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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - À l’église Saint-Joseph (USJ) Amour de la liberté et virtuosité du violon

Sa musique remplit à elle seule l’espace…Une musique qui traverse, imperturbable, les siècles et dont on n’a pas fini de savourer et de découvrir la portée, les sortilèges et les séductions. La musique de Beethoven et rien qu’elle pour ce concert des plus réussis à l’église Saint-Joseph (USJ). Une église, comme d’habitude, illuminée et pleine à craquer, et où officie l’Orchestre symphonique national libanais, placé cette fois sous la houlette de Wojcieh Czepiel. Au menu, donc, rien que du Beethoven. Deux partitions que l’auditoire reconnaît d’emblée pour leur indiscutable beauté sonore, bien entendu, mais aussi pour leur célébrité. L’ouverture d’Egmont, puissante narration contre la tyrannie (Beethoven l’héroïque est là parfaitement dans son élément) et l’admirable et unique Concerto en ré pour violon et orchestre, où les cordes de la boîte magique transportent le public au plus lointain de la bravoure « violonistique ». À l’archet, d’une éloquence inouie, un maître de l’instrument, détenteur de plus d’un prix et régulier invité aux concerts de la BBC de Londres. Pour séduire et charmer les mélomanes libanais, voilà donc le Polonais Krysztof Smietana aux commandes d’un violon d’une verve intarissable. Une performance au-dessus de tout éloge et brillante à couper le souffle. Premières mesures graves et majestueuses de l’Ouverture d’Egmont qui, de la poésie de Goethe, passe aux ruissellements des notes du maître de Bonn. Œuvre lyrique, restée à l’état d’ébauche, cette puissante narration exalte la lutte du comte Egmont contre l’envahisseur espagnol et la mise à mort d’Egmont par le duc d’Albe en 1568. Le sujet, qui oppose au despotisme et à la cruauté l’amour de la liberté, la générosité et le courage, a inspiré à Beethoven des pages vibrantes de vie et de sentiments héroïques. Triomphe Con brio d’un opus demeuré célèbre et célébré (déjà entendu plus d’une fois dans l’enceinte de cette même église) où de l’atmosphère pesante du début à l’expression de grandeur et d’allégresse de la fin, on passe par la douleur de Clara amoureuse d’Egmont et de la grogne populaire se répandant en échos chargés de plainte et de colère. Riche palette de sentiments humains où la musique, même pour un relatif court laps de temps (car la narration est peu longue), revêt ses plus beaux et chatoyants atours orchestraux. Un violoniste virtuose Bravoure par excellence avec le Concerto en ré pour violon et orchestre, l’unique concerto écrit pour le violon, en 1806, par le compositeur de l’Empereur. Une grâce toute « mozartienne » pour cette œuvre opposant à l’allegro ma non troppo, en toute subtilité, deux thèmes, l’un mélodique, l’autre rythmique, joués aux clarinettes et aux bassons, soutenus par un trille chantant du violoniste. Trois mouvements (allegro, larghetto et rondo) pour traduire tous les épanchements et les orageux retournements d’un musicien qui a donné au romantisme tout l’éclat de ses lettres de noblesse. Le violon, d’une volubilité incroyable, a des moments de solo saisissants. Non seulement il dialogue avec l’orchestre ou lui donne avec autorité la réplique, mais se réserve des apartés d’une grande qualité émotionnelle. Chromatismes périlleux, profonds trémolos, cadences folles, rêveries soyeuses, plaintes jaillies du cœur du désespoir de l’homme, légèreté d’un rire, toutes les ressources de cet instrument de l’errance sont utilisées avec une dextérité et un brio inégalés. Lyrisme avec le Larghetto et motif bien scandé avec le Rondo final qui met en valeur la pulsation des basses. On salue bien bas le talent de Krusztof Smietana qui, tout de noir vêtu, avec une simple chemise à col Mao, a généreusement dispensé une magie particulière sous le chapiteau de l’église. Il a su faire chanter son violon aux plus lointains des cordes pincées. Du gazouillis d’un rossignol aux torrents de larmes, dans une célérité étonnante, le violoniste virtuose, dans un jeu parfaitement maîtrisé, avait une indéniable force de conviction et de séduction. Silence religieux pour écouter cette exceptionnelle qualité de la netteté du son d’un violon d’une insolente beauté sonore dans ses confidences les plus intimes, les plus troublantes. Longue ovation debout, mais pas de bis. Révérence des musiciens au public, mais les myriades de notes de Beethoven frôlent toujours les vitraux éclairés… Edgar DAVIDIAN
Sa musique remplit à elle seule l’espace…Une musique qui traverse, imperturbable, les siècles et dont on n’a pas fini de savourer et de découvrir la portée, les sortilèges et les séductions. La musique de Beethoven et rien qu’elle pour ce concert des plus réussis à l’église Saint-Joseph (USJ). Une église, comme d’habitude, illuminée et pleine à craquer, et où...