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Actualités - OPINION

Taëf, en quoi consistes-tu ?

L’ancien ministre Fouad Boutros, qui est à la tête de la Commission électorale, a déclaré que celle-ci avait reçu la consigne de s’en tenir à l’accord de Taëf. Le choix de la mohafazat. Je veux bien que Taëf soit considéré aujourd’hui comme notre Bible nationale. Encore faut-il résoudre un problème exégétique fondamental. En effet, en ce qui concerne le système électoral, notre Nouveau Testament est loin d’avoir une position statique. Il reconnaît la nécessité de renoncer à l’Ancien Testament dès que cela sera possible (cesser de répartir les sièges parlementaires entre les communautés). Il propose, dans l’intérim, une solution temporaire. Aujourd’hui, le discours national a perdu de vue la proposition radicale de Taëf. La meilleure façon de résoudre une question difficile ou embarrassante est de l’ignorer. Voilà en tout cas comment l’homme-singe se comporte. C’est ainsi que ce qui était temporaire est en passe de devenir définitif, ce qui était tordu est en passe de devenir sacré et ce qui était faux est en passe de devenir vrai. La Commission électorale est en train de consacrer, sans même s’en rendre compte et rien qu’en restant fidèle à son mandat, la situation intérimaire dont nous n’arrivons plus à sortir. L’accord de Taëf a eu le grand mérite d’avoir mis fin à la guerre. Mais tout en mettant fin à la guerre des canons, il a alimenté, par le changement simpliste qu’il suggérait, la guerre des esprits. À le croire, la solution idéale serait de supprimer le rôle politique des communautés en cessant de répartir les sièges parlementaires sur une base communautaire. Cela revient à supprimer ce que notre système politique a de typiquement libanais. Est-il nécessaire pour notre salut national de renoncer à ce qui nous distingue et de nous conformer à ce qui se passe dans les autres pays de la région ? Mais si cette solution radicale n’est ni réalisable ni même souhaitable, faut-il que nous restions dans l’impasse actuelle ? Il me semble que nous nous trouvons ici devant deux propositions qui sont toutes les deux contraires à la nature des choses. Je parle de la nature des choses telle qu’elle a pris forme et consistance au cours de notre histoire récente et ancienne. C’est cela qui détermine notre génie national. C’est par cela que nous nous distinguons en tant que nation. Si la France se distingue par la République à l’état pur, le Liban se distingue par la République communautaire. Il est vrai que jusqu’ici nous avons compris cette République-là de travers et que nous en avons fait une République paralytique. Il suffit, toutefois, de la repenser sur une base nouvelle et d’une manière intelligente pour qu’elle se mette à bondir comme une gazelle. Conformément à la logique communautaire, il revient à chaque communauté d’élire ses représentants au Parlement en toute indépendance des autres communautés. Voilà ce qu’il en est en principe et en théorie. Quant au jugement pratique, il s’est lentement formé, tout en restant hésitant, à la suite des dernières expériences électorales. Lesquelles nous ont appris qu’il ne suffit pas que chaque communauté soit représentée au Parlement. Il faut de plus que ses représentants aient été choisis par la communauté elle-même. Autrement la représentation sera forcément faussée. Taëf a cherché à distinguer entre l’ancien et le nouveau. Cela représente une tentative recommandable. Mais il n’a su situer ni l’ancien ni le nouveau, parce qu’il a totalement perdu de vue notre génie national. Sous ce rapport, la nouvelle Bible qu’il nous propose n’est pas authentiquement libanaise. Nous pouvons, nous devons faire mieux. Joseph CODSI Université pour tous – USJ
L’ancien ministre Fouad Boutros, qui est à la tête de la Commission électorale, a déclaré que celle-ci avait reçu la consigne de s’en tenir à l’accord de Taëf. Le choix de la mohafazat.
Je veux bien que Taëf soit considéré aujourd’hui comme notre Bible nationale. Encore faut-il résoudre un problème exégétique fondamental. En effet, en ce qui concerne le système...