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MUSÉE Jacques-Louis David, de la réalité à l’universel

Acteur autant qu’illustrateur de la grande histoire, de la tourmente révolutionnaire à l’Empire, Jacques-Louis David (1748-1825) a d’abord voulu, tout au long de sa carrière de peintre, utiliser la réalité pour la mettre en scène et atteindre l’universel. C’est ce parti pris qu’entend démontrer l’exposition « Jacques-Louis David, grandeur et intimité d’une œuvre » (jusqu’au 31 janvier 2006), au musée Jacquemart-André à Paris. Cette manifestation, la première depuis 26 ans en France, présente 40 tableaux et 20 dessins, dont certains rarement ou jamais exposés, venus de musées européens et américains ou de collections particulières. Le choix des œuvres – peintures d’histoire et portraits – ne veut pas nier l’engagement politique du peintre. David, député de la Convention, a voté la mort de Louis XVI, ce qui lui vaudra l’exil sous la Restauration. Mais pour Nicolas Sainte Fare Garnot, conservateur du musée et commissaire de l’exposition, « David est d’abord un peintre qui a toujours voulu partir du contingent pour aller à l’universel ». Les œuvres choisies, reflets de toute une carrière, sont présentées en quatre étapes chronologiques, des débuts encore marquées par l’influence « rococo» de Boucher ou Fragonard, aux œuvres de la maturité dont La colère d’Achille, issue d’une collection particulière et exposée pour la première fois. « C’est comme si David peignait à travers une petite lucarne qui donne sur une scène de théâtre », dit le commissaire. Il va « travailler sur le choix du moment, des acteurs. Avec lui, on revient au théâtre classique dont il retrouve l’unité de temps, de lieu et d’action », poursuit-il. « La mort de Marat », clou de l’exposition Ce cheminement se devine dans les dessins préparatoires des célèbres Sabins, où l’on voit l’artiste « partir du réalisme pour aller vers l’idéalisme », dit le commissaire. L’un d’eux montre une composition en oblique avec de robustes Romains et Sabins en armures. La version finale du Louvre, à la composition frontale épurée, met en avant un Tatius et un Romulus nus – le nu idéal du héros grec – séparés par leur épouse et sœur qui veut empêcher l’affrontement, transformant le tableau « en méditation sur l’humanité, dans le contexte particulier de la fin de la Terreur », selon M. Sainte Fare Garnot. Pour l’anecdote, cette nudité a choqué les contemporains qui ne l’ont pas comprise, obligeant David à rajouter une épée stratégiquement placée devant la virilité du chef sabin. La célèbre toile La mort de Marat, un des clous de l’exposition qui quitte rarement les Musées royaux de Belgique, s’empare de faits historiques – la lettre de Charlotte Corday, le bain pour soigner un eczéma tenace, un couteau ensanglanté – pour transformer le héros révolutionnaire en icône. Moins célèbres, un dessin et une gravure évoquent un tableau disparu, représentant la dépouille de Michel Le Peletier de Saint-Fargeau, assassiné par un garde du roi pour avoir voté la mort de Louis XVI. Initialement, cette œuvre était accrochée à côté du Marat au-dessus de la tribune de la Convention. Ironie de l’histoire, l’exposition présente un beau portrait de la propre fille du martyr républicain, jamais exposé depuis 1948 et acheté en 1997 par le J. Paul Getty Museum. C’est elle qui, farouche monarchiste, avait racheté le tableau de David et toutes les estampes représentant son père pour les détruire.
Acteur autant qu’illustrateur de la grande histoire, de la tourmente révolutionnaire à l’Empire, Jacques-Louis David (1748-1825) a d’abord voulu, tout au long de sa carrière de peintre, utiliser la réalité pour la mettre en scène et atteindre l’universel.
C’est ce parti pris qu’entend démontrer l’exposition « Jacques-Louis David, grandeur et intimité d’une...