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Actualités - CHRONOLOGIE

« Maid in Lebanon »

Elles se sont tellement fondues dans notre décor quotidien que nous en sommes arrivés à oublier qu’elles ont un nom, des origines et des attachements. Pour nombre de Libanais, les employées de maison ne sont, malheureusement, que de simples «bonnes à tout faire». «La Sri Lankaise n’est plus une identité, mais un métier.» C’est par ce constat alarmant que Carole Mansour, réalisatrice, a choisi de présenter son dernier documentaire, Maid in Lebanon, un film qui aborde le thème de la main-d’œuvre sri lankaise au Liban. Bien que ce sujet ait déjà soulevé beaucoup de polémiques et inspiré de nombreux journalistes, alimentant les débats jusque dans les milieux académiques, peu de choses semblent avoir changé au niveau de la vie tragique de nombreuses employées de maison. D’où l’idée de ce film – sponsorisé par Caritas, l’Union européenne, l’OIT (Organisation internationale du travail) et l’ambassade des Pays-Bas – dans lequel la réalisatrice cherche à ébranler préjugés et stéréotypes, en redonnant une âme à celles qui en ont été spoliées. Consciente de la gravité de ce sujet, qui a gangrené le monde arabe, Carole Mansour a choisi d’attaquer ce thème à partir d’un angle inédit, en restituant à ces êtres fragilisés un visage et une individualité à part entière. Transportant sa caméra jusqu’au Sri Lanka, l’auteure a été à la recherche de signes identitaires particuliers, en retraçant le point de départ du périple de ses personnages qu’elle a voulu replacer dans leur milieu familial et social. Elle raconte avec humour et sensibilité l’histoire troublante de ces femmes, mères, épouses et sœurs, qui ont décidé de tourner leur dos à ce qu’elles ont de plus cher au monde, en quête d’une vie meilleure. Parties à l’autre bout du globe dans l’espoir de gagner une centaine de dollars de plus, elles seront vite rattrapées par un quotidien qui tranche avec la perspective de l’eldorado rêvé. De l’arrachement douloureux au bercail jusqu’à l’atterrissage forcé dans un monde d’insoutenable cruauté, la caméra suit vingt-deux minutes durant ce voyage vers le réel, accompagné d’une musique aux couleurs ethniques, composée par Ghazi Abdel Baki. Sans sombrer pour autant dans le misérabilisme et la facilité, la réalisatrice nous sert une palette d’émotions qui montent crescendo jusqu’aux scènes finales, ponctuées de témoignages troublants. Le film regorge de touches humoristiques qui rendent les personnages encore plus attachants. Carole Mansour n’oublie à aucun moment de montrer le revers de la médaille, insérant ici et là des parcours plus «heureux», histoire de dire que la clémence et la compassion ne font pas l’exception. Tel un jeu de poker, celles qui ont évité de tirer la carte du tortionnaire auront échappé au sort maudit qui attendait leurs compatriotes. La vie de ces employées serait-elle réduite à une simple question de mauvais sort? Un message que la réalisatrice a voulu contester de bout en bout. Pour tous les intéressés, le film sera projeté à nouveau le mercredi 22 mars à 18h, au théâtre al-Madina.
Elles se sont tellement fondues dans notre décor quotidien que nous en sommes arrivés à oublier qu’elles ont un nom, des origines et des attachements. Pour nombre de Libanais, les employées de maison ne sont, malheureusement, que de simples «bonnes à tout faire».
«La Sri Lankaise n’est plus une identité, mais un métier.» C’est par ce constat alarmant que Carole...