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Actualités - ANALYSE

PERSPECTIVES - Alors qu’il est de plus en plus question de l’ouverture d’un dialogue national dans le cadre du Parlement Entre le Liban et l’Iran, quelle allégeance prioritaire pour le Hezbollah ?

Dans le discours qu’il a prononcé mercredi dernier devant les étudiants de l’AUB, le Premier ministre Fouad Siniora a lancé une petite phrase qui résume à elle seule toute une phase de l’histoire contemporaine du Liban. « Le conflit autour du Liban est terminé (…). Le Liban de la nation, de l’État, de la liberté et de la souveraineté a vaincu », a notamment souligné le chef du gouvernement. Les développements qui ont marqué la révolution du Cèdre en 2005 illustrent que telle est effectivement la voie suivie par les fractions politico-communautaires qui constituent l’Alliance du 14 mars. Les positions souverainistes du PSP et du Courant du futur, qui ont rejoint dans leur essence celles du camp chrétien dans ses différentes composantes, ont apporté la preuve que quelque chose a changé – ou tout au moins a commencé à changer – et qu’une nouvelle donne est apparue sur la scène locale en termes d’allégeance nationale prioritaire. Seule ombre à ce tableau – et on ne soulèvera jamais assez ce point : l’attitude du Hezbollah. Cette question se pose aujourd’hui avec acuité à l’occasion du premier anniversaire du déclenchement de l’intifada de l’indépendance, et au lendemain de la signature du document politique d’entente entre le Courant patriotique libre et le Hezbollah. Alors qu’il est sérieusement question de la mise sur rails d’un dialogue national dans le cadre du Parlement, de nombreuses interrogations fondamentales méritent plus que jamais réflexion : quelle est la marge de manœuvre libanaise du directoire du Hezbollah ? A-t-il un « agenda » exclusivement iranien et syro-iranien ? Se considère-t-il uniquement comme l’un des paramètres du bras de fer qui oppose l’axe Téhéran-Damas aux États-Unis et à l’Union européenne ? Quelle serait la ligne de conduite qu’adopterait ce parti au cas où les impératifs de l’unité nationale, de la cohésion et de la stabilité internes seraient en totale contradiction avec la raison d’État iranienne ? Accorderait-il la priorité aux considérations libanaises plutôt qu’aux intérêts irano-syriens ou bien le contraire ? Sa politique locale est-elle fondée simplement sur des calculs régionalo-communautaires ou cherche-t-il simplement à renforcer sa position pour se poser en partenaire de taille (ce qui serait légitime) dans le processus d’édification du Liban nouveau ? Il serait sans doute illusoire, au cas où un dialogue interne sérieux serait lancé sous peu, d’attendre du Hezbollah des réponses claires et explicites à de telles interrogations. Aucun parti ne dévoile en effet de bonté de cœur ses plans et tous les objectifs qu’il s’est fixés. Des ébauches de réponses peuvent être toutefois obtenues en filigrane en scrutant le comportement et la ligne de conduite du parti de Dieu. Le refus des ministres du Hezbollah d’exprimer leur solidarité avec Fouad Siniora lorsque celui-ci a été insulté par le président syrien Bachar el-Assad ne constitue pas dans ce cadre un indice particulièrement encourageant. De même que l’insistance de ce parti à afficher, à chaque fois que l’occasion se présente, sa solidarité avec le régime syrien alors que ce dernier est pointé du doigt dans la véritable guerre terroriste lancée depuis plusieurs mois contre les Libanais. Sans compter, et c’est peut-être là l’indice le plus significatif, l’attitude du pouvoir iranien qui considère qu’en cas de conflit ouvert avec l’Occident sur le dossier du nucléaire, il possède plusieurs atouts en main dans la région, plus précisément en Irak, en Palestine et, évidemment, au Liban. S’aligner stratégiquement sur l’axe Téhéran-Damas pourrait certes consolider et renforcer la position du Hezbollah sur l’échiquier local. Mais une telle option, surtout si elle est suivie de manière jusqu’au-boutiste, risquerait aussi d’avoir un sérieux effet boomerang. Dans un tel contexte, aussi bien les forces du 14 mars que le courant aouniste auraient peut-être intérêt à « libaniser », autant que faire se peut, le Hezbollah en essayant de l’attirer dans la sphère libanaise et de nuancer quelque peu ses allégeances régionales. Une délicate politique d’équilibrisme s’impose ainsi à cet égard. Une politique qui demeure, encore une fois, tributaire de la réponse à cette question fondamentale : en cas de conflit d’intérêts, le Hezbollah penchera-t-il pour l’option « Liban d’abord » ou plutôt pour « l’Iran d’abord » ? Michel TOUMA
Dans le discours qu’il a prononcé mercredi dernier devant les étudiants de l’AUB, le Premier ministre Fouad Siniora a lancé une petite phrase qui résume à elle seule toute une phase de l’histoire contemporaine du Liban. « Le conflit autour du Liban est terminé (…). Le Liban de la nation, de l’État, de la liberté et de la souveraineté a vaincu », a notamment souligné le chef...