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Le geste inamical de Moscou

On ne pouvait raisonnablement s’attendre à ce que le vent du changement nous vienne d’Algérie. Les mœurs politiques d’un autre âge qui continuent – hélas – à dominer le monde arabe et la nature foncièrement hypocrite des rapports entre les États qui le forment rendent illusoire, en effet, tout espoir de percée libératrice de ce côté. La Chine, elle, est trop lointaine, trop étrangère, trop somnolente encore, malgré une fulgurante croissance économique. Trop coupable aussi, pourrait-on dire, à consulter son registre en matière des droits de l’homme et d’oppression des minorités. Il restait la Russie, que l’on croyait redevenir sainte lorsqu’elle a remisé son siècle rouge. Il n’en est rien. Mânes de Catherine, d’Alexandre et de Nicolas, ce sont en quelque sorte vos ouailles que l’on assassine au Liban. Jusqu’à quand allez-vous tolérer que vos héritiers continuent à protéger l’assassin ? Que l’on pardonne ce cri sectaire. Mais le vent mauvais en provenance de Moscou autorise toutes les colères. Voici une puissance, une grande nation, que l’on tient pour amie, depuis des lustres. Que l’on voudrait à nos côtés, d’autant qu’elle s’était spectaculairement libérée, elle, de ses propres chaînes. C’est cette même puissance qui, aujourd’hui, avec un incommensurable cynisme, entrave nos efforts pour nous dégager des nôtres. Depuis la prorogation du mandat Lahoud, et davantage encore après le meurtre de Rafic Hariri, le rôle que s’est donné Moscou au Conseil de sécurité est de freiner des quatre fers toute velléité de forcer le repaire du tortionnaire. En un mot, la Russie se comporte comme si elle était toujours l’alliée et la protectrice du régime militaro-baassiste. Sans doute, le Liban en soi ne doit pas peser lourd dans la balance de Moscou. La Syrie non plus, d’ailleurs. C’est peut-être en pensant aux casseroles qu’il traîne lui-même – la Tchétchénie n’est pas la moindre – que M. Poutine se rétracte de la sorte, par crainte des retombées que pourraient avoir dans le futur des précédents historiques à l’ONU. Les édulcorations répétées des projets de résolution parrainés par les Occidentaux, destinées à les rendre plus acceptables aux yeux de certains membres du Conseil de sécurité, comme la Russie, la Chine ou l’Algérie, pourraient en fin de compte n’être que verbales. Elles n’en demeurent pas moins douloureuses pour un pays otage comme le Liban. Moscou devra s’expliquer sur son attitude inamicale. Élie FAYAD
On ne pouvait raisonnablement s’attendre à ce que le vent du changement nous vienne d’Algérie. Les mœurs politiques d’un autre âge qui continuent – hélas – à dominer le monde arabe et la nature foncièrement hypocrite des rapports entre les États qui le forment rendent illusoire, en effet, tout espoir de percée libératrice de ce côté.
La Chine, elle, est trop lointaine, trop...