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Actualités - OPINION

8 + 14 = ?

«Mort à l’Amérique ! », « L’Amérique est le grand Satan ! », « Nous allons leur crever les yeux ! », « Non à la paix ! ».Voilà le convivial message que l’autre Liban a délivré hier aux oreilles du monde. Comme il y a de fortes chances que le monde n’ait prêté qu’une attention quelque peu distraite à ces rengaines si caractéristiques du folklore local et régional, ce sont les Libanais d’en face, et d’abord les habitants de Awkar, qui en ont été les destinataires privilégiés. Telle est donc la culture que l’on oppose à celle qui s’est exprimée un 14 mars. Car il faut bien s’entendre : au Liban, ce ne sont pas deux politiques qui s’affrontent. Encore moins deux communautés religieuses ou plus. Ce sont véritablement deux cultures, rien de moins, l’une symbolisant la vie et l’autre la mort. Manichéisme ? Pas vraiment. Tel Janus, cette terre a depuis toujours arboré deux visages. Peu importe qui représente quoi : les masques passent d’une tête à l’autre, d’un groupe à l’autre, mais ne changent pas. Ainsi est fait ce pays, l’obscurité y côtoyant en permanence la lumière, voire – si cela est possible – s’y confondant. Peut-être même cette ambivalence est-elle ancrée au plus profond de chaque Libanais, legs d’une histoire éternellement crucifiée entre les quatre points cardinaux. Car on ferait erreur de penser que la vie et la mort ont des adresses fixes : par exemple Washington et Damas ou Paris et Téhéran. Le croire reviendrait à épouser les théories pour le moins simplistes de l’école texane sur le bien et le mal. D’ailleurs, il n’y a pas si longtemps, des Libanais persuadés de défendre les couleurs de l’Occident s’en étaient donné à cœur joie dans le registre de la camarde. Le Liban, il faut l’admettre, est, jusqu’à nouvel ordre, la somme du 8 et du 14 mars. Et parce qu’il s’agit d’une impossible addition, il faudra impérativement qu’un jour, pour que ce pays puisse enfin connaître la stabilité, que l’un triomphe définitivement sur l’autre. Non pas qu’un chef ou un parti politique ou encore une communauté élimine l’autre. Simplement qu’une thèse finisse par se débarrasser de son antithèse. Et comme il est naturel de préférer la vie à la mort, c’est au 14 mars qu’il revient d’écraser le 8. Dans une pareille bataille, il est interdit d’être neutre. N’est-ce pas, général Aoun ? Élie FAYAD
«Mort à l’Amérique ! », « L’Amérique est le grand Satan ! », « Nous allons leur crever les yeux ! », « Non à la paix ! ».Voilà le convivial message que l’autre Liban a délivré hier aux oreilles du monde.
Comme il y a de fortes chances que le monde n’ait prêté qu’une attention quelque peu distraite à ces rengaines si caractéristiques du folklore local et régional,...