après-midi. Ce n’est pas tellement une question d’argent, mais de temps: combien de fois par an on peut prendre l’avion pour aller dans les Alpes ou dans le Caucase? Ici, je suis à une heure et demie de voiture de chez moi.» Toutes proches de l’agglomération moscovite de 10 millions d’habitants dont les revenus augmentent régulièrement depuis quelques années, les quatre ou cinq stations de ski regroupées dans une zone de collines au nord de la ville n’arrivent pas à faire face à la demande. Les jours de week-end les prix triplent, les files d’attente aux remontées aussi. «Je pourrais bien aller en France ou en Autriche, où une descente dure plus de trois minutes, dit Svetlana, grande blonde sculpturale sanglée dans une combinaison italienne rose bonbon. Mais les moniteurs ne parlent pas russe là-bas et pour apprendre aux enfants à skier, il vaut mieux qu’ils comprennent ce qu’on leur dit.» Volen est la plus ancienne station de ski de la région de Moscou. «Et la plus complète», assure sa directrice commerciale Elena Skopinova, quand on lui parle des pistes un tout petit peu plus longues de la localité concurrente de Sorotchany. Elena est ex-mannequin, son mari Dmitri est banquier. Ils sont devenus créateurs de Volen un peu par hasard. Au milieu des années 90, un groupe d’enthousiastes ont emprunté à Dmitri de l’argent pour installer à Volen un tire-fesses et une maisonnette, embryon d’une station. Puis ils ont fait faillite et n’ont pu rembourser leur emprunt. Elena et Dmitri sont devenus propriétaires d’une colline invendable. Ils ont donc décidé d’en faire un bien rentable, pris à leur tour un gros crédit, acheté les champs alentours, créé des mini-montagnes à coups de bulldozer, importé d’Autriche les remonte-pentes, fait construire un hôtel de 59 chambres. 8 000 visiteurs par jour en week-end Ils ne se sont pas trompés, la demande était là. Le domaine de Volen, 13 pistes sur 64 hectares de terrain, accueille aujourd’hui entre 6000 et 8000 visiteurs par jour samedi et dimanche, 2000 en semaine. Et les pistes éclairées restent ouvertes jusqu’à minuit, voire jusqu’à trois heures du matin s’il y a du monde, dit Elena. Un visiteur moyen laissant à la station entre 120 et 400 euros par jour, la rentabilité de l’entreprise n’est plus à démontrer. Et le bonheur de skier efface semble-t-il toute considération financière. À la station de Sorotchany, des amateurs sont prêts à débourser 30 euros pour accéder pendant une heure à une «piste VIP» qui part d’une estacade en pente ajoutant une vingtaine de mètres à l’altitude du «sommet». «On se croirait dans les Alpes, non?» demande Igor avant de se déchausser et de s’engouffrer dans un chalet en bois sombre construit au sommet d’une piste de Volen. Un panneau en français indique le nom du petit restaurant: «Le Mont-Blanc».
Sur une neige immaculée, les skieurs en anorak fluo font la course avec les adeptes du snowboard, des secouristes veillent perchés sur leur motoneige derrière un sapin, de vieux hits de Boney-M giclent des haut-parleurs montés sur les pylônes des remontées mécaniques. Mais il n’y a pas de montagne : la plus proche est à 1000 kilomètres.
Et pourtant, dans la «station de ski alpin...