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Actualités - OPINION

8 mars vs 14 mars, une mystification exemplaire

Le choix de la date du 14 mars est venu de l’idée de commémorer le crime monstrueux commis le 14 février. Les Libanais voulaient que ce 14 mars fût un événement de portée historique, sans précédent. Ils ont voulu montrer que le Liban ne peut être détruit et asservi, quel que soit l’acharnement des prédateurs avides. L’unanimité de tout un peuple, réuni (réconcilié) par le malheur, se fit dans un tel élan de patriotisme que le succès a dépassé toutes les prévisions. Par exemple, on demandait à une jeune femme si cela allait lui être difficile, le 14 mars, de laisser ses enfants en bas âge pour aller manifester, elle répondit avec vivacité : « Mais je ne les quitte pas, je les emmène avec moi ! » Face à cet élan, ceux qui, depuis trente ans, occupent le haut du pavé ont dû adopter un profil bas. Cependant, ces suppôts de l’asservissement, artisans de la mise en coupe réglée du pays, reçurent de leurs maîtres l’ordre de secouer la chape de silence qui leur était tombée sur les épaules. En quoi faisant ? En organisant une prémanifestation pour couper l’herbe sous les pieds des protagonistes de la libération. Devant la marée montante du patriotisme rajeuni, qui risquait de culbuter un régime honni, il fallait agir d’urgence. La date du 8 mars était tout indiquée : fête du Baas chômée dans toute la Syrie, pouvant donc dégager des dizaines de milliers de « manifestants spontanés » à envoyer à Beyrouth par autocars (des centaines) appuyer la masse de leurs concitoyens ouvriers de chantiers, usines, etc. Et ce fut la manifestation monstre du 8 mars, place Riad el-Solh. Les orateurs ne pouvant se déchaîner contre les victimes du 14 février, ils durent cantonner leur éloquence à l’éloge de la Syrie bienfaitrice et à la nécessité de la gratitude envers elle. Les protagonistes ont affiché triomphalement le chiffre de un million et quart de manifestants (y compris, bien entendu, les non-Libanais). Or des ingénieurs chevronnés ont sorti les plans de la ville de Beyrouth et agrandi la place Riad el-Solh. Le plan, publié dans an-Nahar du lendemain, soit le 9 mars, montre que la superficie de cette place est de 80 000 mètres carrés. Si l’on accorde un mètre carré pour trois personnes minces et serrées, on obtient 240 000 personnes entassées sur la place. Cela n’a pas empêché les organisateurs de continuer, imperturbablement, à clamer : « Nous avons plus de un million de manifestants » (y compris les non-Libanais). Cette mystification se perpétue jusqu’aujourd’hui, lorsque le tandem Hezb-Amal continue de prétendre que le cabinet ne doit pas prendre de décision à la majorité, mais décider seulement « en consensualité ». À force de seriner le chiffre mensonger de un million, sans s’attirer de réfutation cinglante, les mystificateurs ont fini par se faire accepter comme une partie discutant sur un pied d’égalité avec l’autre partie. Jamais l’adage de Voltaire, « Mentez sans arrêt, il en restera toujours quelque chose », n’a reçu une aussi éloquente illustration. Il est temps que la vérité sorte de son puits et laisse enfin les responsables gouverner le pays. Albert SARA
Le choix de la date du 14 mars est venu de l’idée de commémorer le crime monstrueux commis le 14 février. Les Libanais voulaient que ce 14 mars fût un événement de portée historique, sans précédent. Ils ont voulu montrer que le Liban ne peut être détruit et asservi, quel que soit l’acharnement des prédateurs avides.
L’unanimité de tout un peuple, réuni...