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SOCIÉTÉ - Les toilettes sont le dernier tabou qu’il faut briser À Belfast, le sommet mondial des lieux d’aisance

Une réunion au sommet a rassemblé la semaine dernière en Irlande du Nord les spécialistes mondiaux des sanitaires et de la santé, venus chasser les nouveautés mais aussi les inhibitions à l’encontre des lieux d’aisance. «Nous sommes conditionnés pour ne pas en parler », note Jack Sim, le président fondateur de l’Organisation mondiale des toilettes (OMT). « Nous avons eu la libération de la femme, la révolution sexuelle et le front des travailleurs : les toilettes sont le dernier tabou qu’il nous faut briser », assure cet ancien homme d’affaires de Singapour. « Définir des standards et satisfaire les besoins globaux » : tel est le thème ambitieux qui réunit à Belfast l’aéropage des professionnels du monde sanitaire public et privé. L’exposition « toilettes publiques », au Waterfront Hall, le grand auditorium de la ville, est clairement axée sur la haute technologie, avec la présentation du dernier modèle acheté par la municipalité de Belfast : autonettoyant en moins de 2 minutes, autogérable et antivandale, d’un coût de 35 000 euros. De plus, le fabricant Urilift a conçu l’appareil pour la prude Irlande : un système de pesage empêche la fermeture de la porte à partir de 130 kg, pour éviter que deux personnes puissent occuper l’habitacle simultanément. Et gare aux distraits : une horloge électronique rouvre la porte après 15 minutes. Particulièrement attentifs aux nouveautés, 25 délégués sont venus de Chine, pays organisateur des Jeux olympiques de 2008, qui s’apprête à investir plus de 25 millions de livres (35 M EUR) dans la construction de 3 500 sanitaires publics. Les plus grandes toilettes « vertes » du monde sont celles de Sulabh, à New Delhi (Inde) : 148 salles de bains et 108 cabinets. À Belfast, une maquette en démontre le fonctionnement : les déchets humains sont recyclés grâce à une centrale au « gaz bio ». « Notre organisation est née et a grandi à l’Est mais l’Ouest s’éveille à la question des toilettes, les gens commencent à en parler ouvertement », dit Jack Sim. « Je connais des toilettes en Corée où l’on vous sert du thé », plaisante-t-il. Impossible à éviter, une jeune femme accoutrée en WC, coiffée d’un abattant amovible, circule entre les stands. « 42 % de la population mondiale, soit 2,6 milliards d’individus n’ont pas accès à des sanitaires, ce qui est pourtant une nécessité de base, ne serait-ce que pour le respect de la dignité humaine », s’indigne Thérèse Mahon, de l’organisation humanitaire Water Aid. « Un enfant meurt dans le monde toutes les 15 secondes de diarrhées causées par de mauvaises conditions sanitaires. Une action immédiate est nécessaire de la part de tous les gouvernements du monde », affirme Mme Mahon. « Nous avons tous tendance à prendre pour acquis les toilettes publiques, mais cette conférence est un forum utile pour les décideurs du monde sanitaire », précise Richard Chisnell, président de l’association britannique et irlandaise des toilettes. Pour sa part, la « mairesse » de Singapour, Amy Khor, venue participer aux trois jours de débats, est convaincue du besoin pressant de coordonner une politique mondiale des sanitaires publics. « Les toilettes publiques sont le miroir de notre société », s’avance Amy Khor. « On m’a dit que lorsque les investisseurs japonais se préparent à s’engager financièrement dans une compagnie, ils commencent par en visiter les toilettes dont les conditions témoignent de l’efficacité de sa gestion .»
Une réunion au sommet a rassemblé la semaine dernière en Irlande du Nord les spécialistes mondiaux des sanitaires et de la santé, venus chasser les nouveautés mais aussi les inhibitions à l’encontre des lieux d’aisance.
«Nous sommes conditionnés pour ne pas en parler », note Jack Sim, le président fondateur de l’Organisation mondiale des toilettes (OMT). « Nous avons...