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Actualités - OPINION

Finance Doit-on introduire des clubs de sport en Bourse?

Par Jean-Paul MINQUET * Cette question se pose dans de nombreux pays. Les clubs ont besoin de ressources financières longues pour créer et développer des actifs incorporels (capital-joueurs, marque, notoriété), des actifs corporels (stades, loges et espaces) et des actifs financiers pour avoir une diversification de recettes. La Bourse peut être un moyen pour lever des capitaux. Elle permet aussi d’améliorer le niveau d’information financière qui fait bien défaut dans ce secteur, d’augmenter la négociabilité des titres et d’avoir une sanction permanente de la gestion par le marché. Pourtant, toutes les expériences d’introduction en Bourse de clubs de football européens se sont soldées par des échecs. Pourquoi ? Parce que l’on ne peut pas appliquer au monde du sport le schéma de l’entreprise. À cela, six raisons : 1) L’activité sport est stratifiée en ligues avec deux risques majeurs : la non-qualification et la relégation, qui entraînent des risques financiers conséquents. 2) La spécificité de la prestation sportive a toujours été défendue idéologiquement – la glorieuse incertitude du sport – mais jamais économiquement. En fait, elle est le résultat d’au moins deux acteurs qui sont en situation d’affrontement et de coopération. Il s’agit d’une production jointe. Les compétitions sont d’autant plus intéressantes que les budgets et les résultats des clubs sont proches. 3) Une prestation sportive est ponctuelle et non reproductible. 4) Les compteurs sont remis à zéro à chaque début de championnat. 5) Des gains de productivité ne sont pas possibles, eu égard à la règle sportive – le football se joue à 11 – sauf à multiplier les compétitions avec les risques de blessures et de dopage. 6) La seule possibilité reste d’augmenter la valeur d’usage de la prestation sportive – organiser sa rareté – et d’avoir des conditions favorables pour augmenter le prix, par exemple des stades de qualité. Mais, encore, faut-il ne pas attirer des investisseurs qui seront plus attachés à la rentabilité des commerces qui pourront y être installés qu’aux performances sportives et/ou financières des clubs. Quelles solutions ? 1) Créer des ligues fermées à la façon nord-américaine. Aucun club n’est coté en Bourse sur le continent nord-américain. Pourquoi ? Parce que les ligues, elles, peuvent maximiser le profit. Cette conception est-elle transposable à une culture non nord-américaine ? 2) Introduire en Bourse un championnat, s’il dégage de la valeur. Le risque réparti sur plusieurs clubs serait moindre pour un investisseur. Enfin, comme l’essentiel des ressources des clubs – les droits TV – est mutualisé, il doit en être de même pour le financement. Rien n’empêche des diversifications de recettes. 3) Réduire le nombre de clubs et réorganiser les compétitions tant aux niveaux nationaux que régionaux. Dans le moyen et long terme, c’est, dans le football ou autres sports, l’organisation régionale qu’il faudrait introduire en Bourse. Telle est la vraie question, puisque le sport doit être nécessairement organisé sous la forme d’un monopole pour comparer les performances selon une même règle. (*) Professeur de finance à l’ESCP-EAP et à l’ESA, auteur de « Organisations sportives : pratique de finance » (éditions d’Organisation, Paris, 2005). En coopération avec l’ESA
Par Jean-Paul MINQUET *

Cette question se pose dans de nombreux pays. Les clubs ont besoin de ressources financières longues pour créer et développer des actifs incorporels (capital-joueurs, marque, notoriété), des actifs corporels (stades, loges et espaces) et des actifs financiers pour avoir une diversification de recettes. La Bourse peut être un moyen pour lever des...