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Imparfaits les mots…

Par Bassam TOURBAH* Il y a des moments où les mots deviennent des messagers bien imparfaits de nos sentiments. Ils ne reflètent plus rien. Ou pas assez. Comment exprimer des sentiments que le cœur garde jalousement enfouis dans ses tréfonds ? Imparfaits les mots, surtout lorsqu’il s’agit de parler de Rafic Hariri dont la seule évocation du nom freine la plume et assèche l’esprit. Rafic Hariri était proche de Dieu et des hommes : il voyait Dieu dans le regard de son prochain, de ces riches aisés à qui Dieu a prodigué Ses générosités mais aussi de ces pauvres privés de tout sauf de la miséricorde de Dieu. Ces pauvres qui lui rappellent son passé. Un passé dur mais non dépourvu d’espoir. Un passé qui a forgé l’homme et consolidé sa confiance dans son Créateur. Et ce passé, il ne l’a jamais renié. Que de fois l’ai-je entendu répéter : « Nous avons tous été pauvres et nous savons tous ce qu’est la pauvreté. » Et la richesse, pour lui, n’a jamais été une fin en soi mais un moyen pour mieux aider, mieux secourir. C’est lui qui répétait aussi : « Si je suis très riche, que puis-je faire de ma fortune ? Dîner deux fois, porter deux cravates en même temps ou circuler dans deux limousines à la fois ? À quoi sert la richesse si ce n’est pour venir en aide à ceux qui n’en ont pas. » Je l’ai vu un jour, pendant la guerre, assis, triste, dans son appartement à Paris. Lui demandant la raison de sa tristesse, il me répondit : « Moi, j’ai la possibilité de manger à ma faim alors qu’il y a au Liban, en ce moment, des familles entières qui dormiront le ventre creux. » Rafic Hariri a été la main généreuse que Dieu a tendue aux hommes. L’amour du prochain était son souci majeur et sa ligne de conduite. Il n’est pas étonnant qu’il ait été rappelé à Dieu le jour de la fête de l’amour et qu’il soit entré au paradis auréolé en martyr. Désormais la Saint-Valentin ne sera plus ce qu’elle était. Désormais ce sera la fête de l’amour du peuple libanais pour Rafic Hariri. Tout le peuple, dans toutes ses composantes. Ce jour-là, la rose déposée sur sa tombe est rouge, rouge de son sang, rouge de notre sang prêt à être versé pour défendre les principes que prônait le président défunt, rouge comme le feu qui continuera à brûler nos entrailles jusqu’à ce que justice soit faite. Avec sa disparition, Beyrouth devint veuve. Le Liban orphelin. (*) Ancien conseiller diplomatique du Premier ministre Rafic Hariri.
Par Bassam TOURBAH*

Il y a des moments où les mots deviennent des messagers bien imparfaits de nos sentiments. Ils ne reflètent plus rien. Ou pas assez. Comment exprimer des sentiments que le cœur garde jalousement enfouis dans ses tréfonds ? Imparfaits les mots, surtout lorsqu’il s’agit de parler de Rafic Hariri dont la seule évocation du nom freine la plume et assèche...