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Actualités - CHRONOLOGIE

Les lecteurs ont voix au chapitre

Le langage des chiffres Je tiens à préciser que je suis absolument d’accord avec M. Albert Sara (voir L’Orient-Le Jour du samedi 14 janvier 2005). En effet, même ici, en plein cœur de l’Europe libérale et démocratique, quand il s’agit de compter le nombre des manifestants, il y a toujours le rituel du ballet des chiffres. Je vous expose mon avis sur la procédure habituelle, qui est en fait bien simple : quant il y a un gouvernement (de n’importe quelle « couleur ») au pouvoir et que les manifestants sont progouvernementaux, le chiffre des manifestants a immanquablement tendance à grossir au fur et à mesure des jours qui passent. Quand, au contraire, les manifestants sont contre le gouvernement, alors leur nombre, curieusement et inexplicablement, a toujours tendance à se dégonfler et à fondre comme neige au soleil. Les Forces de l’ordre et les médias, pris entre deux feux et étant en principe neutres, devant donner eux aussi leur avis, choisissent, pour publier ce fameux « nombre des manifestants », le vieux truc du fifty-fifty. Une formule non chimique, mais assez efficace. On compte le nombre des manifestants avancé par le gouvernement, on divise par deux et on obtient ainsi un chiffre X. On prend ensuite le nombre des manifestants proclamé par les opposants, on divise par deux et on obtient un chiffre Y. Maintenant, on additionne X et Y et on obtient le chiffre magique qui met (presque) tout le monde d’accord. Roberto DANA Deux politiques inconciliables... Ils ont manifesté, en ce samedi 14 janvier, contre l’intolérable tutelle américaine, sur cette même place où, le 8 mars 2005, ils ont scandé à pleins poumons des slogans à la gloire de la Syrie et de son leader, allant même jusqu’à oublier qu’ils sont libanais tellement l’osmose était parfaite. Ils ont manifesté, pacifiquement, pierres et gourdins à l’appui, refusant de supporter l’insupportable, à savoir leur pays menacé d’indépendance et de liberté. Ils ont manifesté en tant que vrais patriotes, pour éviter que Awkar ne devienne un autre Anjar, oubliant que les hurlements des personnes interrogées dans les caves du Beau Rivage n’ont nullement dérangé leurs leaders, qui se mettaient en rang pour faire la cour aux officiers syriens. Anjar et le Beau Rivage ayant été, à leurs yeux, toujours réputés pour leur confort, c’est sûrement à l’AUB que se trouvent les salles de torture. Ils ont manifesté en tant qu’authentiques démocrates contre l’instauration d’un État oppresseur qui, du fait qu’ils sont devenus orphelins après le départ de l’armée syrienne et de son terrifiant service de renseignements, en a profité pour les réprimer à coups de lances à eau. Mais où étaient-ils lorsque la chape de plomb syrienne s’est abattue sur le Liban, écrasant un peuple et une liberté ; lorsque, sur simple décision, des élections sont annulées, une télévision fermée, des personnes jetées aux oubliettes ? Où étaient-ils lorsque, arbitrairement, des centaines de jeunes ont été arrêtés, torturés, forcés à l’exil ? Et pourquoi ne sont-ils pas descendus dans la rue pour condamner les assassinats, les attentats et les voitures piégées ? Eddy TOHMÉ L’impunité des dirigeants Au superbe article du Dr Diab (L’Orient-Le Jour du samedi 14 janvier 2006), j’ajouterai que la source de tous nos maux est le sentiment d’impunité des dirigeants. Cette impunité résulte de l’absence de mécanisme de recours à leur encontre. Cela pose la question de la mise en pratique des droits (acquis, sur papier du moins). Le législateur (dans toute sa mauvaise foi) a fait en sorte de nier toute possibilité de faire valoir (pratiquement) les droits des Libanais en ne mettant en place aucun mécanisme de recours en cas de violation de ces droits. En effet, qui peut intenter un procès en négligence et incompétences contre les ministres ? Qui peut intenter un recours contre les lois électorales racistes et ségrégationnistes de 1992, 1996, 2000 et de 2005. La solution réside en la capacité, donnée aux citoyens regroupés, d’intenter des procès contre les ministres et les présidents pour certains délits, notamment les délits qui ont trait au racisme, à la ségrégation, à la négligence flagrante et à l’incompétence caractérisée. Ce recours devrait idéalement se faire suite à l’entrée du Liban en partenariat privilégié avec l’Europe sur la base du fait que le Liban est au moins aussi européen qu’il est arabe. Iad Georges BOUSTANY Rien n’a changé Bientôt quarante jours nous séparent de toi, Gebran. Croyant en Dieu, nous sommes certains que ton âme repose au ciel, dans un endroit tranquille et sûr, loin des maux et des souffrances de la terre. Ici, dans ce coin perdu de l’univers, sous un ciel triste, nous pouvons t’affirmer que l’impéritie continue de caractériser le travail de nos enquêteurs. Nos juges, eux, sont unanimes à nous annoncer – comme ils l’ont déjà fait avec ton prédécesseur Gabriel Khabbaz de L’Orient, il y a 81 ans et qui, le premier, eut à subir un attentat dirigé contre la presse libre – qu’un personnage en vue sera probablement compromis dans cette affaire et qu’il s’agira encore d’un beau scandale. Mais au bout de quelques jours, ce sera de nouveau le retour à la case départ. Quant à nos politiciens, tu pourras mieux les observer de là-haut, affichant le même sourire trompeur. Enfin Gebran, que pourras-tu nous dire à ton tour, à nous pécheurs, pour nous réconforter ? Une dernière chose : ta présence nous manque. Et ton fameux serment. Antoine SABBAGHA On m’a volé mon général Depuis le 7 mai 2005, le général Aoun est devenu partisan de la méthode Coué et son souci premier est de devenir président ; ce qui, à mes yeux, n’est pas un reproche. Dimanche, 14 janvier 2006, dans un entretien radiophonique, il a répété que l’on ne pouvait pas démettre le président Lahoud sans créer un vide politique, juridique ou constitutionnel et qu’il fallait changer de gouvernement pour éviter cette situation. Le chef de l’État, s’il demeure en place lors du changement de gouvernement, fera porter la croix et la bannière au Premier ministre choisi par les députés, tandis qu’il est plus facile de le démettre (avec les voix du général) et de choisir dans la foulée (avec les voix du général) un nouveau président qui laissera le gouvernement gouverner. Le président Lahoud et les derniers représentants de la Syrie au Liban partis, qu’il ne faut surtout pas effaroucher, a dit le général, nos hommes politiques seront mis face à leurs responsabilités. Cette interview ne restera pas dans les annales de notre histoire et mon rêve s’éteint, car je n’aurais jamais pensé que mon général se ferait un jour, directement ou indirectement, l’instrument du maintien des reliquats syriens au Liban. Michel KANDALAFT Toulouse Électricité : trop c’est trop ! Pour ceux qui habitent Beyrouth (les chanceux !), ils ne se sentiront pas concernés par cet article, mais pour tous les banlieusards comme moi, les coupures d’électricité, c’est notre pain quotidien. Trop, c’est trop ! Par les plus froides journées et nuits d’hiver, « ils » trouvent moyen de couper l’électricité. Non mais je rêve ! On est en 2006 ou en 1906 ? Et lorsque, grelottant et emmitouflée dans d’épaisses couvertures – pour pallier au manque de chauffage –, je compose le numéro de téléphone de la centrale la plus proche pour demander à quelle heure l’électricité viendra (pour pouvoir enfin réchauffer ma maison, avoir l’eau chaude pour donner le bain aux enfants, faire marcher la lessiveuse, repasser un peu… le strict minimum quoi du confort moderne), je tombe sur un employé à moitié endormi et grelottant lui aussi, me disant qu’il attend comme moi le retour de l’électricité et me conseillant de m’adresser à un responsable de Beyrouth. Pourquoi deux poids deux mesures ? Pourquoi le rationnement dans certaines régions (6h de rationnement/jour) et 24h/24 à la région de Beyrouth ? Parce que c’est le Beyrouth administratif, me dira-t-on. Ah bon ! On ne travaille qu’à Beyrouth ? Et le soir alors, quand les bureaux et sociétés sont fermés ? Pourquoi est-on aussi privé d’électricité en pleine nuit ? Monsieur le ministre de l’Énergie, faites votre devoir à l’égard de vos concitoyens, ne nous racontez plus des histoires à dormir debout sur des bateaux de fuel qui n’arrivent jamais à bon port, parce que, croyez-moi, à force d’attendre et de subir vos coupures de courant, je dors réellement debout… Johanna MERHI SAAB Les alliances du général M. André Jabbour s’est permis de rappeler au député Pierre Gemayel qu’il ne pouvait donner des leçons de patriotisme au général Michel Aoun car il lui doit son siège de député (L’Orient-Le Jour du mardi 17 janvier 2005). M. Jabbour essaie ainsi de faire croire que sans l’intervention du général Aoun, Pierre Gemayel aurait échoué aux législatives du printemps dernier. Je tiens à ce propos à rappeler les faits suivants : – Le général Aoun a remporté les élections au Metn-Nord par des moyens à la limite de l’adage qui veut que « la fin justifie les moyens » alors qu’à la veille de la consultation, les aounistes juraient leurs grands dieux que jamais ils ne s’allieraient à M. Michel Murr, sans oublier les voix récoltées auprès de l’électorat prosyrien du caza et celles des Syriens naturalisés par les soins de celui-ci. – Ceux-là avaient, à plusieurs reprises, tenté sans succès de s’allier aux candidats de Kornet Chehwane. – Le général n’a pas hésité, lui, à s’allier au frère de Gabriel Murr, alors que la chaîne MTV de ce dernier avait été fermée pour une interview de ce même général et pour avoir retransmis des scènes de la répression de la manifestation du 7 août 2000. Nicolas COMATY
Le langage des chiffres

Je tiens à préciser que je suis absolument d’accord avec M. Albert Sara (voir L’Orient-Le Jour du samedi 14 janvier 2005). En effet, même ici, en plein cœur de l’Europe libérale et démocratique, quand il s’agit de compter le nombre des manifestants, il y a toujours le rituel du ballet des chiffres. Je vous expose mon avis sur la procédure...