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ANALYSE Les sophismes de Hassan Nasrallah

Le discours prononcé dimanche par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, contient la plupart des éléments qui fondent la singularité de ce parti sur l’échiquier libanais et, du même coup, le problème majeur qu’il pose aux yeux d’une grande majorité de Libanais. L’ironie est que ces éléments, Hassan Nasrallah les délivre sur le mode de la plaidoirie, voire de l’autodéfense contre ce qu’il considère comme étant des attaques injustifiées visant sa formation et les sempiternelles « constantes » dans le cadre desquelles le Hezbollah place toute son action passée, présente et à venir. Il faut certes reconnaître au sayyed d’avoir, à l’apogée même de sa verve polémique, eu le courage et l’intelligence de stopper net là où, précisément, il le fallait. « Il n’y aura pas de guerre civile au Liban », a-t-il martelé à plusieurs reprises avec une inébranlable confiance. Il reste que la plus grande partie du discours précédant cet acte de foi dans la paix civile renferme, sinon les germes d’un conflit militaire, du moins les éléments d’une guerre larvée permanente entre blocs communautaires compacts censés servir de prolongements locaux à des intérêts, et des stratégies régionales et internationales contradictoires. Une lecture en filigrane des propos de sayyed Nasrallah ne laisse en effet aucun doute sur la perception que son parti et lui se font du camp adverse, c’est-à-dire de l’alliance du 14 mars. Celle-ci est vue comme un ensemble de pôles communautaires que relient des intérêts ponctuels à caractère géopolitique allant bien au-delà de la seule volonté de solder les comptes de la tutelle syrienne au Liban. Aux yeux du Hezbollah, la majorité en place, malgré ses dénégations répétées, est un rouage dans la machine occidentale mise en place pour broyer l’axe Téhéran-Damas. Ce qui, en l’état actuel des choses, est loin d’être faux, même en tenant compte des nuances qui séparent à ce propos les deux rives de l’Atlantique. Dès lors, pourquoi la formation chiite n’aurait-elle pas le droit, elle, de se poser en héraut du maintien de Beyrouth dans cet axe ? Logique implacable, mais qui s’effondre aussitôt que l’on en nuance le postulat. D’abord, si le 14 mars a fini par être instrumentalisé dans le bras de fer opposant l’Occident, et principalement les États-Unis, à l’axe syro-iranien, c’est à la politique de Damas au Liban qu’il faut en attribuer la responsabilité. Le régime syrien livre une guerre sans merci au Liban. Osera-t-on le nier ? Sans même parler des assassinats qui ont, pendant des semaines, mis l’économie libanaise en état de blocus en fermant pratiquement ses frontières devant les poids lourds en provenance du Liban. Qui a insulté le Premier ministre du Liban ? Qui a mobilisé ses Palestiniens hors des camps de réfugiés ? Qui leur fournit des armes ? Hassan Nasrallah a le droit d’être l’ami de la Syrie. Il n’a nullement le droit d’en être « l’allié », comme il le dit avec « fierté ». Depuis quand des partis politiques peuvent-ils, dans un État qui se respecte, être des « alliés » de puissances étrangères ? N’est-ce pas là une anomalie en démocratie ? N’est-ce pas justement ce qu’on critiquait autrefois chez certains « partis frères » de l’URSS en Europe occidentale ? Lesquels partis, soit dit en passant, ne disposaient pas, eux, d’un arsenal militaire. À moins que, comme l’affirme sayyed Nasrallah, le Hezbollah ne soit pas « un parti politique dans le sens étroit du terme ». Il a parfaitement raison et c’est précisément ce qu’on lui reproche. En démocratie parlementaire, il ne saurait y avoir de partis que dans « le sens étroit » du terme. Ni des États dans l’État, ni des formations à vocation unique et totalitaire. Ensuite, il est profondément injuste et totalement faux d’enfermer le 14 mars dans sa seule dimension géopolitique, même si celle-ci existe. Par essence, il s’agit d’un mouvement d’émancipation qui, d’emblée, n’entre pas nécessairement dans des stratégies régionales ou internationales. En ce sens, c’est un mouvement qui n’a pas de caractère exclusif et peut donc s’ouvrir à toutes les fractions libanaises. L’erreur fondamentale se trouve donc dans la perception alimentée par les deux principales formations chiites selon laquelle le 14 mars est un regroupement antichiite. Sayyed Nasrallah accuse ses adversaires de s’être retournés contre les engagements pris par le gouvernement lors de sa formation. « Que reste-t-il de la déclaration ministérielle ? » déplore-t-il. En effet, qu’en reste-t-il lorsque des ministres quittent les bancs d’un gouvernement pour ne pas avoir à se solidariser avec leur chef insulté par un président étranger ? Élie FAYAD
Le discours prononcé dimanche par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, contient la plupart des éléments qui fondent la singularité de ce parti sur l’échiquier libanais et, du même coup, le problème majeur qu’il pose aux yeux d’une grande majorité de Libanais.
L’ironie est que ces éléments, Hassan Nasrallah les délivre sur le mode de la plaidoirie, voire de...