EXPOSITIONS Le monde singulier de Charles Khoury au CCF

Fidèle à son inspiration métissée, Charles Khoury, sociétaire au Salon d’automne du musée Sursock depuis 1995, continue d’élaborer, sur de grands panneaux en jute peints à l’acrylique, un monde étrange peuplé de créatures singulières. Des êtres hybrides, entre humains, humanoïdes et animaux, mais aussi des figures totémiques et des personnages angéliques ou démoniaques évoluent dans ses peintures à dominante de couleurs terre, ocre et bleue. Une assemblée grouillante de personnages qui se croisent, se côtoient, s’enchevêtrent, se superposent même dans un savant désordre qui, paradoxalement, donne ainsi tout son équilibre à la composition. Déchiffrer les symbolismes sous-jacents, suivre le langage des signes éparpillés çà et là dans les différentes toiles, ou encore interpréter les scènes narrées par Khoury, tout cela relève de la lecture personnelle et de la projection de l’imaginaire propre à chaque spectateur. Les uns y verront des références à la guerre libanaise, là où les autres imagineront des scènes tirées des guerres puniques… Certains trouveront l’inspiration africaine évidente, tandis que d’autres parleront d’univers oniriques, jaillis d’on ne sait quel inconscient ou songe nocturne… Changement de registre dans la pièce adjacente, où une galerie de portraits – sans traits – aux tonalités vives-acidulées jette sur les cimaises une note pop art. Ici, l’artiste semble s’être amusé à esquisser, en deux ou trois larges coups de pinceau, de vivifiantes acryliques sur papier qui jouent surtout les harmonies de couleurs. Sans prétention. Un bel accrochage qui se tiendra jusqu’à fin novembre au CCF, tous les jours sauf le week-end, à partir de 13h. Z.Z.