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Éclairage - Abdallah opte pour des réformes prudentes afin de préserver la stabilité d’une société conservatrice L’Arabie saoudite mène sans bruit une transformation en profondeur

Sept mois après l’accession au trône du roi Abdallah, l’Arabie saoudite poursuit sans bruit une modernisation en profondeur, sous la houlette d’un souverain qui a opté pour des réformes prudentes afin de préserver la stabilité de cette société ultraconservatrice. Le royaume, que le président français Jacques Chirac visite actuellement, reste sous la menace de la branche locale du réseau el-Qaëda, qui a vainement tenté de s’attaquer il y a deux semaines au plus grand complexe pétrolier du pays, celui d’Abqaiq, poumon de l’économie saoudienne. Grâce à l’envolée des cours du pétrole, l’Arabie connaît sa plus grande prospérité économique et financière depuis les années 70. Cette prospérité, à l’origine de milliards de pétrodollars à la recherche d’investissements, se traduit par une véritable frénésie boursière qui a saisi une grande partie de la population, de l’homme d’affaires au simple chauffeur de taxi, sans oublier de nombreuses femmes. La modernisation du pays s’est aussi manifestée par la récente adhésion de Ryad, en décembre, à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), un événement crucial qui devrait accélérer la transformation de la société saoudienne en l’exposant à la globalisation. Les réformes se sont intensifiées après les attentats antiaméricains du 11 septembre 2001, dont 15 des 19 auteurs étaient saoudiens, pas seulement en raison des pressions américaines, mais surtout parce que le régime a compris que le courant jihadiste représentait une menace pour sa propre survie. « Il comprend qu’il faut faire quelque chose (...). Il essaie d’avancer doucement en envoyant des signaux », explique un diplomate, qui a requis l’anonymat, à propos du roi Abdallah, 82 ans. « Il fait bouger les choses lentement en donnant l’impression qu’il veut aller plus loin », poursuit-il, soulignant qu’il doit tenir compte des rapports de force au sein de la famille royale. L’un des « signaux » envoyés récemment par le pouvoir porte sur les droits des femmes, sujet hypersensible dans ce pays dominé par les religieux, qui abrite les deux principaux lieux saints de l’islam. Victimes de très nombreuses discriminations, les femmes n’ont toujours pas le droit de conduire un véhicule. Le mois dernier, le ministre de l’Information et de la Culture, Eyad Madani, a souligné que rien dans la loi n’empêchait les Saoudiennes de demander un permis de conduire et les a pratiquement incitées à le faire. Dès son accession au trône à la mort du roi Fahd, le 1er août, Abdallah, qui dirigeait de facto le pays depuis 1995, a donné des signes forts de sa volonté de poursuivre sa politique d’ouverture. Le 8 août, il graciait ainsi trois opposants condamnés en mai à des peines de 6 à 9 ans de prison pour avoir prôné l’établissement d’une monarchie constitutionnelle. L’un de ces trois opposants, Ali al-Demaïni, un écrivain et poète qui avait écopé de neuf ans de prison, qualifie certaines mesures d’« encourageantes », mais estime que les changements sont « sociaux et culturels plus que politiques ». « Sur le plan politique, il n’y a rien », a-t-il déclaré à l’AFP. L’an dernier, le pouvoir a pourtant organisé les premières élections de l’histoire du royaume, un scrutin municipal, mais dont les femmes ont été exclues. Depuis, les Saoudiennes ont pu participer aux élections aux Chambres de commerce et d’industrie de Djeddah (Ouest) et de la province orientale. Deux femmes ont même été élues à Djeddah. « Un leader peut seulement être quelques mètres devant son peuple. Il ne peut pas être des centaines de mètres en avant, parce qu’il perdrait le contact », affirme un intellectuel saoudien proche des milieux gouvernementaux pour résumer la démarche du roi. Les réformes, ajoute-t-il, ne se produisent pas au rythme souhaité par les Américains, « mais à une vitesse qui convient à notre société ». Christian CHAISE (AFP)
Sept mois après l’accession au trône du roi Abdallah, l’Arabie saoudite poursuit sans bruit une modernisation en profondeur, sous la houlette d’un souverain qui a opté pour des réformes prudentes afin de préserver la stabilité de cette société ultraconservatrice.
Le royaume, que le président français Jacques Chirac visite actuellement, reste sous la menace de la...