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Actualités - CHRONOLOGIE

Carnet de bord du Festival al-Bustan 2005 «2005… Trente-cinq jours», des images inoubliables

Neuf mois plus tard, qui ne se souvient pas, en détail, des jours qui ont suivi la date fatidique du 14 février 2005, jour de l’attentat contre Rafic Hariri ? Le Festival al-Bustan a voulu, à sa façon, témoigner de ces trente-cinq jours «d’angoisse, de musique et d’espoir.» Images historiques d’une révolution et d’un festival qui resteront indélébiles. «Nous avons voulu faire ce livre pour que personne n’oublie ces moments d’émotion extrême, confie Myrna Bustani, cœur du festival et sa présidente, qui a elle-même eu l’idée de cet ouvrage. Pour qu’avec nous les organisateurs, tous les gens qui aiment la musique et qui sont venus au festival puissent se rappeler.» Trente-cinq jours de combat, de manifestations, de deuils, de soulèvement collectif et individuel y sont répertoriés à travers des images fortes. Un journal de bord où la page de gauche est consacrée à une photo décrivant l’événement du jour de ce printemps de Beyrouth, et celle de droite à une photo de la soirée du festival. Le tout ponctué de légendes en anglais et en français. «C’était tellement évident de faire cet ouvrage, poursuit Myrna Bustani. Les photos existaient, an-Nahar nous a ouvert sa bibliothèque d’images superbement servie par ses photographes, et nous avions nos propres photos du festival.» En feuilletant cet album d’émotions, il est aisé de trouver une correspondance entre les deux images, visuelle soit-elle ou symbolique. «Nous n’avons pas triché…» Cinq semaines intenses «De tous les points de vue, l’émotion était immense.» D’abord, une programmation complexe, des artistes venant de 12 pays d’Europe du Nord, une musique contemporaine d’avant-garde, quelques musiciens encore inconnus du public libanais et, cerise sur le gâteau, un opéra écrit par Amin Maalouf, «avec une musique nouvelle, voire étrange, un répertoire que les musiciens ne connaissaient pas encore, un matériel lourd à prévoir… Le tout d’un compliqué parfait!» Ajoutant à ceci la catastrophe nationale que va connaître le pays, à la veille du lancement du festival. La première décision fut d’annuler le concert d’ouverture prévu pour le lendemain, tout en maintenant le reste du programme. «Le président Hariri aurait demandé de continuer, affirme Myrna Bustani dans sa préface, et puis, nous ne voulions pas céder à la violence.» Suivront de longues journées où il a fallu s’adapter à la situation, au quotidien, «le jour de l’attentat, la vente des billets s’est arrêtée. Un sponsor nous a lâchés…» Faire avec les défections des uns, protéger les artistes étrangers et ne pas succomber à la tentation de descendre à la place des Martyrs, vu la quantité de travail à assumer. «Ma mémoire a fixé tout», avoue Myrna Bustani. Le stress, la tristesse et le public solidaire, qui venait assister aux représentations brandissant son foulard rouge et blanc, les larmes aux yeux. «Finalement, poursuit-elle dans sa préface, lundi 14 mars, nous prîmes la décision de quitter notre bureau et de rejoindre les manifestants, dans les rues.» Le chef d’orchestre finlandais Tuomas Rousi, qui dirigeait ce soir-là l’Orchestre symphonique national libanais, se joint à la foule, brandissant d’une même voix les fameux «Vérité, liberté, souveraineté, indépendance!» Le dimanche 20 mars, à la clôture du Festival al-Bustan, force est de constater «le désastre financier, mais le triomphe musical.» Ce livre est un bel hommage aux organisateurs de cet événement, aux musiciens et à la musique. Il confirme que ce festival 2005 restera, à sa façon, indissociable des événements du printemps de Beyrouth. Carla HENOUD * 2005… Trente-cinq jours, paru aux éditions Dar an-Nahar.
Neuf mois plus tard, qui ne se souvient pas, en détail, des jours qui ont suivi la date fatidique du 14 février 2005, jour de l’attentat contre Rafic Hariri ? Le Festival al-Bustan a voulu, à sa façon, témoigner de ces trente-cinq jours «d’angoisse, de musique et d’espoir.» Images historiques d’une révolution et d’un festival qui resteront indélébiles.
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