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Actualités - CHRONOLOGIE

Construire des barrières, tracer les frontières… Israël serait tenté par des mesures unilatérales

La victoire écrasante du Hamas aux élections législatives palestiniennes pourrait définitivement convaincre le gouvernement israélien de l’opportunité de tracer de manière unilatérale les frontières d’un futur État palestinien. En raison de la charte du Hamas prônant la destruction de l’État juif, ni l’organisation islamiste ni Israël ne sont disposés à nouer le moindre contact officiel dans l’immédiat. « L’environnement est encore moins favorable à un règlement politique ou à une stabilisation et, par conséquent, cela rend plus probables des mesures unilatérales », prédit l’expert israélien Gerald Steinberg. Avant même la victoire surprise du Hamas, aucun signe n’annonçait une relance prochaine du processus de paix, plongé dans l’impasse depuis le début de la deuxième intifada en septembre 2000. Le gouvernement israélien posait déjà comme préalable à une reprise des pourparlers le désarmement des organisations radicales, en contradiction avec les efforts du président palestinien Mahmoud Abbas visant à intégrer le Hamas dans le jeu institutionnel pour l’amener à renoncer à la lutte armée. « L’affirmation d’Israël selon laquelle il n’y a pas de partenaire palestinien est l’une des raisons de la victoire du Hamas », accuse le négociateur palestinien Saëb Erekat. « Israël n’a pas mis fin à ses mesures unilatérales ». Comme à l’époque de Arafat ? Côté israélien, le Premier ministre par intérim Ehud Olmert use désormais d’un langage qui rappelle celui d’Ariel Sharon avant la mort de Yasser Arafat : « L’Autorité palestinienne, qu’elle intègre le Hamas ou qu’elle soit dirigée par celui-ci, n’est pas un partenaire. » Cette position ne devrait pas varier avant les élections législatives anticipées du 28 mars en Israël, pour lesquelles Kadima, la formation de Sharon et d’Olmert, est largement favorite. Au-delà, les observateurs s’attendent néanmoins à une approche plus pragmatique de la part des Israéliens. Fort de son mandat populaire, le Hamas paraît certes conforté dans son refus de désarmer. Mais le mouvement islamiste a globalement respecté la trêve tacite observée depuis mars 2005 et il n’a plus commis d’attentat-suicide en Israël depuis 2004. Certains Israéliens rappellent en outre que l’État juif a contribué à la fin des années 1980 à l’émergence du Hamas lors de la première intifada pour faire contrepoids au Fateh de Yasser Arafat. « Nous devrions nous souvenir qu’ils ne sont pas nés avec le désir d’assassiner des Israéliens », affirme Avi Dichter, ancien responsable de la sécurité intérieure, qui a supervisé l’assassinat de dirigeants du Hamas depuis 2000 et qui milite désormais au sein de Kadima. « Si les dirigeants du Hamas adoptent une attitude responsable d’hommes d’État et rejoignent la communauté des nations, ils trouveront en nous des partenaires attentifs », écrit Dichter dans le quotidien Yediot Aharonot. Du point de vue pratique, Israël n’aura guère d’autre choix que de traiter avec un gouvernement palestinien incluant le Hamas, même si cela implique la médiation d’une tierce partie. « Au pire, nous pourrions fermer les frontières et les laisser mourir de faim, mais c’est impossible », remarque l’analyste Yossi Alpher. D’éventuels contacts entre les deux parties ne devraient de toute façon pas empêcher Israël de prendre de nouvelles mesures unilatérales. « Ils s’occuperont de leurs affaires, et nous démantèlerons des colonies et construirons des barrières », résume Alpher, en soulignant que le Hamas aura bien du mal à s’opposer à des destructions de colonies. En l’absence de négociations de paix, des initiatives unilatérales pourraient en outre bénéficier du soutien des États-Unis. L’hypothèse d’un retrait partiel et unilatéral de Cisjordanie était déjà évoquée en Israël avant même le succès électoral du Hamas. Avant son accident cérébral qui l’a écarté de la vie politique israélienne, Sharon avait déjà mené à bien le retrait de Gaza en septembre, décidé de manière unilatérale pour renforcer la sécurité d’Israël. Il ne cachait pas en outre son intention d’effectuer une opération similaire en Cisjordanie, à la différence près que les importantes colonies de ce territoire n’auraient pas été démantelées, mais placées du côté israélien de la barrière de sécurité que l’État juif édifie pour parer d’éventuels attentats-suicide. Pour les Palestiniens, ces projets s’apparentent à une annexion de territoires qu’ils revendiquent pour leur futur État. Avec une Autorité palestinienne désormais dominée par le Hamas, Olmert, s’il reprenait ces projets à son compte, courrait cependant le risque d’être rapidement accusé dans son pays de « récompenser le terrorisme ». Matthew Tostevin (Reuters)
La victoire écrasante du Hamas aux élections législatives palestiniennes pourrait définitivement convaincre le gouvernement israélien de l’opportunité de tracer de manière unilatérale les frontières d’un futur État palestinien.
En raison de la charte du Hamas prônant la destruction de l’État juif, ni l’organisation islamiste ni Israël ne sont disposés à nouer le...