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FESTIVAL AL-BUSTAN Les toiles d’un artiste tchèque exposées jusqu’au 26 mars Jiri Votruba: parallèle «fleuri» entre nature et consommation

Le «Mozart sautillant sous les étoiles dans les rues de Vienne» qui illustre cette année les affiches et programmes du Festival al-Bustan porte la signature de Jiri Votruba. Un mélange de gaieté et de dérision. Une constante dans les œuvres de cet artiste praguois, peintre, graphiste et illustrateur, dont une sélection de toiles est exposée dans le hall de l’auditorium Émile Boustani (hôtel «al-Bustan»), durant toute la durée du festival. Des peintures à l’acrylique aux motifs champêtres, que Jiri Votruba s’amuse à représenter d’une touche fortement imprégnée de pop art. Et d’autres qui associent, dans une même toile, fleurs et… manuels d’instruction. À l’instar d’un tableau entièrement fleuri d’où émerge, ça et là, une même figure d’hôtesse de l’air enfilant un gilet de sauvetage ou encore d’un autre divisé en deux surfaces, l’une recouverte d’herbe et l’autre schématisant le mode d’ouverture d’une canette de lait. Des compositions qui peuvent sembler déroutantes de prime abord. Sauf que pour saisir le propos pictural de l’artiste praguois, il faut revenir sur son parcours. De Prague à Madagascar Jiri Votruba fait partie de ces gens dont la vie a intrinsèquement changé avec la chute du régime communiste. Cet architecte, qui avait toujours rêvé d’art sans pouvoir s’y consacrer totalement, avait commencé dans les années quatre-vingts à tâter, parallèlement à son travail régulier, de l’illustration et du graphisme de livres pour enfants, avant de se tourner une décennie plus tard vers la peinture. Sa réputation de graphiste ayant entre-temps dépassé les frontières de son pays natal pour s’étendre à l’Autriche, l’Allemagne et même le Japon, il abandonne alors l’architecture pour se consacrer à son nouveau métier et à l’art pictural. «La peinture est pour moi vitale, car elle est expression de liberté», déclare d’emblée Jiri Votruba. Une liberté de ton évidente dans les œuvres de cet artiste, au pinceau à la fois tendre et ironique. Et qui porte justement sur son environnement un regard perplexe. La preuve, derrière leur apparente simplicité, ses toiles fleuries sont un «reproche larvé» à la société de consommation. Inspirées par un voyage à Madagascar en 2001, elles établissent un parallèle entre la vraie beauté de la nature et l’esthétique artificielle édictée par les marques et les logos dans les sociétés modernes. «Durant mon séjour à Madagascar, explique Jiri Votruba, j’ai assisté à une fête de village où les hommes et les femmes s’étaient simplement parés de tissus aux motifs inspirés de la nature environnante. Des tissus fleuris, aux couleurs éclatantes, d’une magnifique beauté. Cela m’a fait penser que dans nos sociétés occidentales, la vraie beauté des choses est occultée par les diktats des marques. De même que la communion avec la nature tend également à disparaître derrière les “modes d’emploi” qui dirigent complètement la vie de l’homme moderne. Celui-là finissant par suivre aveuglément les directives de consommation.» Revenu sans doute de toutes les idéologies, pour Jiri Votruba la vraie liberté est, sans doute, celle de pouvoir signer un manifeste – en couleurs vives, pop et acidulées – appelant au retour à la nature. Le bonheur dans le pré? On vous laisse le soin de le découvrir. Jusqu’au 26 mars. Zéna ZALZAL
Le «Mozart sautillant sous les étoiles dans les rues de Vienne» qui illustre cette année les affiches et programmes du Festival al-Bustan porte la signature de Jiri Votruba. Un mélange de gaieté et de dérision. Une constante dans les œuvres de cet artiste praguois, peintre, graphiste et illustrateur, dont une sélection de toiles est exposée dans le hall de l’auditorium...