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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION Les « Belles heures » du duc de Berry à Nimègue : une épopée

Dix-sept pages des Belles heures du duc Jean de Berry et trois autres œuvres des plus célèbres enlumineurs et miniaturistes du Moyen Âge, les Frères de Limbourg, sont exposées à Nimègue (est des Pays-Bas), superbe aboutissement d’une véritable épopée. « C’est unique ! Et cela ne se répétera plus », résume Rob Dückers, conservateur au musée Het Valkhof de Nimègue. Pour la première fois depuis près de 600 ans sont réunies quatre des six œuvres des Frères de Limbourg (nés entre 1375 et 1385, décédés probablement de la peste en France en 1416) parvenues jusqu’à nous. C’est l’aboutissement d’un pari un peu fou relevé par des enthousiastes il y a deux ans et demi, sous l’œil bienveillant du hasard. Au départ, la Fondation Frères de Limbourg a voulu remettre en évidence les origines nimèguoises des maîtres. Le projet de rassembler leurs manuscrits dans leur ville natale a été confié à des jeunes conservateurs du musée, fraîchement diplômés. « Nous avons réfléchi au moyen de convaincre les grandes institutions de nous prêter les œuvres. Notre atout, les archives de la ville, qui fournissent une foule d’informations sur les trois frères, leur famille, leurs passages à Nimègue. Réunir ces sources et les œuvres qu’elles documentent était un argument de poids », explique M. Dückers. Le hasard a fait pencher la balance en faveur des deux jeunes conservateurs. « Le Metropolitan Museum of Art de New York a provisoirement détaché les pages des Belles heures en attendant une nouvelle reliure. Cela nous permet aujourd’hui d’en contempler dix-sept, ce qui n’aurait jamais été possible si le livre était relié, en admettant que le Met ait voulu le prêter », explique M. Dückers. Une fois restaurée, l’œuvre ne quittera plus New York. Pour réduire les risques, les pages du manuscrit ont été acheminées en deux lots vers les Pays-Bas, à bord de deux avions. « Le mieux, c’est d’aller directement frapper à la porte des responsables, avec un projet sérieux », résume Rob Dückers. C’est ainsi qu’ils ont convaincu également la Bibliothèque nationale de France (BnF) de leur prêter La Bible moralisée et Les Petites heures, et la Biblioteca Apostolica Vaticana de leur confier le Valerius Maximus. Si les dimensions de leurs œuvres sont minuscules, leur rayonnement est immense: elles déterminent jusqu’à aujourd’hui l’image que nous avons de la vie quotidienne religieuse, à la cour, aux champs, au Moyen Âge et reste présente dans l’iconographie chrétienne contemporaine. Autour de l’écrin réservé aux quatre œuvres exposées à Nimègue, les conservateurs ont voulu illustrer de reliquaires, statues, retables... le terroir culturel qui a imprégné les trois artistes, montrer comment leur œuvre a atteint son apogée en France, à la cour de Jean de Berry et de quelle manière elle rayonne encore aujourd’hui. La grande absente de l’exposition est Les Très riches heures, prisonnières du testament du Grand Condé, qui les retient à Chantilly (nord de Paris). Mais cela n’entame pas l’enthousiame du conservateur. « Ma carrière est terminée. Que puis-je faire de mieux après ceci ? » s’exclame Rob Dückers... 33 ans.
Dix-sept pages des Belles heures du duc Jean de Berry et trois autres œuvres des plus célèbres enlumineurs et miniaturistes du Moyen Âge, les Frères de Limbourg, sont exposées à Nimègue (est des Pays-Bas), superbe aboutissement d’une véritable épopée.
« C’est unique ! Et cela ne se répétera plus », résume Rob Dückers, conservateur au musée Het Valkhof de...