Rechercher
Rechercher

Actualités

En Asie, des violences largement cachées

Tabous religieux et culturels : l’ampleur de la violence contre les femmes est méconnue en Asie, et malgré de nouvelles lois, les dénonciations de mauvais traitements peinent à sortir de l’enceinte domestique. De l’Afghanistan au Vietnam, les ONG spécialisées sont persuadées que les brutalités se déroulent la plupart du temps derrière des portes closes que personne n’ouvrira pour faire savoir. « Cela atteint une proportion épidémique », assure Paul Greening, du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), à propos des violences contre les femmes en Afghanistan. « On n’en parle pas, on ne le voit pas, c’est accepté. » Brutaliser une femme « n’est pas ici officiellement un crime, mais c’est considéré comme une question familiale, comme c’était le cas en Occident il n’y a pas si longtemps », poursuit-il. « Les femmes afghanes souvent ne sortent jamais de la maison. À qui pourraient-elles en parler ? » En Inde, plus de 7 000 morts en 2004 résultèrent de demandes de dots, même si cette coutume a été prohibée sur le plan légal en 1961. Les associations affirment que même si la tendance va vers un renforcement de la loi en leur faveur, les femmes se sentent encore mal à l’aise. « Il y a beaucoup de pressions sociales et culturelles qui empêchent les femmes de se plaindre. Elles pensent qu’être giflées ou battues fait partie de leur vie et elles l’acceptent », souligne Tenzing Choesang, d’un collectif de juristes militant pour le droit des femmes. En Indonésie, le plus grand pays musulman du monde, les autorités ont tardivement commencé à s’intéresser aux mauvais traitements visant les femmes après la crise financière de 1997, explique Martha Santoso Ismail, du bureau de l’UNFPA de Djakarta. Une loi sur la violence domestique a été adoptée en 2004, mais selon elle, « il s’agit d’une nouvelle législation encore très ignorée par la population, et le déni reste capital ». « Le problème central est culturel, car les femmes ne connaissent pas leurs droits. Nous avons besoin de beaucoup éduquer les deux parties – les hommes et les femmes », ajoute Mme Ismail. Même constat au Bangladesh, autre pays à majorité musulmane. « Au niveau individuel, il n’y a pas de prise de conscience, ce qui débouche sur des violences accrues à l’encontre des femmes », déplore Sultana Kamal, qui préside le Centre pour la loi et la justice. En Malaisie, le cadre juridique de protection de la population féminine existe, mais cela ne suffit pas, regrette Ivy Josiah, de l’Organisation d’assistance aux femmes (WAO). « Les condamnations pour viol, par exemple, sont rares », note-t-il. Le problème de la non-dénonciation des faits répréhensibles commis à l’encontre des femmes se pose également au Vietnam, notamment dans les régions rurales. Même au Japon, la deuxième économie de la planète, les soutiens manquent en faveur de la population féminine brutalisée à la maison.
Tabous religieux et culturels : l’ampleur de la violence contre les femmes est méconnue en Asie, et malgré de nouvelles lois, les dénonciations de mauvais traitements peinent à sortir de l’enceinte domestique. De l’Afghanistan au Vietnam, les ONG spécialisées sont persuadées que les brutalités se déroulent la plupart du temps derrière des portes closes que personne...